New York restitue à l'Égypte 16 œuvres d'art pillées

La justice new-yorkaise a restitué mercredi 7 septembre à l'Égypte 16 œuvres d'art pillées, dont cinq avaient été saisies au printemps au prestigieux Metropolitan Museum of Art (Met), dans le cadre d'une enquête sur un trafic international impliquant l'ancien patron du Louvre à Paris.

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Un portrait funéraire saisi par la justice américaine au Metropolitan museum de New York.
Photo : AFP/VNA/CVN

Depuis deux ans, la justice de l'État de New York mène une vaste campagne de restitution d'antiquités pillées dans le monde et qui ont atterri dans des musées et galeries de la mégapole : de 2020 à 2021, au moins 700 pièces ont été rendues à 14 pays, dont le Cambodge, l'Inde, le Pakistan, l'Égypte, l'Irak, la Grèce ou l'Italie.

Mercredi 7 septembre, après une cérémonie avec le consul général d'Égypte, le procureur de l'État de New York pour Manhattan, Alvin Bragg, a annoncé la restitution au "peuple égyptien" de 16 antiquités d'une valeur de "plus de quatre millions de dollars (américains)".

Lors d'une cérémonie similaire mardi, 58 œuvres de l'Antiquité romaine, dont 21 saisies au Met, avaient été rendues à l'Italie pour une valeur de "près de 19 millions de dollars".

"La restitution d'aujourd'hui montre l'ampleur des réseaux de trafic d'antiquités", a dénoncé le procureur Bragg. Par l'entremise de trafiquants israéliens, neuf œuvres égyptiennes étaient aux mains de "l'un des plus grands collectionneurs d'art ancien au monde", Michael Steinhardt, a détaillé le procureur.

Quelque 70 millions d'USD

Cet octogénaire new-yorkais a été contraint par la justice en 2021 de restituer 180 antiquités pillées et vendues ces dernières décennies pour une valeur totale de 70 millions d'USD. Cet accord lui a permis d'éviter une inculpation, mais lui interdit à vie d'acquérir des œuvres sur le marché licite de l'art.

Cinq autres pièces d'Égypte avaient été saisies en mai au Met, d'une valeur de 3,1 millions d'USD, dans le cadre d'une enquête entre New York et Paris pour laquelle l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez a été inculpé en France.

Ces cinq antiquités issues du "réseau de trafiquants Dib-Simonian avaient été pillées sur des sites archéologiques en Égypte, passées en contrebande de l'Allemagne ou des Pays-Bas vers la France et vendues au Met par la société parisienne Pierre Bergé & Associés", selon le procureur Bragg.

Le parquet de Manhattan souligne que "le partage d'informations avec des enquêteurs du monde entier a conduit à l'inculpation ou à l'arrestation de neuf personnes en France, dont l'ancien directeur du Louvre Jean-Luc Martinez".

M. Martinez, qui conteste les faits, est accusé d'avoir fermé les yeux sur les faux certificats d'origine des pièces égyptiennes et a été mis en examen pour "complicité d'escroquerie en bande organisée et blanchiment". L'enquête parisienne cherche à établir si, parmi des centaines de pièces pillées pendant le Printemps arabe en 2011, certaines ont été acquises par le Louvre Abou Dhabi.

Parmi les cinq œuvres saisies au Met, figure la "stèle d'un chanteur", en calcaire, de 690-650 avant J-C et pillée dans le delta du Nil lors de la révolution égyptienne en 2011, vendue "aux enchères à Paris chez Pierre Bergé & Associés", selon la justice new-yorkaise. La société aurait ainsi fourni un faux certificat d'origine et vendu la stèle au Met en 2015. Même circuit pour un "portrait du Fayoum" du Ier siècle après J-C.

Les enquêteurs new-yorkais ont aussi mis la main sur une statuette en bronze du VIIIe siècle avant J-C achetée par un marchand d'art libanais, George Lotfi, qu'il a revendue au Met en 2006.

Cet octogénaire, longtemps informateur de la justice américaine, est depuis août la cible d'un mandat d'arrêt international émis par les États-Unis pour la possession présumée de centaines d'œuvres pillées au Proche-Orient.

AFP/VNA/CVN

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