Selon Lê Thi Minh Ly, chef adjointe du Département des patrimoines culturels (ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme), en raison des guerres successives et d'un manque de sensibilisation, le ca trù est tombé en désuétude au cours du 20e siècle. Bien que les artistes aient fait de remarquables efforts pour transmettre le répertoire ancien aux générations plus jeunes, le ca trù reste exposé à une menace de disparition du fait de la diminution du nombre de pratiquants, notamment en raison de leur grand âge.
D'ici 2020, le ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme, l'Institut de la musicologie du Vietnam, ainsi que le Service de la culture, du sport et du tourisme des provinces où le ca trù existe, devront appliquer une série de mesures pour protéger d'urgence ce précieux art à la fois populaire et savant.
Dans les temps à venir, le secteur de la culture devra collecter tous les documents relatifs au ca trù dans les 14 provinces et villes où il est traditionnellement pratiqué, afin d'établir une base de données. La rédaction de manuels sur l'art de chanter le ca trù devra être entreprise, ainsi que des cours pour une formation à cet art, l'objectif étant ici que le ca trù soit figuré dans les programmes des instituts de la musicologie. Une grande tâche, ainsi, près de 4.000 pages de documents sur le ca trù écrites en nôm (écriture démotique sino-vietnamienne) devront être traduites.
Mais ce sont encore les artistes qui sont les plus essentiels. "Les artistes âgés sont l'âme de la préservation comme de la mise en valeur du ca trù, et ils poursuivront la transmission de cet art aux générations suivantes dans de meilleures conditions", a affirmé Mme Ly. Il n'en reste cependant qu'une douzaine à pratiquer encore... "Il faut leur accorder des priorités et leur donner l'occasion de former des jeunes", a-t-elle souligné. Selon le Docteur Dang Hoành Loan qui s'est chargé de la constitution du dossier du ca trù pour l'UNESCO, "il faut associer étroitement tourisme et représentations de ca trù" car "cela permettra aux artistes de vivre de leur art", a affirmé M. Loan.
L'organisation de 14 cours de formation sur l'interprétation du ca trù dans les 14 localités. Les festivals national et régional des clubs de ca trù devront également être privilégiés. La restauration de certains vestiges spécifique à cet art est nécessaire. Il s'agit en fait de restaurer des temples de culte des ancêtres de chaque lignée pratiquant le ca trù. Dans les écoles et universités, l'élaboration de programmes extrascolaires pour aider les élèves à comprendre le ca trù est prévue.
L'institut du ca trù, une bonne idée
L'initiative de créer un institut du ca trù est soutenue par plusieurs experts, car il sera un cadre idéal pour les artistes afin de transmettre aux plus jeunes leurs expériences. Selon l'artiste Bach Vân, directrice du Club de ca trù de Hanoi, lequel existe dans la capitale depuis 1991, "s'il y a un lieu pour rassembler les artistes, il deviendra vite indispensable". Pour l'expert Dang Hoành Loan, une telle initiative est intéressante, mais il faudra en tout état de cause s'intéresser à la qualité de la formation. "Cinq ou 6 élèves formés par an, c'est suffisant pour la discipline du ca trù, mais ils doivent être de haut niveau", a souligné M. Loan. Comme on l'a déjà dit, il ne demeure dans le pays qu'une douzaine d'artistes âgés. De fait, de véritables élites du genre. Des noms comme Nguyên Thi Chuc, Nguyên Phu De, Nguyên Thi Vuon, Nguyên Thi Khiêu, Phan Thi Mon... sont plus que familiers pour les personnes passionnée de ca trù, et ils seront des enseignants essentiels de ce futur institut.
Phuong Mai/CVN