Pas de défilés à Paris : les clientes de Julien Fournié enchantées

L'annulation des défilés pour la semaine de la haute couture qui démarre lundi 6 juillet à Paris n'a pas fait que des malheureuses. Le club très exclusif des femmes pouvant acheter ces robes de rêve s'est discrètement réjoui : leurs couturiers préférés viendraient à elles, pour des présentations personnalisées dans le luxe feutré de leurs palais.

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Le créateur Julien Fournié pose avec son modèle Michaela Tomanova lros d'une séance photo le 30 juin 2020 à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Je pensais qu'elles seraient désolées, c'est tout le contraire", raconte Julien Fournié dans son atelier parisien, quelques semaines avant le tournage d'un film présentant sa 22e collection.

Il est habitué à voyager au Moyen-Orient, et de plus en plus souvent en Asie, pour les essayages avec sa première d'atelier, Mme Jacqueline, qui prend les mensurations, note les modifications, ajuste en fonction des desiderata.

En attendant la fin de la pandémie de coronavirus qui a vidé les podiums, le couturier poursuit ses créations. Il montre cette "robe tempête", un drap de soie qui, dans quelques mois, sera entièrement brodé de plumes d'oie.

"Après le COVID, celle qui la porte est un ange qui revient sur terre. Elle porte les couleurs d'avant la tempête sur Paris, avec les reflets de ses toits en zinc, un ciel dégradé de rose, violine, bleuté, craie...".

Dans le film créatif de quelques minutes qu'il conçoit à la place du défilé, il veut montrer le travail artisanal et exigeant du couturier "comme à l'époque de Paul Poiret, Jacques Fath ou Monsieur Dior". Du croquis initial en passant par la toile - le vêtement est coupé dans un tissu blanc et drapé sur un mannequin pour être précisé - avant la réalisation dans des étoffes somptueuses et toutes ses finitions exquises.

"En haute couture, le vêtement s'enroule sur le corps", alors qu'en prêt-à-porter, il faut rentrer dedans, "dans quelque chose de normé", souligne Julien Fournié, aussi érudit qu'amoureux de son métier.

"Une femme, pas une gamine"

Michaela Tomanova porte une robe de Julien Fournié.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour assurer aux clientes l'exclusivité d'un vêtement fait pour elles, le couturier ne crée que des pièces uniques. Et il évite de prêter des modèles pour les "tapis rouges" de grands événements, sauf à de rares comédiennes ou chanteuses lyriques dont le style colle à "l'ADN maison".

"Une cliente, d'une famille royale, a annulé une commande après avoir vu l'un de nos modèles porté par Lady Gaga il y a quelques années. Pour elles, l'exclusivité ne doit pas être teintée de la vulgarité de la notoriété", explique Jean-Paul Cauvin, directeur de la maison de couture.

Le film, qui sera diffusé à l'heure initiale prévue pour le défilé, ne met en lumière que six modèles. "Ne pas trop voir, trop montrer. Ça nous permet d'avoir un peu plus de temps et de différencier" ce que la maison va présenter aux unes ou aux autres", précise-t-il.

Car souvent, après le défilé, les clientes "se battent, si elles ont eu un coup de coeur. Et si une autre posait une option avant moi ? Il faut faire vite". Là, en l'absence de présentation publique, elles savent que le couturier leur fera des propositions ciblées...

Rendez-vous avec toute l'équipe dans un studio photo pour le tournage. Michaela Tomanova, mannequin tchèque vedette de la maison, s'amuse de ses boucles blondes ou joue les femmes fatales, c'est selon. Un éclairage doux et des volutes de fumée dramatique caressent sa silhouette filiforme et sensuelle. "C'est une femme, avec des seins, des hanches. Pas une gamine", souligne le couturier à la barbe soignée.

Julien Fournié et sa première couturière, Madame Jacqueline, ajustent une robe sur le mannequin Michaela Tomanova, le 30 juin 2020 à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

"On ne crée pas de la mode, on crée des personnalités", confie-t-il en coulisses. "Je veux accompagner (les clientes) dans leur destin, leur donner un maintien, un envol."

Une robe en dentelle noire brodée de sequins des années 1940, recouverte d'un tulle aspergé de gouttelettes d'argent massif pris dans du silicone. Délicatesse et haute technicité. Une petite traîne termine ce fourreau étroit, permettant de ne pas entraver la démarche : Michaela s'avance en confiance, légère et conquérante.

AFP/VNA/CVN

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