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La marionnette géante Liédo, l’âme de la Compagnie L’Homme Debout. |
19h30. Une belle nuit de mai débute à Huê (Centre). La marionnette géante Liédo, l’âme de la Compagnie L’Homme Debout, fait son apparition dans la cour Hàm Nghi, au cœur de la Cité impériale, sous les vivats de la foule, constituée de locaux, mais aussi de nombreux touristes, vietnamiens comme étrangers. Du haut de ses 7,5 m, ce géant en osier marche, court, danse, salue les visiteurs dans un cadre où musique, lumières, effets pyrotechniques et de fumée apportent une sublime touche de poésie à l’ensemble.
Le spectacle La nuit toutes les étoiles sont fleuries de la compagnie française dans le cadre du Festival de Huê 2016 a conduit les spectateurs à la découverte des chemins intimes qu’ils parcourent tous dans leur existence, ces chemins intérieurs nourris de conflits, de fuites, d’errances, de courses et même de chutes. «On n’envisage pas notre spectacle comme des histoires linéaires comme il était une fois et puis fin, mais plutôt comme des tableaux, des peintures en mouvement. Alors, on essaie de créer de belles images poétiques qui font travailler l’imaginaire», souligne Benoît Mousserion, directeur artistique de la Compagnie L’Homme Debout.
Créer un espace propice à l’échange
La marionnette en osier sortie de l'imagination de la Compagnie L'Homme Debout. |
Sur le devant de la scène, sept grandes fleurs de lotus, symbole du Vietnam. Un cadeau spécial offert par la compagnie française à ses hôtes. Pour l’anecdote, avant leur départ pour Huê, les artistes ont vu des photos montrant des fleurs de lotus illuminées sur la Rivière des Parfums. Cette image les a inspirés, à tel point qu’ils ont décidé d’associer la beauté des lotus aux déambulations de la marionnette Liédo, pour un spectacle propre à Huê. «J’aime bien les images de ces fleurs de lotus. Je crois que dans la religion bouddhique, le chiffre 7 est très important. En Occident, on le retrouve aussi», explique Benoît Mousserion. Pour lui, ce chiffre renvoie à quelque chose de spirituel, pas forcément religieux mais de l’ordre de l’imaginaire plutôt.
Tous ces lotus ont été montés sur place avec la participation de locaux (notamment d’étudiants), de touristes, et même d’enfants. Les artistes sont arrivés à Huê deux semaines avant le spectacle officiel. Un atelier ouvert a été installé dans la Cité impériale de Huê, permettant de rencontrer et d’échanger avec le public. «Nous avons fabriqué ensemble les pétales des lotus. Chaque lotus en compte douze. Il a fallu expliquer les étapes de fabrication aux volontaires. Cela a donc pris un peu plus de temps que si l’on avait tout fait nous-mêmes», partage Maïa Frey, une artiste de la compagnie. Qu’importe, «la particularité de notre compagnie, c’est que nous aimons nous installer dans les villes où nous allons en France ou dans d’autres pays - comme au Brésil ou ici au Vietnam - pour construire des choses avec les habitants», insiste Benoît Mousserion. «Je suis très heureuse de participer à la fabrication des fleurs de lotus. Les artistes de la compagnie sont très ouverts», exprime tout sourire Trân Thi Hoài Thuong, étudiante à l’Université des langues étrangères de Huê.
L’union fait la force
Les artistes fabriquent les lotus. |
L’Homme Debout est une jeune compagnie française qui a été créée il y a cinq ans. Installée à Poitiers, entre Bordeaux et Paris (France), elle compte 14 artistes. «On travaille ensemble depuis le début de notre histoire. C’est pour cette raison qu’on arrive à monter des projets communs comme le cas de Huê. Lorsqu’on arrive, on n’a rien. Et en 15 jours, on monte des fleurs gigantesques. On imagine une nouvelle histoire. On doit donc bien se connaître», confie Benoît Mousserion.
Liédo est la première marionnette construite par la compagnie L’Homme Debout. Avec son gabarit de titan, lui donner vie n’est pas chose aisée. «Dans notre travail, on essaie de trouver une chorégraphie, une manière de faire bouger la marionnette qui soit douce, légère», explique le directeur artistique. Sept artistes sont mobilisés pour les mouvements des bras, des jambes, de la tête et des épaules de Liédo. «On a un seul géant pour sept personnes. Il faut donc que les personnes n’en forment qu’une», poursuit-il.
Les spectacles à Huê resteront gravés dans la mémoire des artistes français. «Nous sommes évidemment très contents d’être là, parce qu’on ne connaissait pas le Vietnam, la ville de Huê et le Festival de Huê. Maintenant, on a la chance de tout découvrir en même temps. Et l’histoire fait que le Vietnam et la France sont des pays proches», conclut Benoît Mousserion.
Texte et photos : Vân Anh/CVN