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Le village de Quyêt Thành, à Hà Nam (Nord). |
Photo : CPV/VNA/CVN |
Depuis Phu Ly, qui est le chef-lieu de la province de Hà Nam, il suffit de mettre le cap au Nord-Ouest, de parcourir 6 km, de traverser le pont Quê et… Ça y est, nous y sommes !
Quyêt Thanh, donc. Spécialité : la céramique, et plus particulièrement, l’émail rouge, mais nous y reviendrons. Pour l’instant, le village renaît de ses presque cendres. Eh oui ! Il s’en est fallu de peu pour la céramique artisanale n’y soit plus qu’un souvenir. Mais ça, c’était dans les années 2000. Et c’était surtout sans compter sur le Comité populaire provincial qui dès 2004, allait reprendre les choses en main et faire de Quyêt Thanh un village dit "de métier" avec tout ce qui s’en suit… C’est déjà beaucoup, mais si l’on en juge par les propos de Nguyên Duc Phu, le chef de la coopérative locale, ce n’est pas encore le retour à l’âge d’or.
"Si vous aviez pu voir le village, dans les années 1960 ! Il y avait des dizaines d’ateliers qui fonctionnaient à plein régime. Le transport se faisait par voie fluviale, et du coup, l’embarcadère était toujours très animé… Et puis à l’époque, il n’était bien évidemment pas question d’utiliser de produits chimiques. Tout se faisait à la main. On ne pouvait compter que sur le savoir-faire hérité des aînés…", se souvient-il.
Évidemment… En attendant, qu’ils s’agissent d’objets de culte ou de simples ustensiles, les céramiques d’aujourd’hui restent de très bonne qualité. Elles s’exportent d’ailleurs très bien : en République de Corée, au Japon… Même les Américains en sont friands. Il faut croire que les artisans n’ont pas perdu la main, ce qui est assurément le cas de Lai Van Tiên, l’un d’entre eux.
"Ici, on est dans une zone semi-montagneuse, c’est-à-dire dans un endroit où on trouve de l’argile jaune, explique-t-il. Et c’est justement cette argile-là qui fait toute l’originalité de la céramique locale. Cette argile jaune plus l’émail rouge, bien sûr..."
La confection d’une pièce suppose différentes étapes allant de la préparation de l’argile (l’argile est trempée dans l’eau avant d’être malaxée) à la cuisson finale, en passant par le modelage à l’aide du plateau tournant, le séchage, le sculptage, l’émaillage... À elle seule, la cuisson nécessite une bonne quinzaine de jours : ce n’est qu’à ce prix que le produit final est aussi dur que le fer. Mais à en croire Lai Van Kiêm, les céramistes de Quyêt Thành ont leur propre mode de cuisson.
"Les fours qu’on utilise ici sont différents de ceux qui sont utilisés ailleurs. Ils se composent d’un réseau de chambres de calcination reliées entre elles. Ça permet d’économiser de l’énergie et de maintenir la température constante", dit-il.
En 2010, le Service des sciences et des technologies de Hà Nam a décerné le label "Produit provincial représentatif" à la céramique de Quyêt Thành. Une première consécration, donc, qui en appelle d’autres.
VOV/VNA/CVN