Oostduinkerke, "dernier endroit au monde" pour la pêche aux crevettes à cheval

Les chevaux avancent lentement, parallèles à la plage, dans l'eau jusqu'à l'encolure. Les cavaliers, vêtus de vestes et pantalons cirés jaunes, tranchent sur le bleu du ciel. Les mouettes s'agitent dans le sillage des filets tractés par les chevaux.

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Un pêcheur à cheval tire ses filets à crevettes à Oostduinkerke, sur la mer du Nord, le 24 octobre 2024 en Belgique. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans la commune belge d'Oostduinkerke, sur la mer du Nord, on pratique toujours la pêche aux crevettes à cheval.

Cette tradition côtière a progressivement disparu à travers l'Europe, mais elle s'est maintenue ici, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. Bien qu'elle ne soit plus exploitée commercialement, elle constitue un argument touristique majeur pour cette petite commune située à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec la France.

À l'origine, les agriculteurs se rendaient sur la côte pour pêcher et compléter leur alimentation. Ils ont commencé par tirer des filets à pied, puis ont utilisé des mules et progressivement des chevaux de ferme, plus robustes et capables de tracter des filets plus grands. Cette méthode est connue en Belgique ainsi que dans le Nord de la France, aux Pays-Bas et dans le sud de l'Angleterre.

Un spectacle vivant et captivant

Ce jour-là, cinq pêcheurs s'affairent à pêcher la crevette grise sous un soleil radieux fin octobre, profitant de la marée basse. "C'est le dernier endroit au monde où l'on pêche de cette manière", explique Gunther Vanbleu, un pêcheur flamand, tout en triant sa pêche sur la plage. Une foule impressionnante de curieux brandit leurs smartphones pour immortaliser la scène.

"Être sur son cheval, dans la mer, c'est assez fun en fait. Et nous sommes habitués à avoir du public, car c'est unique et les gens aiment voir ça", ajoute-t-il. Près de 200 personnes sont présentes pour assister au spectacle. Le produit de la pêche du jour ne sera pas vendu ; les quelques kilos de crevettes seront cuisinés par les familles pratiquant encore cette pêche et partagés entre amis.

L'activité perdure et attire toujours les touristes d'avril à octobre. Gunther Vanbleu est optimiste : "Je pense que cette tradition va se poursuivre", souligne-t-il, mettant en avant l'impact du classement au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.

Les défis du changement climatique

Les crevettes du jour d'un pêcheur à cheval à Oostduinkerke, sur la mer du Nord, le 24 octobre 2024 en Belgique. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Interrogé sur l'impact du changement climatique, Vanbleu note des évolutions : "Nous voyons que cela évolue un peu : la température de l'eau, l'arrivée de nouvelles espèces...". Il s'inquiète que si l'eau se réchauffe trop, les crevettes pourraient se déplacer vers des eaux plus froides. "C'est une possibilité. Si cela arrive, nous verrons bien. Pour le moment, ce n'est pas encore un problème", conclut-il.

La pérennité de cette tradition unique dépend non seulement des efforts locaux pour la maintenir vivante mais aussi des conditions environnementales qui lui sont favorables. Alors que le monde fait face aux conséquences du changement climatique, les pêcheurs d'Oostduinkerke continuent d'incarner un savoir-faire ancestral qui attire toujours autant d'admirateurs.

La pêche aux crevettes à cheval n'est pas seulement une activité économique ; elle représente également un lien profond avec la culture locale et l'environnement maritime. En préservant cette tradition, Oostduinkerke montre comment les pratiques culturelles peuvent coexister avec les défis contemporains tout en offrant une expérience inoubliable aux visiteurs.

Alors que cette méthode de pêche unique perdure face aux défis modernes, elle demeure un symbole vivant d'un héritage culturel précieux. La passion des pêcheurs et leur engagement envers cette tradition témoignent d'une volonté collective de préserver un savoir-faire qui fait partie intégrante de l'identité locale.

AFP/VNA/CVN

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