Présidentielle française : tension en Ukraine et impact économique en toile de fond

Pouvoir d'achat, souveraineté énergétique et alimentaire : à un mois du premier tour, la tension en Ukraine a encore plané vendredi 11 mars sur la campagne présidentielle, sur fond d'anxiété grandissante des Français face à la flambée des prix.

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Emmanuel Macron préside un sommet européen sur la guerre en Ukraine, à Versailles le 11 mars.

Le conflit aura d'ailleurs largement dominé la journée du président candidat Emmanuel Macron qui a accueilli un sommet européen à Versailles, à l'issue duquel les 27 ont prévenu de nouvelles "sanctions massives" contre la Russie si la tension se poursuivait.

Le chef de l'État a également mis en garde contre le fait que l'Europe et l'Afrique "seront très profondément déstabilisées sur le plan alimentaire" dans les 12 à 18 mois, l'Ukraine étant un gros producteur de céréales.

Dès à présent, la guerre a propulsé huiles, blé, soja, colza, tournesol et maïs à des niveaux de prix inédits, sans parler de ceux de l'énergie dont le carburant, qui flambent eux aussi.

"Les gens sont serrés à la gorge, aujourd'hui on ne peut pas continuer comme ça", s'est emporté le numéro deux de LFI Adrien Quatennens sur France 2, avant de rappeler les propositions de Jean-Luc Mélenchon : blocage des prix des produits de première nécessité et gel du prix du carburant à 1,4 euro le litre (contre 2 actuellement).

Le candidat Insoumis, le mieux placé à gauche (11%) et en hausse dans les sondages, se rapproche de ses rivaux de droite et d'extrême droite, la candidate LR Valérie Pécresse et Eric Zemmour (Reconquête !) se trouvant au coude-à-coude autour de 11-13%.

À l'heure de mettre un bulletin dans l'urne le 10 avril, les sujets "nationaux" compteront le plus, et en premier lieu le pouvoir d'achat, devant la santé et la situation économique du pays qui ravit la 3e place à la sécurité, selon un sondage BVA pour Orange et RTL.

"Hors de contrôle"

Les candidats de la présidentielle française. 

Dans les terres populaires des Hauts-de-France, la candidate du RN Marine Le Pen a estimé que "l'explosion" des prix de l'énergie était "hors de contrôle" et "une urgence".

"Les gens se font étrangler", a compati Marine Le Pen auprès d'une ancienne coiffeuse, Valérie Gajda, 47 ans, qui témoigne dans un café de Denain que son "plein augmente de 15 à 16 euros par semaine".

Celle qui conforte sa deuxième position avec 17-18% dans les sondages mais encore loin derrière Emmanuel Macron, a promis que si elle était élue, le litre du gazole baisserait de 44 centimes et celui de l'essence de 34 centimes. Et elle a appelé ses électeurs à ne pas s'abstenir.

Le sujet du pouvoir d'achat, "déjà présent avant la crise en Ukraine sera encore plus présent" car "on va passer d'une guerre vue à la télé à une guerre vue dans le porte-monnaie", a souligné pour sa part, Ian Brossat, porte-parole du candidat communiste Fabien Roussel, sur Public Sénat.

Il a rappelé que Fabien Roussel demandait que Total verse "zéro dividende" en 2022. Cet argent serait "rendu par l'État aux automobilistes français".

Le candidat communiste, qui fait l'objet d'une enquête du parquet national financier sur des soupçons d'emploi fictif comme assistant parlementaire entre 2009 et 2014, a assuré de son côté n'avoir "reçu aucune information" mais se tient "naturellement à la disposition de la justice".

"Démasqué"

Le débat Eric Zemmour et Valérie Pécresse sur TF1, à Boulogne-Billancourt, le 10 mars. 

Face au choc énergétique, l'exécutif a déjà mis en place plusieurs "amortisseurs" avec notamment le gel du prix du gaz, une indemnité inflation, et prépare un nouveau plan, avec une aide spécifique sur les carburants.

"Ça coûte quand même 20 milliards d'euros à la Nation ces mesures", a rappelé le Premier ministre Jean Castex depuis le Jura.

S'en prenant au bilan du quinquennat, la socialiste Anne Hidalgo, en meeting à Rennes et au plus bas dans les sondages, a taclé un président sortant "de droite et de droite", en prônant de bloquer les prix de l'énergie, d'augmenter le Smic et de maintenir la retraite à 62 ans.

"Qui va payer la crise du COVID et le quoi qu'il en coûte ? Ceux qui en ont bavé toute leur vie", a asséné la maire de Paris.

Quant à Valérie Pécresse, en déplacement à Brive-la-Gaillarde, en terre chiraquienne, elle est apparue requinquée après son face-à-face musclé jeudi soir 10 mars avec Éric Zemmour.

"Hier, j'ai démasqué M. Zemmour, son projet qui conduirait la France au désordre, à l'impuissance et à la faillite économique", a lancé la candidate LR lors d'un meeting en présence de Claude Chirac où ses partisans disaient avoir "envie d'y croire".

De quoi inverser les sondages ? "En 48 heures, il s'est passé quelque chose", a assuré le président de LR Christian Jacob.


AFP/VNA/CVN

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