C’est en octobre 2011 qu’elle a pris le poste d’animatrice linguistique et culturelle auprès des filières universitaires francophones à l’Antenne de Hô Chi Minh-Ville du Bureau Asie-Pacifique de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF).
Ilsiona Nuh à la fête du 20 mars 2012 à l’Université de Hanoi |
Photo : AUF/CVN |
Après avoir fini ses études, Ilsiona a postulé au programme de Volontariat de la Francophonie (VIF). «J’ai toujours voulu partir à l’étranger, pour retourner dans mon pays riche d’expériences. Pourtant, je n’ai jamais imaginé partir si loin. Je voyais une probable expatriation, mais toujours autour de l’Europe».
Partir loin de son pays, de sa culture est une épreuve qui demande beaucoup de courage. Mais par dessus tout, il y avait cette envie de connaître le monde, de se régénérer. «Je compare cela à l’expérience d’un cavalier dont le combat est celui d’accepter et de partager les mœurs et les coutumes d’une autre société, différentes de la sienne. Ceci, bien sûr, demande beaucoup d’efforts et d’humilité». Elle dit cependant avoir de la chance d’avoir été encouragée par sa famille à partir en mission, et de continuer de recevoir ce soutien.
Des chocs culturels au rendez-vous !
Ilsiona n’a visiblement pas échappé aux chocs culturels. «Quand on parle du Vietnam on ne peut pas ne pas mentionner la circulation et les embouteillages ; c’est un spectacle choquant. J’aime bien marcher, mais malheureusement, ici le concept de + trottoir+ n’est pas bien développé, et les motos y passent tranquillement. D’où mon expression : +s’il faut mourir d’un accident, c’est dommage de mourir ailleurs+».
Autre aspect qui l’a davantage marquée, c’est que les femmes sont couvertes de masques et de gants. «Normalement, on a le cliché que seulement les femmes musulmanes se couvrent ainsi. L’esthétique s’approche de la religion. Et au Vietnam ou dans le Sud-Est asiatique, on aime la peau blanche, signe de beauté. Les bronzées sont mal jugées. Personnellement, je suis habituée à marcher sous le soleil, bras nus. Mais, des goûts et des couleurs, on ne discute pas».
Malheureusement, Ilsiona n’a pas eu l’occasion d’apprendre la langue vietnamienne. «Entre le travail et mes études, je n’ai pas de temps. Mais j’ai quand même un dictionnaire de poche français-vietnamien». Ceci ne l’empêche pourtant pas de profiter pleinement des aspects culturels de son pays d’accueil. «J’ai eu aussi la chance d’habiter avec des Vietnamiennes. La propriétaire de mon appartement et la femme de ménage viennent de Hanoi. Le contact quotidien avec elles et le fait de vivre à Hô Chi Minh-Ville me permettent de voir les nuances culturelles entre le Nord et le Sud. Par exemple mon dîner du Têt était un plat spécial de la cuisine du Nord. J’ai adoré la soupe de bambou ! Ma propriétaire de maison, elle est très gentille avec moi et elle me fait me sentir en famille. C’est d’une aide capitale pour résister ici». Outre les langues française et albanaise, sa langue maternelle, Ilsiona atteste d’un niveau de base en anglais et russe.
Un parcours universitaire francophone remarquable
Contrairement à la majorité des VIF qui ont une certaine expérience professionnelle avant leur départ en mission, aussi petite soit-elle, Ilsiona est fraîchement sortie de l’université, embrassant la vie active par cette première expérience à l’international.
Détentrice d’une licence en langue française, filière traduction et interprétariat (juillet 2009), en juillet 2010, elle décroche son master professionnel en didactique du français, langue étrangère, à l’Université de Tyrana, pour poursuivre, depuis septembre 2011, une formation ouverte à distance de master recherche en littératures modernes et contemporaines.
Aux jeunes francophones désireux de participer au programme de VIF, Mademoiselle Nuh demande d’être courageux. «C’est une expérience inoubliable et enrichissante, affirme-t-elle. Chaque culture a ses propres valeurs à offrir. Ouvrez vos esprits en partant loin à la découverte de l’autre».
AUF/CVN