Mondiaux sur route : le triomphe de Van der Poel, acrobate et guerrier

Acrobate et guerrier à la fois, Mathieu van der Poel est devenu le premier champion du monde néerlandais depuis 1985 dimanche 6 août en imposant sa force et sa science du pilotage, à l'issue d'une course dantesque dans le dédale de Glasgow.

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Mathieu van der Poel (centre), Wout van Aert (gauche) et Tadej Pogacar (droite) à Glasgow le 6 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

Même une chute sur les routes détrempées d'Écosse, une chaussure cassée et une combinaison déchirée n'ont pu arrêter le petit-fils de Raymond Poulidor qui, après ses victoires à Paris-Roubaix et Milan-Sanremo, confirme qu'il est le meilleur coureur de classiques du moment.

Parti à 22 km de l'arrivée, il a glissé dans un virage six bornes plus loin, tapant violemment le sol. Mais il a su se remobiliser pour continuer à étendre son avance et devancer d'une 1 min 37 sec son éternel rival et souffre-douleur belge Wout Van Aert, venu le saluer d'une poignée de main fraîche et furtive.

Le Slovène Tadej Pogacar, qui a battu le Danois Mads Pedersen au sprint pour la troisième place, complète un podium difficile à égaler en matière de prestige.

"C'était l'un de mes derniers grands objectifs. Cette victoire complète ma carrière, c'est sans doute la plus belle. Je ne peux même pas imaginer courir une année entière avec le maillot arc-en-ciel", a réagi Van der Poel.

Premier champion du monde néerlandais depuis Joop Zoetemelk, il succède au palmarès au Belge Remco Evenepoel, moins à l'aise dans les parties techniques et incapable de suivre les meilleurs dimanche 6 août.

"Au moment de ma chute, je me suis dit que c'était terminé. Je n'en aurais pas dormi pendant des jours. Heureusement que j'ai pu repartir", a ajouté Van der Poel, avant de se diriger en boitillant, vers le podium, enivré par la victoire mais abruti de fatigue.

"Zombies"

Il n'était pas le seul à traîner la patte à l'arrivée, preuve de la dureté d'une course qui a fait vivre un enfer au peloton, avec ses 480 virages au programme sur le circuit de Glasgow visité, pour ne rien arranger, par plusieurs grosses averses, une spécialité locale.

Mathieu van der Poel à Glasgow le 6 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Je n'avais jamais rien vu de tel, ce parcours… c'est trop", a commenté dégoûté le Letton Krists Neilands, un des 51 valeureux, sur 195 au départ, à avoir survécu à une course extrême de 271 km.

Interrompue pendant près d'une heure par des militants écologistes en début de journée, elle s'est avérée divertissante pour les spectateurs (près de 500.000 dont 190.000 à Glasgow, selon les estimations du gouvernement britannique relayées par l'UCI) mais brutale pour les coureurs.

"Une des courses les plus dures de ma carrière. Les 70 derniers kilomètres ont été de la pure souffrance. À la fin on était tous morts, c'était un sprint de zombies avec Mads", a rapporté Pogacar qui regrettait des montées "trop courtes" pour faire la différence.

Le mérite de Van der Poel, quintuple champion du monde de cyclo-cross, n'est est que plus grand, tout comme le fait d'avoir su créer un tel écart face aux autres monstres.

La France n'a pas pesé

Il a longuement savouré son triomphe, se prenant la tête entre les mains en franchissant, très ému, la ligne sous les yeux de ses parents et de sa copine.

Mathieu Van Der Poel à Glasgow le 6 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

"C'est une revanche aussi après ce qui s'est passé l'année dernière", a ajouté le petit-fils de "Poupou" qui avait abandonné au bout de 30 km aux Mondiaux-2022 en Australie après avoir passé la nuit au poste à la suite d'une altercation avec deux adolescentes dans son hôtel.

"Je ne pouvais pas faire plus, Mathieu était trop fort aujourd'hui", l'a félicité Van Aert qui tentera de se consoler vendredi prochain avec le contre-la-montre, alors que Van der Poel visera le lendemain l'or en VTT aussi lors de ces "Super Mondiaux" en Écosse.

Van Aert regrettait seulement l'absence d'oreillettes sur les Mondiaux qui oblige de courir "à l'aveugle". "On ne savait pas que Mathieu avait chuté. Courir sans oreillette, je trouve ça étrange. Sans info, on courait pour la deuxième place, ça aurait peut-être été différent si on avait su. Mais c'est aussi une bonne chose que ça n'ait pas influencé la course en fin de compte."

Contrairement à ces trois dernières années, la France repart, elle, sans médaille.

Les Bleus n'ont jamais réussi à peser sur la course. Leur leader désigné Christophe Laporte, vice-champion du monde en titre, a été retardé par un ennui mécanique au plus mauvais moment lorsque Belges et Danois forçaient l'allure en tête, à une centaine de kilomètres de l'arrivée.

Il a abandonné quelques tours plus loin en compagnie de Julian Alaphilippe, double champion du monde en 2020 et 2021.

AFP/VNA/CVN

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