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Des festivaliers font la fête devant "PNL" aux Eurockéennes de Belfort, le 6 juillet 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Originaires de la cité des Tarterêts, à Corbeil-Essone, les deux frères de PNL (Peace N'Lovés) racontent avec des textes crus et émouvants la mélancolie de la cité, ses habitants, ses trafics et son argent.
Cheveux mi-longs maintenus par un élastique ou une casquette, Ademo et N.O.S ont imposé une belle présence minimaliste, jeudi soir le 6 juillet sur la grande scène des Eurockéennes, devant 20.000 admirateurs hypnotisés par les voix chaudes et le débit monocorde.
"C'est posé, c'est l'ambiance PNL. Ils ont fait un style de rap que personne n'avait fait avant", ont lâché Sofiane El Ouali et Aziz Boukerch, deux fans d'une vingtaine d'années, ravis de la prestation des rappeurs français.
Ce concert faisait figure d'événement après la récente annulation de leur venue au festival californien de Coachella (États-Unis), faute de visa, et le report à novembre d'une tournée prévue en mai.
PNL cultive la rareté
Les concerts de PNL sont rares. "Plus quelque chose est rare, plus on a envie de le voir, l'acquérir", dit un autre admirateur de la première heure, Valentin Collin, 23 ans.
Les mystérieux artistes sont "des mecs partis de rien", élevés par "un père qui a fait de la prison pour braquage", croient savoir les fans croisés jeudi soir le 6 juillet aux Eurockéennes, tous conquis par cette "histoire vraie", ce "vécu difficile et touchant" dont PNL a fait son succès.
Les deux frères âgés d'une trentaine d'années ont percé en seulement deux ans. Leur deuxième et dernier album studio, "Dans la légende" (2016), dont les ventes ont dépassé les 500.000 exemplaires tous formats confondus, est rapidement devenu disque de diamant.
Mais malgré le succès, PNL conserve son mystère. Le groupe n'a jamais accepté aucune interview. PNL cultive la rareté.
Une stratégie que les fans adorent. "Ce mystère, c'est génial, ça me donne envie de les suivre, de les voir en concert", confie Rayana, 17 ans, venue d'Alsace aux "Eurocks" avec six amis.
Que la famille
Astucieux, Ademo et N.O.S manient à merveille le web et les réseaux sociaux: ils diffusent régulièrement leur actualité, leurs nouveaux titres, des clips vidéo graphiques et une saga de quatre courts-métrages léchés évoquant des affrontements entre dealers. Chacune de leurs publications est devenue un événement attendu avec impatience par les 1,2 million de fans qui les suivent sur Facebook, ceux qu'ils appellent "la MIF" (famille).
"Ils sont en prise directe avec leur communauté, sans vendre leur âme. C'est eux qui décident de tout ce qui les concerne, personne d'autre", analyse Jean-Paul Roland, le directeur des Eurockéennes, qui cherchait à les programmer depuis 2015. "Et les gens ont l'impression d'appartenir à quelque chose, sans passer par la grande distribution médiatique", ajoute-t-il.
Les jeunes n'attendent plus les médias traditionnels pour découvrir et aimer un groupe de musique. Ils le cherchent sur internet, le dénichent, le "partagent" avec leurs amis sur Facebook. En traquant les moindres faits et gestes de leurs idoles sur internet, les admirateurs de PNL ont ainsi l'impression d'appartenir à cette famille à laquelle le groupe se réfère en permanence, dans ses textes, sur scène et sur Facebook. Le sigle "QLF" (Que la famille) est l'emblème du duo des Tarterêts.
"On voit aux concerts qu'ils rallient aussi bien les mecs des cités que les bobos parisiens", affirme Valentin Collin, casquette vissée sur la tête. "Ils doivent être surpris de voir que leur famille est finalement super large".
AFP/VNA/CVN