Pip Hare a fait chavirer le Vendée Globe

À bord de son vieux bateau, l'Anglaise Pip Hare a conquis les cœurs, au-delà même du monde de la voile, et forcé le respect de grands marins français, en bouclant le Vendée Globe au terme de trois mois rudes.

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La Britannique Pip Hare exulte à son arrivée aux Sables-d'Olonne, le 11 février 2021.

Respect : C'est sur cette chanson d'Aretha Franklin que Pip Hare (Medallia) a choisi de célébrer son arrivée dans le port des Sables d'Olonne, à 03h30 vendredi matin 12 février. Une pluie glaciale, une nuit bien noire mais un accueil émouvant.

Jean Le Cam - 4e de son cinquième Vendée Globe - est venu accueillir la navigatrice anglaise, qu'il trouve "rayonnante", "épatante", "un personnage".

Ses nattes blondes débordant de son bonnet, son regard clair et brillant, Pip Hare sourit, encore et toujours, après 95 jours seule en mer, qui l'ont épuisée mais ravie. Elle a accompli ce pour quoi elle a travaillé sans relâche depuis onze ans, sans personne pour la guider, investissant tout ce qu'elle avait dans son projet.

Née à Londres il y a 47 ans, Pip Hare a grandi près de Cambridge, dans les terres, avec son petit frère et ses deux soeurs aînées. Mais ses parents - Mary, physiothérapeute, et John, docteur - alors jeunes mariés, avaient acheté un petit bateau avant même d'avoir une maison, raconte à l'AFP, Mary.

Liberté

La famille traversait la mer du Nord pour rejoindre les Pays-Bas lors des vacances d'été.

La joie de la Britannique Pip Hare en franchissant la ligne d'arrivée, aux Sables-d'Olonne, le 11 février 2021.

"Je pense que je suis tombée amoureuse de la voile quand j'étais adolescente et que j'ai commencé à naviguer toute la journée avec d'autres jeunes, sans mes parents. J'ai adoré cette liberté. Quand tu es ado, tu veux prendre tes décisions tout seul mais il y a peu de choses où tu peux te le permettre sauf quand tu pars naviguer. Je crois que c'est pour ça que j'ai adoré encore plus la voile", confie à l'AFP, Pip Hare.

Licenciée en langues (français, anglais, espagnol), elle prend le large après avoir lu dans un magazine un article sur le Vendée Globe.

"Faire un tour du monde en solitaire sans escale me paraissait être la chose la plus dure à faire dans une vie. Et il y avait des femmes qui faisaient cette course, pas seulement des hommes. Exactement de la même façon, dans un respect égalitaire et ça m'a définitivement convaincue: c'est ce que je voulais vraiment faire", se souvient-elle.

"Ça a été très difficile pour moi, parce qu'il n'y avait pas de chemin tracé vers le Vendée Globe, ce n'est pas comme en France, où vous savez quelle voie emprunter pour y arriver, alors ça m'a pris vraiment très longtemps", raconte la navigatrice.

Passionnée

Humble, simple, cette passionnée d'opéra s'accroche.

"Il y a tellement de fois où tu flanches, tu ne crois pas en toi, tu manques une opportunité. Et tu n'as que toi pour te rappeler que si, il faut s'accrocher parce que c'est ce que tu veux faire alors tu vas le faire. Parfois c'est comme si tu avais les pieds pris dans la colle", explique la skipper.

La Britannique Pip Hare fête son arrivée aux Sables-d'Olonne, le 11 février 2021.

En 2009, elle signe sa première transatlantique. En 2011, elle participe à la Mini-Transat (elle termine 41e puis 28e en 2013).

Et puis elle achète ce vieux bateau construit en 1999 par le navigateur Bernard Stamm. Avec des aides et un sponsor de dernière minute (Medallia), elle prend le départ du Vendée Globe le 8 novembre, avec 32 autres voiliers.

À l'arrière de la flotte, elle avance doucement, monte au mât en pleine mer, répare son safran dans l'eau dans des conditions difficiles et pourtant ne cesse de répéter qu’elle a tellement de chance d'être là. Elle remonte la flotte à des vitesses inimaginables pour sa lourde machine. Elle termine dix-neuvième.

"Je trouvais important d'avoir un objectif sportif sur ce Vendée Globe, mais il fallait aussi faire en fonction de l'âge du bateau (vieux de 20 ans, ndlr). Étant une skipper britannique, mon objectif était de réaliser un meilleur temps qu’Ellen MacArthur en 2000, c'est-à-dire 94 jours", a-t-elle confié en conférence de presse.

"Sur une partie de la course, j'ai bien cru que j'y arriverais. J'aurais pu, je sais ou j'ai perdu du temps, là ou j'en ai gagné et finalement je ne suis pas loin de cet objectif (95 jours et 11 heures). Je n'ai aucun regret, j’ai commencé avec rien", a-t-elle rappelé.

L'acteur néo-zélandais Russell Crowe et la navigatrice britannique Ellen MacArthur lui ont envoyé des messages, tandis que le quadruple champion olympique de voile Sir Ben Ainslie lui a fait part de son admiration : "Ce que tu fais est génial. Nous te suivons tous et sommes tous à fond derrière toi".

En 2024, promis, elle sera de retour.


AFP/VNA/CVN

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