Mer Orientale : analyses de deux experts français et indien

La Chine entame des démarches dangereuses en Mer Orientale pour étendre son territoire en mer d'une part et, d'autre part, intimider le Vietnam et les Philippines, selon le professeur français François Godement.

Le directeur du programme Asie et Chine du Conseil européen des relations internationales (ECFR) a averti du risque élevé de conflits dans la région en raison de récents actes de la Chine, dont le battage agressif de navires chinois contre des navires vietnamiens. Il est clair que la Chine n'a pas respecté les accords internationaux et qu'elle est prête à recourir à la force et menacer d'y recourir pour résoudre les différends territoriaux.
Appréciant la retenue du Vietnam face aux provocations de la Chine, le professeur François Godement a estimé qu'en dehors de l'établissement de nouvelles liaisons avec d'autres pays, le Vietnam devrait chercher des solutions juridiques et essayer d'éviter un conflit militaire. Il a indiqué que le Vietnam devrait resserrer ses liens avec les États-Unis, le Japon, l'Inde, l'ASEAN et l'UE.

Le professeur indien G. Vijayachandra Naidu, lors d'une interview de l'Agence Vietnamienne d'Information en Inde.

De son côté, le professeur indien G. Vijayachandra Naidu, du Centre d'études indo-pacifique relevant de l'Université Jawaharlal Nehru de New Delhi, a estimé que la Chine poursuivait une stratégie de "Salami slicing" en Mer Orientale pour occuper peu à peu cette région maritime.
Selon le professeur indien, cette stratégie a commencé en 1974 quand la Chine a envahi il y a 40 ans l'archipel vietnamien de Hoàng Sa (Paracel). Depuis lors, la Chine n'a cessé d'étendre son occupation sur la Mer Orientale, qui n'est pas seulement une zone géostratégique clé dans la région, mais aussi connue pour posséder de vastes ressources naturelles, en particulier énergétiques.
Le professeur G. Vijayachandra Naidu a sougliné que ces derniers actes chinois en Mer Orientale étaient graves. Il a prévu que la prochaine étape pourrait être sous le prétexte de défendre ses intérêts, en recourant éventuellement à des navires de guerre.
Selon l'expert indien, il est nécessaire que l'ASEAN adopte une position ferme pour obliger la Chine à arrêter tous ces types d'activités d'occuper peu à peu les îles. En particulier, le Vietnam devrait tenir des réunions et des consultations avec les dirigeants politiques et les experts pour les informer de la situation et mobiliser leur soutien.
Le 2 mai, la Chine a implanté la plate-forme de forage Haiyang Shiyou-981 (Hai Duong-981) à 15 degrés 29 minutes 58 secondes de latitude Nord et 111 degrés 12 minutes 06 secondes de longitude est, au sud de l'île de Tri Tôn, 80 milles marins à l’intérieur du plateau continental du Vietnam, à 119 milles de l'île de Ly Son et à 130 milles de la côte du Vietnam. Cet emplacement est situé profondément dans la zone économique exclusive du Vietnam selon la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 (CNUDM).
La Chine a mobilisé des avions et plus de 80 navires, dont des bâtiments de guerre, pour protéger cette plate-forme de forage pétrolier en eau profonde. Le 13 mai, elle a employé un total de 86 navires de neuf catégories : bâtiment de guerre, navire de garde-côte, de surveillance maritime, de patrouille maritime, d'administration de pêche, de sauvetage, de transport, pétrolier et bateau de pêche. Des navires chinois ont attaqué des navires vietnamiens, causant des dommages matériels et blessant des membres d'équipage.

VNA/CVN

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