Mon Vietnam d’aujourd’hui

Vantant les mérites de mes propres performances au travail et profitant du laxisme momentané (tout de même rarissime) d’une chef débordée, me voici rentrant de manière inopinée à la «Maison».

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Dang Thi Phuong Lan
32 ans
Viêt Kiêu de Belgique

En moins de 12 heures d’avion via un vol direct au départ de Paris Charles-de-Gaulles, j’arrive agréablement surprise à destination. En effet, il faudrait tout de même préciser que la «Maison» en question, se trouve quand même sur un autre continent que celui où je vis aujourd’hui, dans un petit village tout à fait sans histoire, à 20 km de Hanoi, dans un pays qui a une belle forme en S - le Vietnam.

12 heures d’avion et voilà ! C’est dingue comme il est facile aujourd’hui d’aller et venir dans mon pays d’origine !

Il faut dire que j’étais partie adolescente à l’étranger. Il y a énormément de choses qui m’ont touchée ou surprise à chaque fois que j’ai eu l’occasion de rentrer au pays depuis, que ce soit la vie quotidienne, les transports ou les moyens de communication.

Cette fois ne fait pas exception!

Le Vietnam grand ouvert vers l’extérieur

La rue Vo Chi Công à Hanoï.

À mon arrivée à Hanoï, en attendant les bagages, j’ai eu une discussion tout à fait naturelle avec une gentille petite dame aux cheveux poivre et sel, de l’âge de ma mère. En bavardant avec elle, j’ai appris pêle-mêle qu’elle est devenue grand-mère il y a quelques années et qu’elle revenait de 3 mois de baby-sitting pour sa petite-fille vivant avec ses parents à Paris, qu’elle a fait un joli tour de l’Europe et qu’elle reviendra de nouveau en France dans quelques mois. Je me surprenais à sourire en pensant que le Vietnam d’aujourd’hui est tellement plus ouvert vers l’extérieur qu’il n’est en rien exceptionnel d’entendre de telles histoires.

La moiteur étouffante de l’air ambiant m’a cependant vite ramené à la dure réalité en sortant de la fraîcheur climatisée de l’aéroport.

Jésus ! (ou devrait-je dire Bouddha !) certaines choses ne changent pas !

Soit ! La météo, nul ne peut la maîtriser. Tout le reste, tout ce qui peut changer a changé si vite au Vietnam, à Hanoi ou ne serait-ce que dans mon propre village ces dernières années.

Prenons les routes et les chemins par exemple. Il y a quelques années, les pistes en terre étaient la norme. Aujourd’hui, de nouvelles routes, de nouveaux ponts, des chemins bordés de palmiers ou d’arbustes sont sortis de terre. Des routes à quatre voies côtoient de petits chemins vicinaux. Des palmiers et arbustes décoratifs frôlent des rizières ou des champs inondés de liserons d’eau… Les voitures, les motos mais aussi les voitures de luxe sont partout ! Des petites, des grandes, des rouges, des noires… envahissent villes ou campagnes, et ceci sans parler du projet de métro aérien en cours à Hanoi. Vaguement, j’ai la nostalgie du temps des vélos... Que sont-ils devenus ?

Le niveau de vie s’est tellement amélioré que parfois j’ai du mal à réaliser qu’il s’agit du développement normal d’un pays en plein boom économique.

Hausse considérable du niveau de vie

Aujourd’hui, les motos mais surtout les belles voitures sont partout au Vietnam.
Photo : Phuong Lan

Parlons du niveau de vie justement. Il y a encore peu de temps, s’il y avait un supermarché dans le coin c’était un évènement! Aujourd’hui, à 10 petites minutes de voiture de mon village, il y a 2-3 grands centres commerciaux avec des centaines de magasins, de cafés et restaurants ! À cela viennent s’ajouter d’innombrables échoppes qui poussent comme des champignons après la pluie! De véritables temples de la consommation !

Les enseignes de luxe dominent les magasins locaux, avec des prix scandaleux de plusieurs de millions de dôngs contrastant avec les petits marchés de villages où une gerbe de liseron d’eau coûte seulement une poignée de dôngs !

En me promenant avec mon père et ma mère retraités dans ces centres commerciaux, je me sentais parfois mal à l’aise de voir que les prix de certains articles peuvent atteindre le même montant que leurs pensions de retraite. Avec un salaire d’employé moyen européen, je me demande qui est assez sensé pour dépenser de telles sommes, surtout au Vietnam où les écarts de salaire sont importants ! Je comprends cependant que c’est l’économie de marché, celle de l’offre et de la demande. S’il n’y avait pas de demande, il n’y aurait pas d’offre donc, forcément, cela signifie qu’il y a des gens qui veulent ces choses à ces prix.

Petites retrouvailles entre amis

Dans le supermarché Big C à Hanoï.

Je n’ai pas besoin d’aller bien loin non plus pour remarquer que le niveau de vie s’est considérablement amélioré. Il m’a suffi de retrouver quelques amis. Gardant le contact via Facebook Messenger, Skype, WhatsApp ou Viber et toutes les applications possibles et imaginables qui existent aujourd’hui, nous nous sommes enfin réunies avec mes deux meilleurs amies autour un repas, après une dizaine d’années pendant lesquelles chacune a suivi son propre chemin.

Je me retrouve pas moins penaude dans la superbe voiture climatisée de plusieurs centaines de millions de dôngs de l’une d’entre elles. Je suis déjà un peu honteuse de posséder moi-même une voiture que je garde précieusement au garage sans avoir encore le courage de prendre le volant ! Cette amie travaille pour une société de télécommunication chinoise et sans connaître précisément son salaire, je devine que cela doit se chiffrer en milliers de dollars.

Je ne parle pas de la deuxième amie qui force aussi mon respect. En effet, à 32 ans tout comme moi, elle possède déjà sa propre petite société, deux enfants et arrive à pratiquer de la gym à la salle de sport cinq fois par semaine ! Moitié amusée, moitié dépitée, je me marmonnais à moi-même en sortant du super restaurant où elles m’avaient invitée : «Tu vois, tu peux faire mieux ma vieille, tu dois faire mieux…!».

Voilà mon village, mon Hanoï, mon Vietnam d’aujourd’hui. Tellement dynamique, tellement curieux et tellement ouvert ! Que l’on aime ou que l’on n’aime pas ! Mais si on l’aime, j’aime à imaginer qu’on peut y trouver son compte de plaisirs !


Dang Thi Phuong Lan/CVN

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