>>Poursuite de l’octroi de crédits en devises jusqu’à fin 2015
La Banque d’État du Vietnam (BEV), par sa circulaire N°18 entrée en vigueur le 1er janvier 2018, a décidé de continuer à fournir des prêts en devises étrangères aux entreprises d’import-export tout au long de l’année 2018, poursuivant ainsi une politique qui aurait dû expirer fin 2017. Par cette prolongation, la banque centrale entend se conformer aux directives du gouvernement visant l’assistance et le développement des entreprises d’ici à 2020.
La BEV a décidé de continuer à fournir des prêts en devises étrangères aux entreprises exportatrices jusqu’à fin 2018. |
Photo : VNA/CVN |
Conformément à la circulaire N°18 signée par le gouverneur de la BEV, Lê Minh Hung, les entreprises exportatrices peuvent emprunter des dollars à court terme aux banques. La différence des taux d’intérêt entre le dollar américain et le dông vietnamien permet aux entreprises de profiter des taux d’intérêt bancaires plus avantageux en devises étrangères qu’en dông. Elles peuvent alors les changer en dôngs pour se fournir en matières premières au service de la production, puis exporter des marchandises en devises pour rembourser la banque.
Une offre soumise à conditions
La BEV n’autorise de tels emprunts que dans quatre cas de figure. Primo, crédits tous termes confondus affectés au financement du règlement des importations des entreprises dont les rentrées sont en devises étrangères. Secundo, ceux - à court terme - affectés au règlement des importations d’essence et de pétrole par les entreprises agréées par le ministère de l’Industrie et du Commerce. Tertio, ceux - à court terme également - affectés au financement de la fabrication de produits destinés à l’export. Quarto, ceux affectés au financement d’un investissement direct à l’étranger par une entreprise vietnamienne.
C’est en se basant sur les différents facteurs du marché et sur l’objectif de croissance économique de 6,7% pour 2018 fixé par l’Assemblée nationale que la BEV a décidé de proroger les prêts en devises étrangères. Actuellement, ce sont les entreprises manufacturières et pétrolières qui bénéficient le plus de cette formule en absorbant 30% de ces prêts (soit respectivement 24% et 6% du total).
Une décision de bon sens
La décision de la banque centrale entend se conformer aux directives du gouvernement visant l’assistance et le développement des entreprises d’ici à 2020. |
Photo : VNA/CVN |
Cette facilité d’accès aux crédits en monnaies étrangères n’est pas préoccupante selon Nguyên Hoàng Minh, directeur de la filiale de la BEV à Hô Chi Minh-Ville, compte tenu de la progression encourageante des exportations nationales depuis le début de l’année et de l’afflux de devises que cela représente. Le pays a ainsi battu le record du montant des réserves nationales en devises évalué à 54 milliards de dollars en janvier 2018. C’est une bonne nouvelle pour les entreprises dans la mesure où les prêts en dollars bénéficient d’un taux d’intérêt autour de 3-4%, contre 8-11% pour ceux émis dans la monnaie nationale.
Toujours d’après Nguyên Hoàng Minh, la décision de la BEV est en cela parfaitement adéquate à l’objectif d’augmenter la compétitivité des entreprises locales par rapport à celles issues de l’investissement direct étranger sur le marché vietnamien. Cette évolution va dans le bon sens en répondant au souhait des entreprises qui ont dû emprunter à prix fort en dông vietnamien et souffrent de ce fait des écarts de taux d’intérêt. Une aide bienvenue donc.
Afin de donner quelques éléments de contexte, notons que malgré une contradiction apparente, un accès facilité aux prêts en dollar pour les entreprises d’export représente un avantage concurrentiel permettant de poursuive une politique ”anti-dollarisation” plutôt fructueuse. Ainsi, depuis cinq ans, les prêts en dollar sont en baisse constante en volume (de 24,54 milliards de dollars à 21,10 milliards, soit une diminution de 14,03% depuis 2013) malgré une progression de l’épargne en dollar (19,89 milliards de dollars à 27,05 milliards, soit une augmentation de 36% depuis 2013).
Pourtant, la BEV a fixé le terme des effets de la circulaire N°18 à la fin de l’année 2018, espérant de fait la stabilisation du marché et la généralisation des bons résultats “anti-dollarisation”. À noter, pour finir, que c’est la 6e fois que la Banque d’État procède à la prolongation de ce programme d’accès aux prêts en devises étrangères au sein du système bancaire depuis qu’elle a publié sa première circulaire en la matière fin 2012.