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Les bestioles peuvent se cacher partout. |
Malgré la chaleur accablante, L.N. Hung et N.Q. Hoàng, domiciliés dans l’arrondissement de Thanh Xuân, sont eux aussi au bord du lac Hoàn Kiêm (l’Épée restituée)depuis 11h00. «Aujourd’hui, nous avons déjeuné plus tôt et préparé les batteries USB pour pouvoir chasser les bestioles jusqu’à 17h00, partage Hung. Normalement, nous chassons ensemble les créatures. Une personne conduit la moto et l’autre est chargée de les capturer. La chasse en solo n’est pas productive. Hier soir, je n’ai attrapé que dix Pokémons».
À côté de Hung et Hoàng, voici P.M. Cuong, 23 ans, ouvrier travaillant chez Samsung et domicilié à Nga Tu Vong. Aujourd’hui en congé, il couve des œufs de Pokémons. Selon lui, dans les secteurs autour du lac Hoàn Kiêm, beaucoup de joueurs déclenchent à tour de rôle l’encens pour attirer les Pokémons, il est ainsi plus facile de les capturer.
Nouveau jeu, nouvelle passion
Depuis un mois, le monde vit au rythme de Pokémon Go, ce jeu vidéo qui permet de chasser les Pokémons dans le monde réel. Il s’agit d’un jeu de réalité augmentée qui se joue gratuitement sur smartphone à l’aide de son appareil photo et de la géolocalisation.
Au Vietnam, depuis quelques jours, dans des lieux publics comme parcs, jardins au bord des lacs et même dans des rues, on peut apercevoir de curieux individus - jeunes pour la plupart - errer, un smartphone dans une main, une batterie USB dans l’autre, tête braquée vers leur téléphone portable. Arborant un sourire bien heureux, ils éructent des onomatopées à intervalles réguliers, seuls ou en équipe. Eux, ce sont les chasseurs de Pokémons qui traquent les bestioles mythiques.
À Hanoï, le lac Hoàn Kiêm, le Temple de la littérature ou la pagode Trân Vu sont l’objet de rondes de repérage par les jeunes. Vers 15h30, dans le secteur du lac Hoàn Kiêm, des centaines de jeunes accompagnés de leurs smartphones se rassemblent, avec le nez collé à leur écran. Pour pouvoir rester plus longtemps dans les secteurs où se trouvent de nombreuses bébêtes, les dresseurs apportent aussi des batteries USB.
En dehors des lieux publics, la folie Pokémon go envahit les rues. Plusieurs jeunes - et même les parents amenant leurs enfants à l’école - s’arrêtent soudainement au bord de la rue pour chasser les petites créatures.
«Depuis que j’ai téléchargé ce jeu, il me faut une heure pour aller au bureau contre 20 minutes auparavant», partage T.M. Linh, 29 ans, domicilié dans l’arrondissement de Thanh Xuân. Et d’ajouter : «Après avoir découvert un Pokémon dans la rue, je m’arrête tout de suite pour le capturer. Parfois, je tente de le traquer et de l’attraper en conduisant, à la volée !».
Les risques du virtuel dans le monde réel
Des jeunes se rassemblent au parc de l’arrondissement de Câu Giây pour chasser les petites créatures. |
Depuis sa sortie, Pokémon GO représente un risque important pour la sécurité et la confidentialité des utilisateurs. Initialement proposé dans quelques pays seulement, le jeu a suscité la convoitise de nombreux utilisateurs partout sur la planète. Ces derniers se sont empressés de télécharger le jeu de manière non officielle sur des sites alternatifs. Cette forte demande a attiré l’attention de personnes mal intentionnées. De plus, les hackers peuvent prendre le contrôle du smartphone à distance, et activer secrètement la caméra ou le micro pour espionner leur victime.
Dès le départ, Pokémon GO est une application conçue pour suivre et étudier le comportement et les déplacements des usagers. Tandis qu’ils sont concentrés sur la chasse aux Pokémons, les joueurs n’ont pas conscience que l’application collecte des données potentiellement sensibles.
Devant l’ampleur du phénomène, Ngô Anh Tuân, vice-président chargé de la sécurité de l’informatique Bkav alerte qu’aveuglés par leur passion, plusieurs jeunes ont téléchargé des versions non officielles qui risquent de répandre de dangereux virus. Cette application peut être extrêmement dangereuse. Elle peut même demander des rançons lorsque les utilisateurs veulent se débarrasser de ces virus. En cas de blocage total, les utilisateurs sont contraints de retirer la batterie pour redémarrer leur portable.
D’après la Pr-Dr Vu Lê Hoa, professeure de l’École normale supérieure de Hanoï, Pokémon go est le phénomène vidéoludique du moment. Pour l’une des premières fois, le virtuel sert le réel, il facilite les rencontres, la sociabilisation est totale, et répond aux reproches habituellement fait aux joueurs. Les gens sortent de chez eux ! Pourtant, il pourrait provoquer une pression nerveuse sur les joueurs qui ne satisfont pas aux demandes de ce jeu.
Outre la sécurité informatique, le danger de Pokémon GO concerne en effet l’intégrité physique des utilisateurs. Les yeux rivés sur l’écran de leur smartphone, de nombreux «chasseurs» en oublient de renouveler leur prise d’informations et on ne compte plus le nombre d’accidents liés au jeu. Pour les piétons, il peut s’agir d’une simple collision avec un passant ou un poteau, sans plus de gravité.
Un autre danger provient des mouvements de foule provoqués par le jeu. Lorsqu’un Pokémon rare apparaît dans un lieu fréquenté par de nombreux joueurs, des déplacements massifs et frénétiques sont provoqués. Alors, réfléchissez bien avant de chercher les Pokémons virtuels !
Pokémon Go
Pokémon Go est un jeu en réalité augmentée. Le projet a été créé conjointement par The Pokémon Company et Niantic, ancienne filiale de Google responsable du jeu en réalité augmentée Ingress. Le jeu est disponible depuis juillet 2016 sur les plateformes iOS et Android. Tout comme dans la série de jeux vidéo, le but est de capturer des Pokémons. Au lancement du jeu, celui-ci devient rapidement un phénomène de société. L’application, qui n’est pas encore téléchargeable officiellement dans tous les pays, dépasse localement ou mondialement le nombre de téléchargements de Twitter, Tinder, WhatsApp ou Snapchat, et a fait monter l’action de Nintendo de 93,2% en une semaine à la bourse de Tokyo ; il est à l’origine de nombreux faits divers. Le 2 août 2016, un peu moins d’un mois après son lancement, le jeu, qui est gratuit, aurait atteint lesv100 millions de téléchargements dans le monde.
Texte et photos : Huong Linh /CVN