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Le mouvement de grève générale dirigé contre le projet minier Tia Maria dans la région d'Arequipa (Sud) est entré dans sa troisième semaine, avec des signes de durcissement, notamment la mise en place de barrages routiers.
Manifestation contre le projet d'extraction minière Conga, dans la région de Cajamarca, dans le nord du Pérou, le 24 novembre 2011. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce projet d'1,4 milliard de dollars, mené par la compagnie minière Southern Peru, filiale de la mexicaine Southern Copper, doit voir le jour en 2016 mais fait l'objet depuis plusieurs mois de manifestations récurrentes de la part de la population qui estime qu'il nuirait à l'agriculture locale.
Plus de 200 conflits sociaux ont été enregistrés ces derniers mois au Pérou, essentiellement autour des conséquences environnementales de l'activité minière et pétrolière. Le pays latino-américain, qui possède d'importantes richesses naturelles dans son sous-sol, est le cinquième producteur d'or de la planète. Son secteur minier est considéré comme le plus important de son économie et l'un des plus dynamiques.
Le président Ollanta Humala, dans la dernière ligne droite de son mandat qui se termine l'an prochain, doit se rendre dans les prochains jours à Tia Maria, où ont déjà défilé plusieurs ministres cette semaine. Le mouvement, jusqu'ici cantonné à la vallée de Tambo où se trouve la mine de cuivre, s'est étendu à Arequipa, deuxième ville du Pérou.
La population s'oppose à ce projet depuis 2009 et, en 2011, trois personnes ont été tuées lors d'une manifestation. "Depuis ses débuts il près de six ans, le projet Tia Maria a généré des craintes et l'opposition de la population. Le fait est qu'aujourd'hui il n'existe pas ce que les sociétés minières elles-mêmes appellent le +climat social+ nécessaire pour leurs opérations", souligne l'ancien vice-ministre de l'Environnement José de Echave, dans une étude pour l'ONG CooperAccion.
Ralentissement économique
"Le souci de la protection de l'environnement est légitime, mais exige un équilibre", relève Carlos Herrera Descalzi, ex-ministre de l'Énergie et des Mines : "Le soin extrême de la nature signifie une stagnation économique, ce qui a des conséquences graves. Le gouvernement doit donner un message d'équilibre, ce qu'il n'a pas fait".
En outre, à un an des élections, "les mouvements anti-miniers utilisent les préoccupations légitimes de la population à des fins politiques". Pour le nouveau Premier ministre Pedro Cateriano, la population doit avoir conscience que le Pérou "est un pays minier".
Outre Southern Peru, la compagnie argentine Pluspetrol est sur la sellette dans les forêts amazonienne et centrale où les communautés indigènes réclament un fonds pour compenser les effets sur l'environnement de l'exploitation pétrolière.
En février, Pluspetrol a dû, à la demande du gouvernement, se retirer de la ville de Pichanki (centre) après la mort d'un manifestant dans des affrontements avec la police.
Mêmes tracas pour la compagnie Yanacocha, portée par l'Américain Newmont et engagée dans le projet de Conga (nord), une extension d'une des plus grandes mines d'or à ciel ouvert du monde : elle fait face à l'opposition de la population locale, qui craint la disparition des ressources en eau de la région.
"Mon terrain borde Yanacocha et possède plusieurs sources. Et cette eau nous la buvons, elle va à la communauté. Si je vends, quelle eau boirons-nous ? De quoi allons-nous vivre ?", racontait récemment à l'AFP Maxima Acuna de Chaupe, paysanne de 48 ans.
Ces conflits sociaux surviennent alors que l'économie du pays marque le pas avec une croissance de 2,35% en 2014, la plus faible en cinq ans, en raison notamment de moindres performances dans l'exploitation minière et la pêche.
"Alors que le Pérou est confronté à un ralentissement de son économie, la violence fait perdre des opportunités d'investissement pour le développement de projets miniers et énergétiques" , a regretté dans un communiqué la Société nationale des mines et du pétrole du Pérou (SNMPE).
"Nous avons besoin de stabilité juridique et politique, de paix sociale mais aussi de signes évidents que ceux qui nous gouvernent feront respecter la Constitution et l'État de droit", a-t-elle estimé.