>>Un nouveau cas d'Ebola confirmé en Sierra Leone
Inondations à Freetown, en Sierra Leone, le 14 août. |
Ces inondations, qui font d'ores et déjà partie des plus meurtrières en Afrique au cours des 20 dernières années, sont survenues vers 04h00 du matin, selon des témoins.
Dans la journée, un journaliste de l'AFP a vu plusieurs maisons recouvertes de terre rougeâtre dans le village de Regent, dans les faubourgs de la ville. Des corps flottaient dans les rues envahies d'une eau brunâtre dans le quartier de Lumley West, situé plus en aval, a-t-il également constaté.
Le gouvernement de la Sierra Leone, l'un des pays les plus pauvres au monde, s'est réuni d'urgence pour déterminer les mesures à prendre pour faire face à l'une des pires catastrophes de l'histoire de cette capitale.
Dans une allocution à la télévision, le chef de l'État, Ernest Bai Koroma, a appelé à l'unité du pays, déjà durement frappé par Ebola et par une longue guerre civile : "Notre nation est une nouvelle fois aux prises avec le chagrin. Beaucoup de nos compatriotes ont perdu la vie, beaucoup plus encore ont été gravement blessés, et des millions de dollars de biens ont été détruits par les flots et les glissements de terrain qui ont touché Freetown", a-t-il déclaré.
"Toutes les familles, tous les groupes ethniques, toutes les régions ont été directement ou indirectement touchées et affectées par ce désastre", a-t-il insisté, en précisant que des centres allaient être mis en place à travers la ville pour recenser les sans-abris.
Tout au long de la journée, le bilan n'a fait que s'alourdir: 18 morts recensés le matin, puis 180 à la mi-journée, avant de s'établir à 312 dans l'après-midi, selon un porte-parole de la Croix-Rouge, Patrick Massaquoi.
Mais il pourrait encore s'alourdir. Des secouristes ont ainsi parfois dû utiliser des pelleteuses pour dégager les corps.
"J'ai compté plus de 300 corps et d'autres continuent à arriver", a déclaré à l'AFP un employé de la morgue de l'hôpital Connaught, qui avait auparavant expliqué que son institution manquait de place pour accueillir le "nombre impressionnant de morts" qui lui parvenait.
Corps entremêlés
Des membres des forces armées et de la police et des volontaires de la Croix-Rouge se sont déployés dans la ville pour localiser les victimes et venir en aide aux habitants coincés dans leur maison ou sous des gravats.
Photographie fournie par l'ONG "Society 4 climate change communication Sierra Leone", montrant des rues inondées à Regent, près de Freetown en Sierra Leone, le 14 août. |
Des images impressionnantes obtenues par l'AFP montraient des habitants traversant des rues avec de l'eau jusqu'à la taille et des corps étendus sur des sols détrempés, ou encore de violents torrents d'eau rougie par la boue dévalant des collines entre de petites maisons aux toits en tôle ondulée.
Sur une photo de l'ONG locale Society 4 Climate Change Communication (S4CCC-SL), cinq corps dénudés et maculés de terre, dont celui d'au moins deux femmes et d'une petite fille, étaient entremêlés.
Six mois de pluie par an
Les services météorologiques de Freetown n'ont pas lancé d'alerte aux inondations qui aurait pu accélérer l'évacuation des habitants, selon le correspondant de l'AFP à Freetown.
Fatmata Sessay, qui vit au sommet d'une colline dans le quartier de Juba, a expliqué qu'elle-même, son mari et leurs trois enfants avaient été réveillés vers 04h30 du matin par de fortes précipitations s'abattant sur leur maison en terre, qui a ensuite été inondée.
Des pluies diluviennes font plus de 300 morts en Sierra Leone. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je n'ai réussi à m'échapper qu'en montant sur le toit de la maison quand des voisins sont venus me sauver", a-t-elle dit. "Nous avons tout perdu, nous n'avons plus d'endroit pour dormir", a-t-elle expliqué en pleurs.
Le ministre de l'Information, Mohamed Bangura, blessé dans les inondations, a été hospitalisé, a indiqué le vice-ministre de l'Information Cornelius Deveaux.
"Plus de 2.000 personnes sont sans-abri", a estimé une responsable des services de secours, Vandy Rogers.
Selon Sasha Ekanayake, directrice de l'ONG Save the Children en Sierra Leone, la priorité est de fournir des abris aux habitants, et en particulier aux enfants, et de les protéger contre les risques accrus de maladies liées à l'eau comme le choléra.
"Nous sommes toujours en saison des pluies et nous devons nous préparer à d'autres urgences", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Il pleut six mois par an et les inondations constituent un danger récurrent à Freetown, ville surpeuplée d'environ 1,2 million d'habitants où des habitations précaires sont régulièrement emportées par des pluies torrentielles.
En septembre 2015, des inondations avaient fait 10 morts et quelque 9.000 sans-abri dans la capitale de ce pays anglophone d'Afrique de l'Ouest.
L'Afrique est régulièrement confrontée à des inondations meurtrières : plus de 6.000 morts entre octobre 1997 et janvier 1998 dans l'Est du continent (Somalie, Ethiopie, Kenya, Tanzanie, Ouganda), 764 morts et 125 disparus en Algérie en novembre 2001 ou encore au moins 377 morts pendant la saison des pluies 2010 en Afrique de l'Ouest.