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Nguyên Duc Lôc a fondé en mai 2018 sa start-up Y Vân Hiên, l’une des pionnières dans l’exploitation d’anciens costumes du Vietnam. On peut s’apercevoir du travail et de l’acharnement dont fait preuve la jeune entreprise située dans la rue Tam Trinh, à Hanoï.
Un créateur sur tous les fronts
Le styliste Nguyên Duc Lôc. |
Y Vân Hiên était en charge de deux projets importants. L’un fut la création d’environ 400 costumes accompagnés d’accessoires pour le film Phuong Khâu, portant sur la vie des souverains de la dynastie des Nguyên (1802-1945), qui devrait sortir cette année. Et l’autre au service d’un spectacle retraçant le Têt Doan Ngo (fête du 5e jour du 5e mois lunaire) sous la dynastie des Lê restaurés - Lê Trung Hung (XVIIe-XVIIIe siècles), tenu à la Cité impériale de Thang Long.
"Nous avons encore du pain sur la planche. Une entreprise si jeune doit travailler sans relâche", a affirmé Nguyên Duc Lôc. À propos des costumes pour le second projet, le styliste n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers : "Il nous a fallu seulement un mois pour la confection d’une cinquantaine de tenues", a-t-il souligné fièrement.
Ce spectacle met en avant les costumes des mandarins de 1er, 2e et 3e degrés, notamment avec les tuniques comme áo giao linh, áo viên linh et d’autres vêtements traditionnels. En ce qui concerne les coiffes, les comédiens laissent leurs cheveux lâchés, comme le voulait le style à l’époque. Les costumes des mandarins sont réalisés avec du fil de soie cru. Cependant, trouver un fabricant de fil de soie satisfaisant n’est pas chose aisée. Selon le Professeur d’histoire Lê Van Lan, avec qui Y Vân Hiên collabore sur l’étude des motifs et des styles d’autrefois, cette entreprise est prometteuse.
"Y Vân Hiên se compose d’une équipe de jeunes qui adorent l’histoire et la culture du pays. Après avoir travaillé avec eux, je suis persuadé qu’ils sont promis à un bel avenir. Étant donné que les fêtes sont nombreuses, on peut présenter divers habits traditionnels au public, permettant de rendre notre histoire nationale plus vivante", a-t-il commenté.
La réalisation d’un ancien costume royal dure un mois, sans compter les temps de réflexion et de recherche. "Les documents relatifs aux anciennes tenues sont rares et écrits majoritairement en sino-vietnamien, ce qui rend difficile la compréhension. Parfois, on a des centaines de pages, mais seulement deux lignes sont utiles", a partagé le jeune créateur.
Des motifs sur les costumes royaux, refaits par Nguyên Duc Lôc et sa société Y Vân Hiên. |
Photo : V+/CVN |
Hormis les documents vietnamiens, il consulte également ceux de l’étranger pour s’assurer de la véracité des informations. "On se réfère à des statues et d’anciens tableaux pour multiplier les sources. C’est pour cela que tous les costumes que l’on réalise ressemblent le plus possible à ceux décrits dans les documents", a-t-il fait part.
Concernant les remarques et réactions négatives de certains, il a rétorqué : "Nous sommes prêts à exposer nos arguments défendant nos choix sur le style, les modèles et les motifs puisque nous nous basons sur des archives et des sources sûres. Par contre, si quelqu’un soupçonne encore l’exactitude de nos costumes, nous étudierons avec plaisir ses arguments".
Faire la fierté de la Patrie
Grâce à la technicité de Trí Huê, arrière-petite-fille du roi Minh Mang, deuxième empereur de la dynastie des Nguyên, l’équipe de création a pu réaliser à l’identique des costumes de cette dynastie. À 97 ans, Trí Huê est devenue l’artisane la plus âgée à transmettre son savoir sur la fabrication d’oreillers royaux. "Le premier produit est rarement parfait, mais les suivants seront améliorés. Le plus important, c’est que les lignes de couture soient alignées", a-t-elle souligné.
Cet ancien objet fait parler de lui sur les forums et permet aux internautes de s’intéresser de plus près à la dynastie des Nguyên et au style de vie de l’époque. "Outre les oreillers, on fait également revivre d’autres vêtements de l’époque comme +áo nhât binh+, +ngu thân+, +áo giao linh+, qui deviennent plus populaires de nos jours. Nombreuses sont les filles qui portent l’+áo nhât binh+ pour des séances photos, ou même lors de leurs fiançailles", a remarqué le jeune créateur.
Trí Huê est l’arrière-petite-fille du roi Minh Mang, deuxième empereur de la dynastie des Nguyên (1802-1945). |
Photo : V+/CVN |
"S’intéresser aux vêtements traditionnels est une tendance incontournable, surtout à l’heure actuelle où la globalisation lisse les différences culturelles. Aussi est-il temps de redécouvrir les identités de chacun. Bien que notre société soit jeune, nous avons plein de choses à faire", a-t-il exprimé.
Les créations d’Y Vân Hiên sont présentées à l’occasion d’événements relatifs aux vêtements anciens. Cependant, sa plus grande fierté est le nombre d’étudiants effectuant leurs études à l’étranger qui lui rendent visite pour passer commande.
"Les universités organisent souvent des fêtes où les étudiants étrangers portent les costumes traditionnels de leur pays. Beaucoup d’entre eux, après leur première commande, font de nouveau appel à nous", a dit Nguyên Duc Lôc. "Nous sommes fiers de notre culture, c’est pour cela que nous faisons de notre mieux pour reproduire des costumes nationaux. Les Vietnamiens doivent être fiers de leur histoire et de leurs costumes traditionnels".