Public virtuel, chants enregistrés... la TV innove à huis clos

La reprise du football à huis clos oblige diffuseurs TV et réalisateurs à pallier le vide et le silence. Entre nouveaux placements de caméras, public virtuel et chants pré-enregistrés, l'heure est à l'innovation, voire aux "artifices", au risque de froisser certains puristes.

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La finale de la Coupe d'Italie entre Naples et la Juventus jouée dans un stade vide, à Rome, le 17 juin.

Des sièges vides, un silence pesant, pas d'explosions de joie ni de grimaces à filmer en tribunes... Voilà le cadre actuel d'un match de football professionnel, privé de son ambiance et de ses fans par les mesures sanitaires liées au coronavirus.

Pour les diffuseurs, la valeur du produit en prend un sacré coup.

"Sans public, il manque vraiment quelque chose. On ne peut pas s'en contenter", fait remarquer Florent Houzot, le directeur des programmes de beIN Sports France, diffuseur notamment des championnats allemand et espagnol, qui ont repris leur saison sans spectateurs.

Pour recréer l'univers du football anté-COVID-19, l'heure est donc à l'imagination.

Lors de la finale de la Coupe d'Italie mercredi 18 juin à Rome, les tribunes ont été recouvertes d'animations en images de synthèse, évoquant le déploiement d'un vrai "tifo". À gauche, le bleu du Napoli ; à droite, le noir et le blanc de la Juventus ; au centre, le vert, le blanc et le rouge du drapeau italien.

En Liga, le diffuseur Mediapro a aussi travaillé pour mettre au point une technologie d'habillage des tribunes vides, mais également pour surélever les positions de nombreuses caméras, de manière à ce que la partie basse des tribunes soit le moins visible possible à l'écran.

"Plus théâtral"

Les tribunes vides du stade Volkswagen Arena lors du dernier match de Bundesliga du Bayern Munich, à Wolfsburg, le 27 juin.

"C'est une piste intéressante, cela crée un ressenti qui est presque naturel", salue François Lanaud, réalisateur de matches sur beIN et les chaînes du groupe M6. "C'est notre travail de faire en sorte que l'absence (du public) se ressente le moins possible."

Le réalisateur, qui prône l'utilisation de "plans larges plus resserrés", remarque que de nombreux aspects de la diffusion sont bouleversés. "Dans un match, il y a un temps réservé aux plans sur les supporters dans les tribunes. Ce temps-là, il va revenir aux joueurs", avance-t-il. "Il y aura de facto plus de ralentis", estime-t-il, mais aussi plus de place pour le "dialogue".

Car derrière l'image, il y a le son des échanges entre joueurs, exacerbé par l'absence d'ambiance. "Cela peut amener à une autre lecture du match, plus théâtrale", glisse François Lanaud, qui confie avoir largement "anglé (sa) réalisation sur le son" lors du dernier match à huis clos en France, une rencontre des Bleues contre les Pays-Bas à Valenciennes mi-mars.

Mais si certains puristes seront curieux à l'idée d'entendre les échanges tactiques entre joueurs et entraîneurs, d'autres téléspectateurs peuvent être ennuyés par cette ambiance morose.

D'où l'ajout, par la majorité des producteurs TV des championnats ayant repris, de bandes sonores d'ambiance pré-enregistrée issues d'anciennes rencontres.

Un exercice nouveau pour les ingénieurs du son en charge du mixage entre ambiance naturelle et ambiance virtuelle : "Il sont presque devenus DJ", selon Florent Houzot, qui se félicite de retours "majoritairement favorables" des téléspectateurs.

Ce processus, optionnel chez certaines chaînes, obligatoire chez d'autres, fait néanmoins grincer des dents, notamment auprès des groupes de supporters, qui ont critiqué "des artifices digitaux déployés uniquement pour le divertissement des téléspectateurs" dans un communiqué co-signé par 27 organisations nationales de supporters en Europe.

"Fan-cams"

Réintroduire les supporters au stade, au moins virtuellement en attendant la levée des huis clos, c'est d'ailleurs également le défi de toutes les ligues, en collaboration avec leurs diffuseurs.

Ainsi, en Angleterre, les "fan-cams", ces écrans géants scindés en une quinzaine de flux vidéos en direct de supporters regardant leur match sur leur canapé, fleurissent aux quatre coins du pays.

"Même si cela reste un artifice, c'est surtout intéressant lors des buts, pour avoir une vraie interaction avec les supporters. Ces écrans géants deviennent une partie intégrante de captation", juge François Lanaud.

En Italie, la Lazio Rome a elle proposé à ses tifosi d'acheter un mannequin en carton les représentant, qui sera installé dans les tribunes de l'Olimpico. Une partie des bénéfices sera reversée à la Croix Rouge italienne.

L'idée fait aussi son chemin en France, dans la perspective de la reprise au cœur de l'été.

"On sera nous aussi dans cette réflexion", promet Florent Houzot. "Comme le supporter ne pourra pas aller au stade, il va être un peu plus devant sa télévision et on va le faire participer davantage à la retransmission".


AFP/VNA/CVN

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