Nuit blanche pour tenter d'amener le traité sur la haute mer à bon port

Les États membres de l'ONU étaient toujours à pied d'oeuvre samedi matin 3 mars, après une nuit blanche, pour tenter de surmonter leurs divisions et accoucher d'un traité pour protéger la haute mer, trésor fragile et vital qui couvre près de la moitié de la planète.

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Des militants de Greenpeace déploient une bannière demandant un traité pour la haute mer, devant le siège de l'ONU à New York, le 27 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après plus de 15 ans de discussions informelles puis formelles, les négociateurs ont déjà dépassé de plusieurs heures les deux nouvelles semaines de pourparlers à New York, troisième "dernière" session en moins d'un an.

Entre bouffées d'espoirs de passer enfin la ligne d'arrivée et inquiétudes d'un nouvel échec, les négociations ont pris des allures de montagnes russes ces derniers jours au fil des revendications et des compromis de diverses délégations.

Et au petit matin samedi 3 mars à New York, des négociateurs étaient toujours réunis à huis clos pour résoudre la question hautement politique du partage des éventuels bénéfices issus des ressources marines génétiques récoltés en haute mer.

"Nous avons encore quelques questions à clarifier, mais nous faisons des progrès et les délégations montrent de la flexibilité", a assuré la présidente de la conférence Rena Lee lors d'une séance plénière éclair vers 01h30 du matin (06h30GMT).

En attendant, ce chapitre des ressources marines génétiques est absent du dernier projet de texte actualisé qui compte en outre toujours des dizaines de parenthèses.

"Cela pose la question, à ce stade avancé, de comment toutes les passer en revue", a commenté Nathalie Rey, de la High Seas Alliance qui regroupe une quarantaine d'ONG.

Jeter l'éponge ?

"Mais à 04h00 du matin, il est clair qu'ils essaient toujours de toutes leurs forces d'obtenir un traité aujourd'hui, sinon ils auraient déjà jeté l'éponge", a-t-elle déclaré à l'AFP, notant l'espoir qui persiste chez de nombreux délégués.

Même si des compromis sont trouvés sur toutes les questions encore en suspens, le traité ne pourra être formellement adopté lors de cette session, a expliqué Rena Lee.

Mais il pourra être "finalisé", sans possibilité de rouvrir des discussions "sur le fond", avant une adoption formelle "à une date ultérieure" quand il aura été passé au crible par les services juridiques et traduit dans les six langues officielles de l'ONU.

Même sans adoption formelle, ce serait "une étape majeure", a déclaré à l'AFP Veronica Frank, de Greenpeace.

La haute mer commence là où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des États, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes, et elle n'est donc sous la juridiction d'aucun pays.

Même si elle représente plus de 60% des océans et près de la moitié de la surface de la planète, elle a longtemps été ignorée dans le combat environnemental, au profit des zones côtières et d'espèces emblématiques.

Les écosystèmes océaniques fabriquent pourtant la moitié de l'oxygène que nous respirons, limitent le réchauffement en absorbant une part importante du CO2 émis par les activités humaines, et nourrissent une partie de l'humanité.

Mais ils sont menacés par le changement climatique, les pollutions en tous genres et la surpêche.

Équité Nord-Sud

Les négociations du futur traité se sont cristallisées sur plusieurs contentieux : procédure de création des aires marines protégées, modalité de mise en oeuvre des études d'impact sur l'environnement des activités envisagées en haute mer, et surtout partage des potentiels bénéfices issus des ressources marines génétiques.

Pour de nombreux observateurs, cette question se résume à une question d'équité Nord-Sud. "De la géopolitique", commente Minna Epps, de l'Union internationale pour la protection de la nature (UICN).

Les pays en développement sont en effet inquiets de ne pas être pleinement partie au traité faute de ressources financières, et craignent d'être privés de leur part du gâteau de la commercialisation de potentielles molécules miraculeuses découvertes dans ces eaux internationales.

Avec une annonce vue comme un geste pour renforcer la confiance Nord-Sud, l'Union européenne a promis, à New York, 40 millions d'euros pour faciliter la ratification du traité et sa mise en oeuvre initiale.

Au-delà, elle s'est engagée à consacrer plus de 800 millions d'euros à la protection des océans en général pour 2023, lors de la conférence "Notre Océan" qui s'est achevée vendredi 3 mars à Panama. Conférence qui a vu au total des engagements de près de 20 milliards d'USD - dont près de 6 milliards des États-Unis.

En cas d'accord, restera à savoir si le texte approuvé sera suffisamment solide, avec les compromis consentis, pour permettre de protéger efficacement les océans et d'atteindre l'engagement pris en décembre par l'ensemble des gouvernements du monde de protéger 30% des terres et des océans de la planète d'ici 2030.

Un défi quasi impossible sans inclure la haute mer, dont environ 1% seulement est protégé aujourd'hui.

AFP/VNA/CVN

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