Pour que les petits montagnards aillent tous à l’école

Qu’ils soient riches ou pauvres, tous les enfants doivent aller à l’école. Un droit fondamental. La commune d’Y Ty, à l’extrême Nord du pays, offre un bel exemple du désir d’apprendre des enfants des contrées les plus reculées.

Des enfants Hà Nhi dans la commune d’Y Ty, district de Bat Xat, province de Lào Cai (Nord).

Perché à 2.000 m d’altitude, dans la chaîne de montagnes de Nhu Cu San qui culmine à 2.660 m, la commune d’Y Ty, district de Bat Xat, province de Lào Cai, à l’extrême Nord du Vietnam, est noyée une bonne partie de l’année dans les brumes. Cette commune «du bout du monde» comprend 15 villages distants les uns des autres de 10 km au moins, habités par diverses ethnies minoritaires dont les Hà Nhi, qui représentent la moitié de la population locale.

Écoles dans la brume

Une contrée aux paysages pittoresques, mais aux conditions de vie difficiles. Son climat rigoureux limite la croissance des cultures. Pas d’électricité ni d’eau potable. Ses chemins escarpés ne permettent que la circulation des chevaux et des piétons. «La vie est dure ici, mais c’est notre vie. Et les gens sont courageux, ils peuvent tout affronter. Une de nos grandes préoccupations, c’est que les enfants aillent à l’école. Car le savoir, c’est l’espoir d’une vie meilleure», confie un responsable d’Y Ty. Et d’ajouter avec fierté que grâce au tsaoko (thao qua en vietnamien, une espèce de cardamome dont le fruit sert d’épice) que sa localité cultive depuis quelques années, faisant écho au mouvement de «Refus de la pauvreté», de nombreuses familles peuvent maintenant manger à leur faim et envoyer leurs enfants à l’école.

La commune d’Y Ty compte deux écoles primaires. Pour que les élèves vivant dans les hameaux les plus reculés fréquentent l’école, on a dû ouvrir des antennes locales. L’école primaire N°2 par exemple, compte trois antennes dans les villages de Sim San 1, Sim San 2 et Hông Ngai, tous distants de 10 km de l’établissement principal au centre de la commune d’Y Ty. Chacune rassemble les enfants de trois villages environnants. L’effectif total s’élève à 120 élèves, de la première à la cinquième classes. À cela viennent ajouter quelques classes maternelles.

Une visite sur place permet de se rendre compte des énormes difficultés que rencontre ces écoles locales, et aussi du courage des enseignants. Ceux-ci viennent pour la plupart de la plaine, en réponse à l’appel de l’État «Pour le développement de l’éducation en montagne».

Deux enseignants pour cinq classes

L’antenne de Hông Ngai nous est apparue dans la brume. Quelques salles de classe juxtaposées, avec des murs en torchis hauts d’un mètre et un toit en fibrociment, où flotte le drapeau rouge à l’étoile d’or. Quelques pupitres et bancs vétustes. Ambiance surréaliste : la brume flotte dans les salles de classe, couvrant de gouttelettes la chevelure et les vêtements des élèves.

L’antenne de Hông Ngai est  toujours dans la brume.

Selon le maître Bùi Van Phi, en poste depuis trois ans, «nos élèves vont de la première à la cinquième classes, et les enseignants ne sont que deux. Ainsi, chacun de nous doit assurer en même temps deux, voire trois classes».

Questionné sur la vie des maîtres, Bùi Van Phi confie : «Dès les premiers jours, les habitants locaux nous ont aidé à nous installer et nous donnent de temps en temps légumes et fruits du jardin familial». Chaque mois, les maîtres se rendent au centre de la commune d’Y Ty pour une réunion et faire leurs provisions du mois (riz, sel, poissons séchés, graines d’arachide et de sésame…). «Nos difficultés sont insignifiantes par rapport à celles des habitants locaux, confie le maître. Nous sommes heureux de voir les élèves fréquenter l’école en dépit des sentiers escarpés et du climat ingrat».

Il n’oublie néanmoins pas d’exprimer son grand souci : l’absence de collège, et encore moins de lycée. «Après le primaire, les élèves devront aller au centre de la commune d’Y Ty, puis au lycée au chef-lieu du district. Cela engendre des frais pour beaucoup de familles qui ne peuvent se permetttre. Cela explique pourquoi les lycéens originaires d’ethnies minoritaires ne se comptent que sur les doigts de la main», explique-t-il.

Les habitants locaux citent souvent les noms d’étudiants d’ethnie Hà Nhi, tels que Ly Tho Chu, Ly Tho Xa, Ly Gio Gu, Trang Tho Phia, Trang Thi Hoa… qui font la fierté et l’espoir de cette contrée reculée. «En sortant de l’université dans quelques années, ils reviendront ici pour contribuer à l’édification d’une vie nouvelle», affirme le responsable local.

Nghia Dàn/CVN

 

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