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Le chef de l'État philippin a toutefois concédé qu'il pouvait se «tromper». |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'avocat s'était fait élire début mai en promettant d'en finir en six mois avec la criminalité. Depuis, plus de 800 personnes accusées d'être liées au trafic de drogue ont été tuées par la police ou par des civils encouragés par la rhétorique présidentielle.
Dans un discours peu avant l'aube dimanche 7 août, il a cité les noms de sept juges, de plus de 25 actuels ou anciens parlementaires, de maires et d'élus locaux qui sont selon lui mouillés dans des affaires de stupéfiants. Il a demandé que leurs gardes du corps leur soient retirés, de même que leurs permis de port d'arme, et il leur a demandé de se rendre, tout en les menaçant.
"Si vous montrez le moindre signe de violence ou de résistance, je dirai à la police : +Tuez-les+", a-t-il dit à des journalistes et des militaires à Davao, la grande ville du sud de l'archipel dont il était le maire. Le chef de l'État, dont la popularité doit beaucoup à son franc parler et son langage cru qui tranche avec celui de ses prédécesseurs, a toutefois concédé qu'il pouvait se "tromper" quant à la culpabilité de certains. Il a affirmé que la liste avait été dressée par la police et l'armée et n'était nullement orientée politiquement, ajoutant que certains de ses amis y figuraient.
Peu après, son porte-parole Martin Andanar a indiqué que des poursuitesjudiciaires seraient lancées contre chacun d'entre eux. Certaines des personnes citées par le président ont ensuite démenti tout lien avec le trafic de drogue.
Élu sur un programme ultra-sécuritaire, le président a affirmé que la police ne devait pas hésiter à tuer des trafiquants, et encouragé la population à se joindre à ce combat.
La plus grande chaîne philippine, ABS-CBN, rapporte que 852 suspects ont péri depuis l'élection de Duterte. Dans son discours, celui-ci a balayé les critiques des organisations de défense des droits de l'Homme: "Je m'en fiche." Le chef de la conférence épiscopale philippine a cependant lancé un vibrant appel à la population, pour qu'elle dénonce la vague d'homicides en cours. "Je suis un être humain. C'est tout ce qu'il faut être pour se lever et dire +assez+", a déclaré l'archevêque Socrates Villegas dans un message lu dans les églises de son archidiocèse situé au nord de Manille.