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Les filles en tenue traditionnelle dansent "Appel aux retrouvailles" |
Photo : VOV/CVN |
Direction Akô Dhông, un village rattaché à la ville de Buôn Ma Thuôt, dans la province de Dak Lak, sur les hauts plateaux du Centre. La maison communale accueille aujourd’hui une fête en l’honneur des six aînés du village, âgés de 76 à 84 ans.
Dans cette maison longue, 12 jarres d’alcool ont été attachées aux pieds d’autant de colonnes, par ordre de taille décroissant. Les gongs et les tambours ont été accrochés et les musiciens sont à leur place.
Vêtus de leurs costumes en brocatelle spécialement confectionnés pour la circonstance, les seniors sont assis sur leurs chaises d’honneur. La cérémonie se déroule en 8 étapes correspondant à autant de morceaux de gong. Le premier s’intitule "Appel aux retrouvailles". Sur cette musique entraînante, des filles en tenue traditionnelle dansent et les descendants des seniors célébrés leur remettent des cadeaux en leur faisant porter des bracelets en bronze. Par la suite, tous les participants sirotent de l’alcool avec des chalumeaux plantés dans les 12 jarres, l’une après l’autre, écoutent le concert de gongs et chantent des airs traditionnels.
H Lu Arul, 81 ans, fait partie des six seniors honorés. Elle se dit comblée... "Cette fête en l’honneur des personnes âgées était autrefois célébrée au sein des familles : il s’agissait de mettre à l’honneur ses parents et ses grands-parents… Aujourd’hui, comme l’État accorde beaucoup d’importance aux seniors, même les dirigeants de la ville viennent nous présenter leurs compliments ", dit-elle.
Ce sont justement les autorités municipales qui ont pris l’initiative d’organiser une fête pour tous les seniors du village, rappelle le patriarche Y Blah Eban. "Autrefois, on organisait la fête en famille en abattant un buffle ou un bœuf. C’est la première fois que tous les septuagénaires et octogénaires ont droit à une fête collective, et je trouve que c’est beaucoup mieux", se félicite-t-il.
Les Êdê devant des jarres de ruou cân (alcool de riz fermenté) qu’ils sirotent à l’aide de chalumeaux |
Sur recommandations des autorités locales et avec le consentement des villageois, cette fête ne dure plus qu’un jour au lieu de trois, comme le voulait la tradition. La partie rituelle avec le sacrifice d’animaux a été supprimée pour soulager la charge financière des familles. Seule la partie festive reste intacte, et tout le monde est content, estime Hzu Ni Niê, qui est venue souhaiter longue vie à sa grand-mère.
"Je suis tellement heureuse de voir ma grand-mère recevoir les félicitations de tous les villageois. Je souhaite qu’elle se porte toujours aussi bien et vive longtemps et heureuse avec nous", confie-t-elle.
Autrefois, les Êdê avaient droit à cette fête dès l’âge de 60 ans. Leur espérance de vie ayant augmenté, la tradition a évolué. Mais la piété familiale et la cohésion villageoise restent des valeurs qu’ils continueront de préserver.