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Le chaman présente les offrandes aux divinités. Photo : BDT/CVN |
Les Ma peuvent organiser cette cérémonie chez eux, au niveau de leur lignée familiale ou de tout un village. Si c’est au niveau du village, c’est parce que durant l’année écoulée, celui-ci a connu une catastrophe naturelle ou que quelqu’un s’est perdu dans la forêt. Lors de la cérémonie, il y a toujours un sacrifice d’animal et des jeux de gongs, nous indique Nguyên Huy Cao, du Centre de culture, de communication et de sports de Cat Tiên.
"Le faste de la cérémonie dépend des moyens dont dispose l’organisateur. Une communauté ou une famille riche peut sacrifier un buffle. Mais en général, une famille de deux ou trois générations sacrifie un porc ou une chèvre. L’essentiel est de sacrifier un animal de quatre pattes, ou au moins, un coq", dit-il.
Que recherchent les Ma à travers cette cérémonie ? Écoutons l’un d’eux, Diêu Cac Khu.
"Nous prions pour que les divinités protègent notre village des maladies et des accidents dans la jungle. Nous remercions les génies de la montagne et de la forêt de bénir tout le village et pas seulement chacun d’entre nous", explique-t-il.
En plus d’être une pratique spirituelle, cette cérémonie exprime aussi l’identité culturelle des Ma. Sa préparation dure au moins un mois, fait savoir KBan, le patriarche de Ngo, un village de Cat Tiên.
"Tous les villageois et toutes les villageoises participent à la préparation de la cérémonie. Les femmes préparent un repas avec du riz gluant cuit à la vapeur et de la viande. Si la famille n’a pas les moyens de faire un repas suffisamment copieux, les voisins lui apporteront ce dont elle a besoin, du poulet ou du cochon par exemple", indique-t-il.
L’un des éléments essentiels de la cérémonie est la perche rituelle. Les Ma croient en effet que les divinités s’y abritent. En fait, ils érigent deux perches, l’une, plus petite, dans la salle centrale de la maison et l’autre, plus grande, dans la cour. Mais pourquoi deux perches ? La réponse de Nguyên Huy Cao :
"Pour les peuples des hauts plateaux en général, la perche est le pont reliant les divinités au commun des mortels. Les divinités descendent sur la cime de la perche située dans la maison pour déguster de l’alcool et recevoir les offrandes. Quant à la perche située dans la cour, elle sert à accrocher le buffle qui sera sacrifié", explique Nguyên Huy Cao.
La perche est érigée toute droite, son pied étant bien fixé pour ne pas se déplacer ou décliner. De ce pied sont tendus huit fils vers huit directions représentant autant d’orientations du ciel, ajoute Huy Cao.
"La perche est l’objet le plus sacré des Ma. Elle a plusieurs entrenoeuds, le plus bas représentant le pilier de la maison. Juste au-dessus se trouve l’image d’un grain de riz et au-dessus encore, un pilon et un mortier : autant d’images typiques de la riziculture, qui est la forme d’agriculture que pratiquent les Ma en particulier et les gens des hauts plateaux en général", précise-t-il.
Le maître de cérémonie se trouve à l’entrée pour accueillir les villageois et les invités. Il est secondé par des jeunes gens et des jeunes femmes qui jouent du gong en dansant.
Par cette cérémonie de remerciement au génie de la forêt, les Ma confirment leur attachement les uns aux autres et à la nature, qu’ils s’engagent à respecter et à protéger.
VOV/VNA/CVN