Stellantis
Peugeot et Fiat se marient pour affronter un futur compliqué

Les actionnaires de Peugeot et Fiat doivent valider lundi 4 janvier l'union des deux groupes, un mariage franco-italo-américain conçu pour atteindre une taille critique sur un marché automobile en pleine révolution.

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Carlos Tavares (gauche) et John Elkann, respectivement futurs directeur général et président du conseil d'administration du futur ensemble, Stellantis.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'union des groupes français PSA et italo-américain FCA doit donner naissance au quatrième groupe automobile mondial en termes de véhicules vendus, et au troisième en chiffre d'affaires derrière le japonais Toyota et l'allemand Volkswagen. La nouvelle entité, baptisée Stellantis, comptera plus de 400.000 salariés et abritera dans le même garage 14 marques emblématiques comme Citroën et Maserati (déjà brièvement mariées il y a 50 ans), Fiat et Opel, Peugeot et Alfa Romeo, Chrysler, Dodge ou Jeep.

"Cette fusion était une question de survie, et ça vaut pour Fiat comme pour PSA", selon Giuliano Noci, professeur de stratégie à l'école de commerce de Polytechnique à Milan. Les deux groupes sont confrontés à "d'énormes défis technologiques et stratégiques" (véhicules électriques, numérisation, conduite autonome) et aux effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19. "Seuls les plus agiles, dans un esprit darwinien, survivront", avait lancé en novembre Carlos Tavares, président du directoire de PSA et futur directeur général de Stellantis.

Les marques du groupe vont notamment réduire leurs coûts de développement et de construction, et compléter leur offre dans toutes les gammes. "Grâce à son union avec PSA, Fiat-Chrysler pourra renforcer sa présence en Europe", ajoute Giuseppe Berta, professeur à l'université Bocconi de Milan et spécialiste de Fiat. "À l'inverse, le groupe français pourra reprendre pied aux États-Unis grâce à son allié italo-américain".

Une fusion amendée

Pas de grand suspense en France ce lundi 4 janvier : les actionnaires de PSA ont déjà voté en juin 2020 à plus de 99% en faveur de quatre résolutions marquant leur soutien au mariage de la Fiat 500 et de la Peugeot 208. Mais leur vote scellera cette union envisagée depuis 2018, annoncée fin 2019, et dont la préparation a été ralentie par la crise du coronavirus.

Fin décembre, la Commission européenne a donné son feu vert à l'union, sous condition que les deux groupes respectent leurs engagements pris pour préserver la concurrence dans les petits utilitaires, où ils détiennent de larges parts de marché. Les constructeurs avaient auparavant amendé leur contrat pour que leur union reste un mariage entre égaux, alors que la pandémie a affecté leurs comptes respectifs.

FCA a notamment accepté d'abaisser le montant d'un dividende exceptionnel versé à ses actionnaires. De son côté, PSA a décidé de céder 7% de l'équipementier français Faurecia avant de distribuer le reste aux actionnaires de Stellantis. La participation du groupe chinois Dongfeng doit être également réduite.

Vue aérienne de l'usine de PSA à Carrières-sous-Poissy, en région parisienne
Photo : AFP/VNA/CVN

C'est insuffisant selon le fonds Phitrust, qui détient moins de 1% du capital de PSA et critique depuis l'annonce de la fusion un manque d'"équilibre entre les parties" au profit des Italo-Américains. "FCA a plus besoin de PSA pour la mise en œuvre des synergies que l'inverse" et "PSA est plus performant que FCA sur différents aspects clés", a notamment souligné le fonds dans un communiqué.

Pas de fermeture d'usine ?

Dans les documents fournis aux autorités financières, PSA et Fiat estiment que leur rapprochement devrait coûter 4 milliards d'euros, et que les synergies permettront d'économiser à terme jusqu'à 5 milliards par an. Carlos Tavares avait souligné fin 2019 qu'aucune fermeture d'usine n'était prévue. Les syndicats se permettent d'en douter.

"Globalement c'est une bonne assurance pour l'avenir de notre groupe. Ceux qui ne prendront pas ce virage-là risqueront de rester sur le carreau", commente Franck Don, délégué syndical central CFTC chez PSA. "Aujourd'hui, le groupe FCA est une grande inconnue pour nous", tempère cependant le syndicaliste. "Quelles synergies vont être trouvées ? Quelles conséquences potentielles sur les sites situés en France ?"

Christine Virassamy, déléguée syndicale centrale CFDT, attend un engagement ferme de Stellantis sur les usines comme sur les centres de recherche. "C'est le volet social et éthique qui permettra de dire si cette fusion est une réussite ou pas", souligne-t-elle.

Phitrust avertit que Fiat n'a pas de marges de manœuvre en Italie, où il a contracté un prêt garanti par l'Etat à hauteur de 6 milliards d'euros. "Les usines françaises de PSA pourraient devenir la variable d'ajustement, entraînant de lourdes pertes d'emplois", avance le fonds.


AFP/VNA/CVN

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