>>À Vân Hoà, les gongs retrouvent leur lustre d’antan
>>Les gongs, un art ancré dans la culture Muong
Le Club de gongs du village de Vip de la commune de Minh Quang. |
L’artisan Dinh Thi Lan qui, à près de 80 ans est toujours la chef adjointe du groupe des gongs de la commune de Ba Trai, dans le district éponyme, se remémore les jours passés où elle se joignait au groupe pour donner des spectacles et participer à des festivals artistiques. Son groupe a reçu de nombreuses distinctions, dont un satisfecit du ministère de la Culture et de l’Information lors du Festival de la culture des gongs de 1987, à Thanh Hoa (Centre).
Mme Lan s’est passionnée pour les gongs dès son plus tendre âge bien qu’elle, comme de nombreuses autres personnes, n’ait jamais su quand cette forme d’art est apparue pour la première fois. Tous savent seulement que les premiers Muong qui migrèrent de Hoà Binh (zone montagneuse du Nord) vers Ba Vi apportèrent des gongs pour les festivals, les mariages, les funérailles et les grands événements locaux.
L’«âge d’or» des gongs
Ba Vi est une terre montagneuse, et le son de cet instrument traditionnel démontre pleinement sa qualité de moyen de puissante communication. Grâce aux différentes tonalités des gongs, les gens de Muong peuvent savoir ce qui se passe dans la région.
Le son des gongs pour accueillir le Nouvel An lunaire a toujours un rythme vif et joyeux. Ces sons semblent pousser les gens à aller se joindre aux activités festives. Les filles et les garçons utilisent également des gongs pour transmettre leurs messages d’amour lors des nuits de pleine lune. On utilise aussi les gongs lors des mariages qui sont considérés comme de profonds souhaits de bonheur pour la mariée et le marié.
Les gongs participent de toutes les activités des Muong, et sont un trait caractéristique de leur culture transmise de génération en génération. Les villageois considèrent les gongs comme un héritage familial, et toutes les familles en possèdent au moins un. Les gongs des Muong de Ba Vi sont différents de ceux des ethnies du Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre). Ils ont une bosse en leur centre et sont équipés d’une bretelle. Les Muong utilisent une baguette de percussion en bois, tandis que les habitants du Tây Nguyên se servent de leurs mains.
Point plus particulier, chez les Muong, seules les femmes en costume traditionnel sont autorisées à en jouer. Chez les ethnies minoritaires du Tây Nguyên, les gongs sont des moyens de communication avec les dieux, tandis que chez les Muong de Ba Vi, il s’agit d’instruments de musique de la vie quotidienne. Malheureusement, les gongs ont été absents pendant une longue période de la vie des Muong.
Dinh Ngoc Dan, 70 ans, qui vit dans le hameau de Lat, commune de Minh Quang, a partagé que dans le passé, chaque famille de sa commune avait au moins un gong, mais avec la dévastation des guerres et de la faim, certains ménages durent les vendre, tandis que de nombreux villageois les utilisèrent comme couvercles des jarres de sauce soja pour la conservation. En outre, des personnes ont profité de la confiance des Muong, en se qualifiant «cadres de la culture populaire» pour leur emprunter, sinon s’emparer, de gongs afin de les vendre à des antiquaires.
Chez les Muong, seules les femmes en costume traditionnel sont autorisées à jouer du gong. |
Au début des années 2000, le bureau administratif chargé de la culture des ethnies minoritaires du district de Ba Vi mena des enquêtes sur les gongs des Muong pour constater qu’il n’en restait plus que quelques-uns dans chaque commune montagneuse, et qu’en outre, les artisans de gongs étaient trop vieux pour se souvenir des mélodies. En d’autres termes, ils constatèrent un risque de perte totale de la culture des gongs à Ba Vi.
Faire revivre les gongs des Muong
Conscient de l’importance de préserver et de promouvoir les valeurs culturelles nationales, en 2012, le Comité populaire du district de Ba Vi a lancé un projet de sauvegarde et de préservation de l’identité culturelle des minorités ethniques.
Le Comité populaire du district a demandé aux responsables chargés de la culture d’enquêter, d’évaluer et d’étudier les caractéristiques de la culture des gongs dans sept communes montagneuses que sont Tan Linh, Ba Trai, Yên Bai, Minh Quang, Khanh Thuong, Vân Hoà et Ba Vi. La population locale s’est avérée très désireuse de les aider. Nguyên Quang Khang, un employé du secteur culturel de la commune de Khanh Thuong, a confié qu’actuellement «la plupart des minoritaires ethniques ont compris l’importance de la préservation et de la promotion des valeurs des gongs. J’ai toujours cru que le son des gongs revivrait dans la communauté Muong».
Les responsables de la culture du district ont passé beaucoup de temps à élaborer des mesures pour restaurer, préserver et promouvoir les traits traditionnels uniques des gongs. Ils ont visité chaque commune et chaque famille pour étudier attentivement les gongs, enregistrer des informations, et copier des documents. Plusieurs mesures ont été prises, comme de collecter des gongs, enseigner la culture des gongs et les danses et chansons des Muong.
Fin 2016, le Comité populaire du district de Ba Vi a offert un ensemble de gongs de 12 pièces, d’une valeur totale de plus de 60 millions de dôngs, aux Muong du hameau de Khanh Chuc Bai (commune de Khanh Thuong) et du hameau 3 (commune de Ba Trai).
Faire revivre les gongs des Muong a été possible non seulement grâce à l’attention des organismes compétents, mais aussi à la volonté de la population locale. Par exemple, la troupe de gongs du hameau de Ban de la commune de Yên Bai fonctionne en autofinancement. Elle a fait appel au soutien financier des villageois pour acheter un ensemble de gongs, ses membres étant déterminés à conserver leur identité traditionnelle et la transmettre aux générations futures. Leurs activités ont significativement contribué à rétablir cette forme d’art populaire traditionnelle.
Aujourd’hui, avec 12 ensembles de gongs qui fonctionnent activement et efficacement dans sept communes montagneuses, cet art traditionnel a enfin pleinement retrouvé sa place dans le district de Ba Vi.