>>Le festival d'Angoulême fait le pari de la jeunesse avec Jérémie Moreau
Des visiteurs lors du festival de BD d'Angoulême le 24 janvier 2018. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Coup de chapeau à Batman qui fête son 80e anniversaire, mise en lumière de l’œuvre de Bernadette Després (Tom-Tom et Nana), hommage à l'artiste italien Milo Manara (Le déclic, Caravage) et aux mangakas Taiyo Matsumoto (Sunny) et Tsutomu Nihei ("Blame!") seront quelques-uns des temps forts du festival qui décernera samedi 26 janvier son Fauve d'Or consacrant le meilleur album BD de l'année. Pour les organisateurs du plus grand rassemblement européen de la bande dessinée, avec 1.500 auteurs présents, Angoulême doit être l'occasion d'abattre les cloisons entre les différents genres.
Dans un marché de l'édition en berne, la BD a fait mieux que tirer son épingle du jeu. Selon une étude de l'institut GfK réalisée à l'occasion du Fibd, la BD a atteint en 2018 son plus haut niveau de ventes et de chiffres d'affaires depuis 15 ans. L'an dernier, 44 millions d'exemplaires de BD ont été vendus générant un chiffre d'affaires de 510 millions d'euros, a relevé l'étude de GfK. Les ventes de BD ont progressé de 2,5% en 2018 par rapport à l'année précédente.
Au sein de la famille BD, c'est le manga qui contribue le plus à la croissance du marché avec +11% de ventes en nombre d’exemplaires vendus en 2018. "Les Français sont de plus en plus fans du genre, quel que soit le type de manga (...) Le segment représente plus d’une vente de BD sur trois en France en 2018", remarque Paul-Antoine Jeanton, expert livre de GfK. Les comics avec leur super-héros progressent également avec une hausse de 5% des ventes.
Bienvenue à Manga City
Pour Stéphane Beaujean, directeur artistique du festival, "le festival d'Angoulême compte jouer son rôle d’accélérateur de plate-forme de rencontre des genres et des cultures". Surnommé Manga City, l'espace dédié au manga occupera une surface de 2.500 m² (contre 1.000 m² l'an dernier). "Le challenge de demain, souhaite Stéphane Beaujean, sera de convaincre les éditeurs, encore frileux, de se mélanger dans des espaces décloisonnés, réunis autour d'un lien éditorial qui ne serait plus celui de la culture d'origine". Bref, que le milieu de la bande dessinée cesse d'être "l'un des univers culturels les plus clivés qui soient".
La situation est déjà en train de changer et les lecteurs de BD achètent de plus en plus des albums de genres différents, se félicitent notamment les libraires. Dès mercredi 23 janvier, sera décerné le grand prix du Fibd qui récompense chaque année un auteur pour l'ensemble de son œuvre. Trois illustrateurs dont une femme sont en lice pour succéder à l'Américain Richard Corben couronné l'an dernier: Emmanuel Guibert, la Japonaise Rumiko Takahashi et l'Américain Chris Ware. Seule une femme, Florence Cestac, en 2002, a remporté le grand prix d'Angoulême.
Côté récompense, on connaît déjà le nom du lauréat du prix René Goscinny qui honore chaque année un scénariste de BD pour l'ensemble de son œuvre. Il s'agit de Pierre Christin, scénariste notamment de la série Valérian et Laureline. Mais c'est surtout le Fauve d'Or qu'auteurs et éditeurs attendent avec impatience. Ils sont 45 à pouvoir prétendre à cette distinction qui, selon GfK, à "un véritable effet multiplicateur" sur les ventes.
Parmi les auteurs en lice, il y a Riad Sattouf pour le quatrième volet de L'Arabe du futur, un best-seller vendu déjà à plus de 216.000 exemplaires, selon des données récoltées par le magazine professionnel Livres Hebdo. On trouve également Moi ce que j'aime c'est les monstres de l'Américaine Emil Ferris (déjà lauréate du prix ACBD des critiques) et deux anciens de Charlie Hebdo: Luz pour Indélébiles" et Catherine Meurisse pour Les grands espaces. Le jury, présidé par l'auteure belge Dominique Goblet et qui comprend notamment Pénélope Bagieu et le journaliste Augustin Trapenard, remettra également un prix spécial du jury, le prix de la série, le prix révélation et le prix du patrimoine.
AFP/VNA/CVN