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Le sac bùa est le plus ancien chant populaire du delta du Mékong. |
Photo : ND/CVN |
Afin de préserver et promouvoir les valeurs uniques du chant folklorique sac bùa (salut du Têt) de la commune de Phu Lê, district de Ba Tri, province de Bên Tre, le secteur culturel et les autorités locales ont pris des mesures concrètes.
Un genre de chant populaire unique
Selon les spécialistes en culture folklorique, le chant sac bùa est originaire de la région Centre-Sud (des provinces allant de Quang Ngai à Binh Dinh). Il a accompagné les habitants dans le processus de défrichement des terres dans le Sud. Selon la légende, au milieu du XVIIIe siècle, un mandarin de Binh Dinh, nommé Trân Van Hâu, épousa une femme de la commune de Phu Lê et enseigna le chant sac bùa aux habitants locaux.
Cette forme d’art vocal s’est ensuite largement répandue dans le district de Ba Tri, notamment les communes de Phuoc Tuy, Phu Ngai, Bao Thanh, An Binh Tây, et celle de Tân Thanh du district de Giông Trôm. Le sac bùa est une combinaison de chants, de danses et de mise en scène de rituels cultuels. Il est considéré comme une activité spirituelle qui exprime les prières des agriculteurs pour une nouvelle année heureuse, prospère et de bonnes récoltes.
Selon Lu Van Hoi, vice-président permanent de l’Association provinciale du patrimoine culturel de Bên Tre, les instruments utilisés comprennent un dàn co (violon vietnamien à deux cordes), un tambour et des sanh cai et sanh tiên (clapets à pièces). Chaque troupe comprend de quatre à douze membres. Les artistes jouent des instruments en chantant et en dansant. Le chanteur principal s’appelle «cai kê», et les autres membres «con xô». Les paroles sont des longs poèmes folkloriques.
Un spectacle de sac bùa comprend deux parties : le rituel et le divertissement. Les artistes, qui sont toujours chaleureusement accueillis par les familles, chantent une chanson en ouvrant la porte, puis entrent dans la maison et jettent des amulettes devant l’autel pour chasser les maux et la malchance, en souhaitant paix et fortune. Le rituel du chant se déroule de manière simple mais dans une ambiance solennelle. Après, la troupe se rassemble devant la maison pour interpréter des chansons joyeuses souhaitant aux membres de la famille une nouvelle année heureuse.
Le chant sac bùa de Phu Lê est une source de documentation précieuse sur la vie spirituelle et les activités quotidiennes des agriculteurs de la région. En plus de répondre à la demande de divertissement de la communauté, c’est également un produit touristique unique.
Faire revivre un patrimoine ancestral
Des élèves du collège de la commune de Phu Lê pratiquant le chant sac bùa. |
Photo : Thu Hiên/VNA/CVN |
L’artisan Nguyên Thanh Quang, responsable du club du chant sac bùa de Phu Lê, a partagé que, lorsqu’il était enfant, il a assisté à de nombreux spectacles de sac bùa où il a pu apprendre par cœur les paroles. Et lorsque les autorités locales ont élaboré un plan pour redonner une nouvelle vigueur à ce chant populaire, il a été invité à devenir le chef du club de sac bùa de la commune de Phu Lê.
«Autrefois très populaire dans le Sud, ce chant a connu le creux de la vague entre 1985 et 1998, car de nombreux vieux artistes étaient décédés et personne n’avait pris la relève. En 1998, ce chant a figuré dans le projet +Préserver et promouvoir le patrimoine culturel immatériel des communautés ethniques du Vietnam+, de l’Institut de la culture et de l’information relevant du ministère de la Culture et de l’Information (maintenant ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme)», a informé Lu Van Hôi.
Depuis, des efforts considérables ont été déployés pour le relancer. Avec succès car la province de Bên Tre compte désormais cinq troupes, dans la commune de Phong Nam, district de Giông Trom, au centre culturel et sportif du district de Ba Tri, dans la commune de Phu Lê, au musée Bên Tre et au collège de la commune de Phu Lê.
Selon le président du Comité populaire de la commune de Phu Lê, Tô Quang Muoi, «le club de sa commune a été invité à participer à de nombreux festivals traditionnels, dans la région et ailleurs dans le pays. Les autorités locales comptent le populariser au sein de la jeune génération afin d’en faire un produit culturel unique».
Le collège de la commune de Phu Lê a créé en 2014 sa propre troupe avec six élèves. Maintenant, elle en compte trois troupes avec 21 membres. Huynh Kim Thai, directeur de l’école, ne cache pas sa satisfaction : «Les troupes répètent régulièrement pendant les vacances d’été et ont participé à de nombreux festivals. L’école continue à rechercher de nouveaux talents. Les élèves sont très enthousiastes». «Je voulais en savoir plus sur le chant +sac bùa+ pour préserver l’identité culturelle nationale transmise par nos ancêtres», a confié Hô Phu Vinh, en 7e classe.
Le chant folklorique sac bùa est une fierté et un élément indispensable de la vie culturelle et spirituelle des habitants locaux. Ce folklore est réapparu dans les fêtes traditionnelles et commence à retrouver sa place au sein de la communauté. Plus important, de plus en plus de jeunes souhaitent être initiés pour reprendre le flambeau et le transmettre à leur tour.