>>Le président iranien en visite en France
"C'est un nouveau chapitre de nos relations qui s'ouvre aujourd'hui", a assuré lors d'une conférence de presse commune le président français François Hollande.
"Oublions les rancœurs", avait déclaré dans la matinée M. Rohani, en appelant à une "relation nouvelle" et à profiter de "l'atmosphère positive" suscitée par la levée des sanctions contre son pays pour donner "un nouvel élan" aux relations bilatérales.
Le président François Hollande (droite) accueille le président iranien Hassan Rohani, le 28 janvier à Paris |
Depuis la révolution islamique de 1979, les relations entre Téhéran et Paris ont traversé nombre de crises jusqu'à l'apaisement obtenu à la faveur d'un accord international en juillet sur le programme nucléaire iranien.
À la faveur de la levée des sanctions internationales, l'Iran et ses 79 millions d'habitants s'ouvrent aux industriels occidentaux. "À nous Français de nous ruer (en Iran) et de ne pas perdre de temps", a résumé Pierre Gattaz, président du patronat français.
Un protocole d'accord pour l'acquisition par Téhéran de 118 avions du consortium européen Airbus a été conclu pour un montant évalué à 25 milliards de dollars.
Le géant pétrolier Total a signé un contrat pour acheter à Téhéran "entre 150.000 et 200.000 barils par jour" de pétrole brut. L'Iran dispose des quatrièmes réserves mondiales d'or noir et exporte un peu plus d'un million de barils sur les 2,8 millions produits chaque jour.
Avions, pétrole et voitures
Le constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën a officialisé son retour dans le pays, via une coentreprise avec l'entreprise Iran Khodro qui pourra investir jusqu'à 400 millions d'euros sur cinq ans. PSA espère produire à terme 200.000 véhicules par an.
Les géants de la construction Bouygues et Vinci, ainsi que le gestionnaire des aéroports de Paris ADP ont aussi signé des protocoles d'accord pour développer trois aéroports en Iran. De leur côté, la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et les chemins de fer iraniens (RAI) ont signé un protocole de coopération dans quatre domaines dont l'exploitation de gares et le développement de lignes à grande vitesse.
Séance de travail entre les délégations française et iranienne, le 27 janvier à Paris. |
La question des droits de l'homme en Iran a été abordée lors des entretiens. Le président Hollande a ainsi souligné devant son homologue "l'attachement de la France aux droits de l'homme". "Nous avons parlé de tout, parce que c'est toujours la règle de conduite de la France", a-t-il précisé.
Au début de sa visite officielle, les autorités françaises ont accordé jeudi matin 28 janvier au président Rohani le privilège rare des honneurs militaires.
Les entretiens devaient permettre d'essayer de rapprocher les points de vue "en particulier sur l'affaire syrienne", selon un diplomate français. "Il est urgent de mettre en œuvre des mesures humanitaires et de négocier une transition politique. Elle est possible", a déclaré M. Hollande, en déplorant une "négociation qui tarde à s'ouvrir" à Genève entre les belligérants sous l'égide de l'ONU.
France et Iran doivent ensemble "lutter contre le fanatisme, le terrorisme et l'extrémisme", notamment en partageant leurs renseignements, a affirmé de son côté le président iranien. "Nous devons être actifs dans ces domaines en échangeant nos informations du point de vue des renseignements", a-t-il ajouté.
Paris, proche de l'Arabie Saoudite, a aussi abordé avec le président iranien la crise aiguë qui secoue les relations irano-saoudiennes. Les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques début janvier après l'exécution d'un dignitaire chiite par Ryad et le saccage de l'ambassade saoudienne à Téhéran.