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Le Vietnam attire de plus en plus de mannequins étrangers. |
Les mannequins étrangers sont de plus en plus nombreux dans les grands événements nationaux comme la Semaine de la mode internationale au Vietnam, Elle Show, Beauté Show ou le Salon de l’automobile qui vient d’avoir lieu à Hô Chi Minh-Ville.
Il y a sept ans, Tommy Trân, modèle, acteur Américain d’origine vietnamienne, est rentré au Vietnam pour tenter sa chance. Sentant un réel besoin dans son pays d’origine, il a ouvert une agence de mode spécialisée dans les mannequins étrangers.
La fameuse société Elite, qui travaille depuis de nombreuses années au Vietnam, a rapidement engagé des mannequins étrangers.
Vivre au jour le jour
Depuis peu, Tây Modèle, une nouvelle agence, se distingue en offrant aux mannequins vietnamiens de multiples occasions de se produire à l’étranger, en plus des activités habituelles avec les mannequins étrangers. Alex Tuong - Lân Pham, directeur de l’agence, informe de ce «réel besoin» de marques multinationales des entreprises vietnamiennes dans l’utilisation de mannequins étrangers pour leurs campagnes publicitaires.
Phong Trân, manager d’Elite Model Look, pense quant à lui que «les marques vietnamiennes visent à élever leur image à travers l’élément étranger apporté par ces mannequins».
D’après Alex Tuong, «le marché vietnamien de la mode tend à s’ouvrir et attire de plus en plus de mannequins venant de l’Europe de l’Est comme la Russie, l’Ukraine, la République tchèque, la Pologne, ou parfois de Suède, de République de Corée ou de Brésil».
«Au début, précise-t-il, nous avons démarré avec quatre ou cinq mannequins pour tester le marché. Grâce à notre patience et à la bonne orientation, nous avons réussi à nous maintenir avec dix à quinze mannequins pour répondre au besoin du marché».
Plus réservé, Phong Trân constate le départ de mannequins étrangers trois à six mois seulement après leur arrivée au Vietnam. Alice Marshall, une jeune Suédoise blonde de 23 ans, partage son parcours : «Je suis arrivée au Vietnam pour faire du tourisme. Un jour, j’ai reçu des propositions pour être mannequin
de photos, puis d’autres pour participer à des défilés de mode».
C’est sa troisième année au Vietnam. En absence de propositions régulières, son travail principal reste le management d’un restaurant occidental dans le 1er arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. «Chaque défilé me rapporte environ 100 euros. Les salons automobiles sont plus rémunérateurs, mais il n’y en a qu’un ou deux chaque année. J’ai de la chance d’avoir aussi des revenus des séances de photo sans qu’ils soient suffisamment élevés pour me garantir un certain confort».
Habitué aux défilés de mode, Michael, un jeune métis franco-vietnamien, confie aussi sa difficulté de vivre de ce métier au Vietnam. Il est obligé d’être acteur et de donner des cours de gymnastique. Toutes ces activités lui garantissent un revenu moyen de 1.200 dollars par mois, juste de quoi payer son logement et couvrir ses dépenses de base.
Sita Daroale, une jeune Ukrainienne de 19 ans, vient d’arriver au Vietnam pour une durée de six mois, le temps pour elle de sonder le marché du mannequinat et de cerner les possibilités.
Grâce à sa «belle gueule», S., un autre métis franco-vietnamien, est souvent invité à participer à des vidéo clips de chanteuses vietnamiennes. Présent au Vietnam depuis quatre ans, il a eu très peu d’occasions de participer aux défilés de mode dont le nombre est de plus en plus réduit.
Avec ses connaissances, S. décroche des séances de photo de pub, en plus de ses participations aux vidéo clips. Pour compenser ses faibles revenus, il a d’autres activités en parallèle. «J’aime ma vie ici. Je suis connu, et j’ai un manager. J’ai mis beaucoup de temps à m’habituer au marché vietnamien».
Se faire un nom au Vietnam
Polina, une Ukrainienne, est la figure préférée des marques de mode en raison de sa beauté et de sa grâce. Amoureuse des défilés de mode, elle a pourtant peu d’occasions d’y participer au Vietnam. Elle s’estime «chanceuse» d’avoir un mari qui la soutient financièrement, sans quoi elle n’aurait pu vivre de ce métier. Amanda, une jeune Russe de 21 ans, a embrassé ce métier un peu par hasard. De faibles revenus certes, mais des séances photo régulières pour des magazines de mode et des marques prestigieuses, ce qui lui serait difficile en Europe. «Je m’accroche. Ici, il n’y a pas autant de concurrence qu’à New York, Paris, Londres ou dans mon pays. Les revenus sont plus bas, mais le niveau de vie aussi. En faisant attention, on s’en sort», partage-t-elle.
Trois ans après ses débuts au Vietnam, après quelques participations à des shows souvent mal payés, Yeannie Maya Aitkins, une jeune Sierra-léonaise de 23 ans, a réussi à se faire un nom, et à participer à d’importants programmes de mode au Vietnam comme la Vietnam International Week, les Semaines de la mode d’automne-hiver, de printemps-été, ou encore le Festival de l’«áo dài» (la tunique traditionnelle vietnamienne).
Elle, qui rêvait de devenir Top modèle depuis son enfance, remercie le Vietnam de lui avoir donné l’opportunité de réaliser ses rêves, malgré les obstacles.
Lê Anh, un photographe vietnamien qui travaille souvent avec des mannequins étrangers, informe : «Il y a peu d’écarts de rémunération entre les mannequins étrangers et vietnamiens, mais les premiers sont plus professionnels et plus disciplinés. Ils sont aussi conscients de l’importance de préserver leur outil de travail, c’est-à-dire leur corps. Et certains ont même des diplômes universitaires».
Cependant, un manager révèle que la barrière de la langue est source de grandes difficultés, non seulement pour les agences mais aussi pour les mannequins eux-mêmes. Un mannequin qui ne maîtrise pas l’anglais rencontrera beaucoup de problèmes dans la compréhension des attentes du client.