Quand la mode française inspire une collection d’ao dài

La nouvelle collection d’ao dài de la maison de mode Link An, baptisée Comme Elle, puise son inspiration du style français. Cette collection, proposée pour le Têt 2018, fait la part belle au velours et aux fleurs en relief.

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La styliste Trân Hoa Linh à côté de ses créations.

Le Têt (Nouvel An lunaire) frappe à la porte. Les clientes se bousculent dans la boutique de la maison de mode Link An sise rue Thai Hà, arrondissement de Dông Da, à Hanoï. Toutes cherchent un bel ao dài (la tunique fendue traditionnelle vietnamienne) pour se faire prendre en photo dans les jardins de kumquats et de pêchers (un plaisir en vogue depuis quelques années) ou simplement pour être élégantes durant les trois jours du Têt traditionnel. Une chose est sûre : les clientes sont sous le charme de la nouvelle collection Comme elle, imaginée et conçue par la styliste Trân Hoa Linh, et qui a un fort accent français.
Classe et élégance
"La mode française a sa particularité : l’élégance dans la simplicité. Les Françaises n’apprécient pas l’afféterie. Leurs costumes ont du goût, avec une identité bien marquée", souligne la styliste Trân Hoa Linh. Ancienne étudiante du Département de français, Université des langues et des études internationales de l’Université nationale de Hanoï, Trân Hoa Linh adore le romantisme des Français, qu’elle essaie d’intégrer dans la tunique traditionnelle des Vietnamiennes. 

La styliste a utilisé le velours pour sa nouvelle collection.

Pour mettre en valeur le classicisme et l’élégance de la collection Comme elle, la styliste a utilisé le velours. "Cette année, on peut voir la prédominance de cette matière. Pourtant, utiliser du velours pour confectionner des +ao dài+ est un vrai défi", confie Trân Hoa Linh. Et d’expliquer qu’"il est difficile de traiter cette matière, qui est élastique. Pour bien tailler les costumes, qui ont cette particularité d’épouser les formes du corps, le styliste doit savoir calculer précisément l’élasticité de la matière".
Autre originalité de cette collection : les décorations raffinées qui montrent la créativité - et le talent - de la styliste et de ses collaboratrices. Une ceinture souple en laine faite à la main est greffée minutieusement à la tunique. Cette ceinture symbolise une liane tout au long de laquelle des fleurs en tissu et en relief s’épanouissent. Un véritable tour de force pour la styliste et ses collaboratrices, qui ont réussi à créer un splendide jardin printanier. "Cela m’a pris énormément de temps pour créer les fleurs en velours. Cette matière est très souple. Donner aux pétales la courbure désirée nécessite beaucoup de travail d’arrangement car il faut que la base des pétales ne soit pas trop épaisse. Sinon, l’+ao dài+ perd son raffinement", explique la styliste Dang Minh Hang, chargée de l’ornement des créations. 
Ces ao dài revus et corrigés s’accompagnent de bérets et de rubans. "Cette association est assez audacieuse. Pourtant, ces accessoires s’accordent parfaitement avec le costume", apprécie la styliste de 35 ans. "Mes créations puisent dans le style +vintage+. Les accessoires comme le béret et le ruban apportent une saveur du passé à la collection +Comme elle+", confie-t-elle.
Une passion héritée de sa mère

Les créations de Trân Hoa Linh traduisent sa passion pour l'ao dài.
Photo : NVCC/CVN

"Je suis heureuse d’entendre tous ces compliments de la part de mes clientes. J’ai reçu des commandes d’actrices, de chefs d’entreprises et de clientes d’autres provinces comme Lang Son, Hai Phong…", partage Trân Hoa Linh. C’est pour elle une grande source de motivation. "Même les jeunes filles apprécient mes créations en velours !", affirme-t-elle.
"Ma mère est tailleuse d’+ao dài+. Ce qui explique cette grande passion qui m’anime pour la tunique traditionnelle de notre pays", raconte Mme Linh. "J’ai appris le français pendant sept ans. Au sortir de l’université, j’ai tenté ma chance avec plusieurs jobs. Mais il y avait quelque chose en moi qui me poussait à me lancer dans une carrière de styliste d’+ao dài+", se souvient-elle. Les débuts n’ont pas été simples. En effet, "Hanoï compte d’innombrables magasins d’+ao dài+. Je devais me démarquer de la concurrence en créant ma propre griffe. Ce que j’ai fait avec la marque Link An, qui propose donc des +ao dài+ vintage, mais pas dans le sens classique du terme", souligne Trân Hoa Linh.
"Depuis quelques années, porter l’+ao dài+ pendant le Têt est redevenu à la mode au Vietnam. De temps en temps, les femmes sont enclines à embrasser de nouveau les valeurs traditionnelles. Pour répondre à cette demande et satisfaire toutes celles qui aiment la mode, les stylistes comme moi s’efforceront de créer de nouvelles collections", exprime la styliste.

Vân Anh/CVN

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