>>La politique monétaire du Vietnam ne vise pas à créer un avantage concurrentiel déloyal
La pression sur le taux de change diminue
Dr Nguyên Duc Dô, expert à l’Institut de l’économie et de la finance du Vietnam
Les fluctuations du taux de change au cours des prochains mois dépendront principalement du marché des devises. Actuellement, les investissements étrangers versés au Vietnam disposent d’une bonne croissance, soutenant le taux de change. La Banque d’État du Vietnam (BEV) cherchera, par ailleurs, à le stabiliser. Si la Réserve fédérale américaine (Fed) décide de baisser son taux directeur, la pression sur le taux de change décroîtra.
J’observe que l’inflation actuelle est relativement faible et ne constitue aucune menace sur l’évolution du taux d’intérêt. La pression provient essentiellement du besoin de mobiliser davantage de fonds propres à moyen et long termes de la part des banques commerciales. La BEV devra trouver des moyens pour maîtriser le taux d’intérêt car la croissance de l’économie nationale montre des signes de ralentissement. L’augmentation du taux d’intérêt risquera de désavantager la croissance économique dans le contexte actuel.
Le succès de la stabilisation du taux de prêt
Dr Bùi Quang Tín, directeur de l’École des hommes d’affaires Bizlight
Actuellement, la question de la pression de mobilisation de fonds propres pour les grandes banques telles que la Banque d’investissement et de développement (BIDV) et la Banque de commerce extérieur (Vietcombank) ne se pose pas. Toutefois, ces derniers mois, les petites banques ont relevé leurs taux de dépôt à moyen et long termes afin d’avoir plus de fonds pour répondre à la feuille de route de la BEV visant à réduire le ratio de fonds propres à court terme pour les prêts à moyen et long termes. Ces banques doivent également concurrencer leurs homologues plus puissantes pour attirer le capital, raison pour laquelle elles choisissent de relever leurs taux de dépôt.
Sur le marché interbancaire, le taux d’intérêt reste inférieur à 4%, ce qui démontre une liquidité toujours stable. Par ailleurs, les politiques monétaires des pays dans le monde ont tendance à se relâcher. Même la Banque centrale européenne (BCE) a l’intention de baisser son principal taux directeur à 0% et la Fed prévoit de baisser également de 0,25% point. À la suite de ces observations, je pense que la pression sur le taux d’intérêt au Vietnam d’ici la fin de l’année ne sera pas un problème.
Le taux de prêt dépend de plusieurs facteurs, dont le taux de change et l’inflation. Il est probable que la BEV apporte un soutien aux banques commerciales pour maintenir le taux de dépôt. Une façon de stabiliser le taux de prêt. Depuis trois ans, ce dernier reste quasiment inchangé, malgré la volonté de la BEV de le réduire pour soutenir l’économie. Je pense que le maintien de la stabilité du marché, des taux de change et d’intérêt a été un vrai succès.
En ce qui concerne le taux de change, il est équivalent à celui de fin 2018 grâce à une offre importante de devises (dollars). Cependant, au cours des prochains mois, la tendance dépendra toujours des politiques de la Fed et de la BCE ainsi que de plusieurs autres pays.
En particulier, les tensions commerciales sino-américaines ont des influences sur plusieurs pays qui ont été obligés de déprécier leur monnaie l’an passé. Dans les prochains mois, si nous maintenons toujours un taux de change stable autour de 1%, notre activité d’exportation sera défavorable. A contrario, s’il est contrôlé aux alentours des 2-3%, cela sera une autre réussite pour la BEV.
Difficile de baisser le taux d’intérêt
Pr Trân Tho Dat, membre du Groupe consultatif sur les affaires économiques du Premier ministre
Au cours de cette année, le taux d’intérêt dépendra beaucoup des fluctuations d’autres variables macroéconomiques telles que le taux de change, l’inflation, la balance des paiements, la liquidité du système bancaire national et les changements des marchés financier et monétaire internationaux. Je pense que le taux d’intérêt de base restera fixe et il y aura peu de chance qu’il connaisse une diminution.
Le taux de dépôt se maintiendra et pourrait être susceptible de connaître une légère hausse. Une augmentation qui s’explique par le fait de mobiliser les fonds à moyen et long termes chez les banques commerciales. Il en sera de même pour le taux de prêt car les banques commerciales devront assurer un équilibre entre l’augmentation de la demande de prêts, en particulier celle de prêts personnels, et le respect et le maintien des normes Bâle II(1).
À propos du taux de change, avec l’ouverture croissante de l’économie et les récentes fluctuations imprévisibles des marchés monétaire et financier, le dông vietnamien subira une pression. D’ici la fin de l’année, on prévoit peut-être un léger déficit de la balance courante. Les investissements étrangers en hausse et les réserves en devises abondante permettront de garantir le contrôle des fluctuations du taux de change.
Un taux de change avoisinant les 2-3% est acceptable
Dr Cân Van Luc, économiste en chef de la Banque d’investissement et de développement du Vietnam (BIDV)
Sous la direction du gouvernement et de la BEV, le taux d’intérêt restera relativement stable. Le pays n’est pas trop soumis à la pression extérieure qui l’oblige à l’augmenter comme l’an passé. Un constat qui se justifie du fait que le taux d’intérêt mondial est assez fixe et que la Fed prévoit de baisser son taux cette année.
Actuellement, la liquidité est toujours bonne. Cependant, bon nombre de banques seront sous pression pour mobiliser des capitaux à moyen et long termes. Pour deux raisons: Premièrement, le système bancaire s’oblige à suivre la feuille de route consistant à réduire progressivement le ratio de fonds propres à court terme pour les prêts à moyen et long termes. Deuxièmement, les banques doivent augmenter les fonds propres pour respecter les normes Bâle II.
À propos du taux de change, le rapport entre l’offre et la demande en devises est équilibré grâce à la direction flexible et proactive ainsi qu’à l’utilisation synchrone de divers outils de la BEV. Le taux de change entre le dollar américain et le dông vietnamien est sous contrôle. Sa hausse de 2-3% cette année restera correcte.
Lâm Vân - Linh Thao/CVN
Note: (1) Les normes Bâle II (le second accord de Bâle) constituent un dispositif prudentiel destiné à mieux appréhender les risques bancaires et principalement le risque de crédit ou de contrepartie et les exigences, pour garantir un niveau minimum de capitaux propres, afin d’assurer la solidité financière.