>> La Britannique Posy Simmonds reçoit le Grand Prix de la BD à Angoulême
La dessinatrice britannique de BD Posy Simmonds, à Paris le 3 avril 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Retenue au Royaume-Uni par un mal de dents, la dessinatrice n'a pu se rendre à Angoulême mercredi 24 décembre récupérer son prix, dont le jury a souligné "l'œuvre originale" dans le paysage du roman graphique.
"J'étais d'abord étonnée et puis j'ai dit +wow+, je pense qu'en français vous dites +époustouflée+ (...) et bien sûr j'étais vraiment ravie", raconte-t-elle en recevant l'AFP dans le studio où elle travaille, une petite pièce remplie de livres, de crayons et de dessins, dans son appartement du centre de Londres.
Elle est la cinquième femme à recevoir la récompense, attribuée par un vote où peuvent s'exprimer tous les auteurs de BD publiés au moins une fois en français.
"Dans mon monde idéal, le sexe ou le genre de quelqu'un qui gagne un prix ne devrait pas être remarquable.... mais nous ne sommes pas dans un monde parfait", dit l'autrice, devenue célèbre en France pour "Gemma Bovery", adapté du roman Emma Bovary de Gustave Flaubert.
Si la bande dessinée a longtemps été "un club d'hommes", "ces dernières années, les femmes l'ont infiltrée et je suis ravie d'être l'une d'entre elles", ajoute-t-elle.
Cette amoureuse de la France où elle a étudié et qui parle donc la langue de Molière juge également "assez extraordinaire" d'être la première Britannique sacrée à Angoulême.
"C'est parce qu'au Royaume-Uni, nous sommes à la traine de la France" en termes de BD, estime-t-elle, racontant qu'elle s'enthousiasme, lorsqu'elle se rend en France, de voir dans les librairies "des adultes qui lisent des BD et des enfants à leurs pieds qui lisent des BD".
Outre-Manche, Posy Simmonds est surtout connue pour ses dessins de presse dans le quotidien The Guardian, avec lequel elle collabore depuis 1972. Elle y a longtemps moqué avec une ironie acerbe la bourgeoisie de gauche britannique, et ses femmes en particulier.
"Ajouter de la profondeur"
Son premier roman graphique, Gemma Bovery, était d'ailleurs d'abord une commande du journal qui lui avait demandé une série de 100 épisodes.
Mais comme elle avait beaucoup de choses à raconter, Posy Simmonds a décidé d'accompagner ses dessins de nombreux et longs textes. Cela deviendra sa marque de fabrique dans les romans graphiques qui suivront comme Tamara Drewe ou Cassandra Darke.
"Vous pouvez dire en trois lignes des choses qui se sont produites dans le passé (...) vous n'avez pas besoin de le dessiner. Ca m'a aussi permis d'avoir différentes voix dans les livres, comme ça on peut voir l'histoire à partir d'un angle différent. Et je pense que ça a ajouté de la profondeur", décrypte-t-elle.
AFP/VNA/CVN