>>Mode à Milan : le monde enchanté de Gucci, les contrastes de Wunderkind
Défilé Dolce Gabbana, le 25 septembre Milan. |
À l'heure de la sieste, alors qu'un soleil éclatant éclabousse le bitume milanais à l'extérieur du vieux cinéma Metropol, où défile la maison, Domenico Dolce et Stefano Gabbana annoncent la couleur. Au fond de la salle, de majestueux bananiers se reflètent sur des parois couvertes de miroirs, tandis qu'une grande enseigne lumineuse rouge proclame en lettres majuscules : "Tropico italiano".
Au premier rang, non pas les directrices apprêtées des magazines de mode, mais une brochette de blogueurs, mannequins et "fils de", tous stars des réseaux sociaux, tels que Cameron Dallas, Brandon Thomas Lee, les Françaises Thylane Blondeau et Sonia Ben Ammar pour n'en citer que quelques-uns.
"Une émotion, un style de vie"
Soudain, descendant des gradins au milieu du public, déboule un groupe de jeunes en survêtements, le maillot de foot sur les épaules, ou en t-shirts et jeans moulants, la chemise nouée autour de la taille. Comme s'ils venaient de se rencontrer, ils se font l'accolade et envahissent cette place imaginaire en improvisant une danse électrique entre hip-hop et tarentelle sicilienne.
Ce n'est pas la seule Sicile, leur grande source d'inspiration, que le duo de créateurs a voulu raconter dans cette collection, mais plutôt "une émotion, un style de vie", expliquent-ils. La chaleur du Sud, ses traditions, ses symboles, et surtout son énergie vive...
Défilé Marni, le 25 septembre Milan |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Au son de l'accordéon défilent ainsi les premiers mannequins dans les tenues d'apparat étincelantes d'une joyeuse fanfare locale. Le drapeau italien s'imprime sur des jupes en soie, les touches d'un piano s'enroulent en mini-jupe. Une jupe tournante blanche aux larges rayures noires rappelle les tricots des gondoliers.
Roses, tournesols, marguerites… Les fleurs éclatantes de la Méditerranée enrichissent les vêtements ou parent, en gros bouquet, une chevelure. Des coquillages et des poissons viennent se poser sur une robe résille aux allures de filet de pêcheur.
Des manteaux recouverts de sequins de toutes les couleurs alternent avec des looks plus "streetwear", tels ces bermudas en jeans déchirés ou ce sweat-shirt, ornés de broderies.
Les clins d'oeil au folklore sicilien ne manquent pas, des images de madones aux grosses croix richement décorées, en passant par les multiples médaillons et porte-bonheur accrochés à certains pantalons et jupes.
Des petits lampions-ampoules multicolores, notamment, illuminent les serre-têtes diadèmes de ces dames à la façon des guirlandes lumineuses, qui décorent les rues de Palerme les soirs de procession, ajoutant à l'esprit festif de la collection.
Marni et Ferragamo : recherches sur les formes
Après le baroque sicilien de D&G, place au calme serein de Marni avec des silhouettes monochromes dans des volumes amples, où tout se joue sur la construction d’un vêtement décomposable à l’infini. Des tabliers ou jupes, serrées à la taille par d’épais cordons, se superposent à des chemises transformables en robes ou à des pantalons multipoches.
Défilé Ferragamo, le 25 septembre Milan |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des ceintures affublées de grosses poches-sacoches en popeline blanche, en cuir noir ou dans le même tissu du vêtement s'ajoutent ou s’enlèvent au gré des besoins, gonflant les flancs comme les basques volumineuses des robes d’autrefois.
Les références au monde de la mer sont nombreuses, comme les tuniques en soie plissée, qui semblent se gonfler sur un buste, telle une voile sous un coup de vent.
Mais aussi les gros sacs de marin, les cordes et les œillets métalliques, et jusqu’aux fentes horizontales de ses robes composées de bandes de tissus empilées, tels les voiliers des vieux gréements.
On retrouve la même recherche sur les formes et la même idée de vestiaire pragmatique façonné à partir de coupes essentielles chez Salvatore Ferragamo. Les épaules et manches sont arrondies, tandis que la silhouette est fuselée, les jupes longues et étroites s’évasant seulement à la hauteur du genou.
Des plastrons tricotés au crochet viennent s’apposer sur une chemise ou se portent à même le torse nu, retenus par des rubans dans le dos.
Enfin, Angela Missoni, directrice artistique de la célèbre maison aux chevrons, propose à son tour une garde-robe, décomposable à plaisir, avec une série de tricots en lurex de différentes longueurs et couleurs à mettre sur des jupes droites descendant jusqu’aux mollets. Des hauts en maille sans manches s’ajustent à la taille, superposés à des robes ou des polos ultra fins dans un effet trompe-l’œil de bandes horizontales de différentes teintes. La garde-robe se complète par des micro-bikinis en crochet.