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Environ 70.000 saisonniers sont employés chaque année dans le secteur agricole, parmi lesquels 90% de travailleurs étrangers, selon l’Association des producteurs britanniques. |
Photo : Christian Giugliano/CVN |
À peine plus de trois mois après la sortie de l’Union européenne, assortie de la promesse d’un durcissement de l’immigra-tion de la part du gouvernement de Boris Johnson, un charter transportant 180 travailleurs agricoles qualifiés roumains a atterri mi-avril à Londres.
Selon la presse britannique, il s’agit du premier de six vols affrétés par les exploitants agricoles pour combler le manque provoqué par les restrictions sur les déplacements imposées par de nombreux pays en pleine pandémie de coronavirus (COVID-19).
Ces mesures ont bloqué la venue de ces travailleurs déjà moins nombreux depuis le référendum de 2016 sur la sortie de l’Union européenne, découragés par la baisse de la livre et l’atmosphère parfois xénophobe qui avait entouré les débats politiques.
Environ 70.000 saisonniers sont employés chaque année dans le secteur agricole, parmi lesquels 90% de travailleurs étrangers, essentiellement issus de Roumanie, Bulgarie et d’Ukraine, selon l’Association des producteurs britanniques.
L’arrivée en charters des saisonniers roumains, mis en quarantaine à l’hôtel à leur arrivée, a fait s’étrangler l’ambassadeur de Roumanie à Londres qui a jugé l’opération "pas opportune" dans la situation actuelle, mais reconnu ne pas pouvoir contrôler les initiatives privées. Elle a été organisée par G’s Fresh, un gros producteur alimentaire situé dans la région de Cambridge, qui a expliqué à l’AFP vouloir disposer d’un "pourcentage de travailleurs expérimentés" pour "former" sa nouvelle main-d’œuvre.
L’entreprise, qui a besoin de 3.000 saisonniers chaque année, a en effet recruté près de 500 employés sur le sol britannique ces trois dernières semaines pour travailler dans les champs de salades à partir de la dernière salade d’avril.
Première expérience
Des pommes Reinette d’Angleterre. |
Photo : potagercity.fr/CVN |
Elle s’est jointe ainsi à la mobilisation générale décrétée par le secteur. À l’heure où le confinement a dopé la demande en alimentation des ménages, un appel national baptisé "Nourrissez la nation" a été lancé, afin de trouver des candidats pour prendre la direction des champs.
Relayé dans les journaux et sur les réseaux sociaux, ce programme constitue "une excellente opportunité pour quiconque souhaite s’impliquer, afin de faire en sorte que les fruits et légumes du pays parviennent à nos consommateurs", a salué Jack Ward, Pdg de l’Association des producteurs britanniques.
Reconnus par le gouvernement comme des "travailleurs clés", les saisonniers ont le droit de se déplacer pour se rendre sur leur lieu de travail. S’ils ont des enfants, ceux-ci peuvent bénéficier de solutions de garde, via les écoles locales.
Selon l’Union nationale des agriculteurs (NFU), il y a eu des "signes" positifs montrant un intérêt du public pour ces emplois temporaires. "À ce jour, nous avons reçu plus de 33.500 marques d’intérêt pour le programme - de personnes de tout le Royaume-Uni et d’ailleurs. Parmi eux, 16% ont ensuite postulé pour un job - soit actuellement un peu plus de 5.500", a indiqué Concordia, une des trois agences de recrutement qui ont lancé le programme "Nourrissez la nation".
L’agence souligne que "90% des candidats sont des citoyens britanniques dont la moitié ont perdu leurs revenus en raison de la pandémie de coronavirus". Pour beaucoup, ce sera leur première saison car "seuls 30% ont déjà travaillé dans le secteur agricole", souligne Concordia.
C’est une première aussi pour cette association internationale, basée à Brighton, sur la côte Sud de l’Angleterre et habituellement spécialisée dans les échanges internationaux. Au lieu de partir vivre une expérience à l’étranger au printemps, certains jeunes candidats choisiront à la place de se retrousser les manches pour cueillir salades, fraises et framboises.
AFP/VNA/CVN