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Un fidèle chiite portant un masque de protection participe à un rituel commémorant le martyre de l'imam Hussein, dans son mausolée à Kerbala, dans le Centre de l'Irak, le 29 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'Achoura commémore le martyre en 680 de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, un événement fondateur de l'islam chiite.
D'ordinaire, des millions de fidèles venus du monde entier convergent vers le mausolée au dôme doré de l'imam Hussein à Kerbala, dans le Centre de l'Irak, où ils prient et pleurent côte à côte.
Mais cette année les célébrations sont particulières en raison de la pandémie.
Seuls de petits groupes de pèlerins sont réunis sur l'esplanade devant la mosquée, vêtus de noir en signe de deuil, comme le veut la tradition durant l'Achoura, et portant des masques de protection.
Des employés pulvérisent du désinfectant et distribuent des masques. Pour accéder au mausolée, les pèlerins sont soumis à des prises de température.
Prier seul
À l'intérieur, des marques ont été ajoutées sur la moquette pour faire respecter la distanciation physique pendant la prière.
Des rouleaux de nylon empêchent les fidèles d'embrasser les murs, comme ils le faisaient autrefois en signe de révérence.
Mais dans l'enclave où est enterré l'imam Hussein, les pèlerins posent leurs visages sans masques sur le grillage les séparant du mausolée.
De nombreux visiteurs, en pleurs, essuient leur visage avec leurs mains nues -moyen de propagation du nouveau coronavirus.
Le nombre de pèlerins est nettement plus réduit que les années précédentes, autorités gouvernementales et dignitaires religieux en Irak, en Iran ou dans le Golfe ayant appelé à des pèlerinages virtuels et des commémorations limitées à la maison.
L'Arabie saoudite avait déjà organisé début août un hajj très restreint.
L'Iran chiite est le pays du Moyen-Orient le plus touché par la pandémie (plus de 20.000 morts).
Des fidèles chiites portant un masque de protection participent à un rituel commémorant le martyre de l'imam Hussein, dans son mausolée à Kerbala, dans le centre de l'Irak, le 29 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour l'Achoura, Téhéran a interdit les processions traditionnelles, les cérémonies dans les espaces clos, les représentations musicales ou les banquets, optant plutôt pour la diffusion des rites religieux à la télévision.
Même le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a prié seul, selon des images publiées par son bureau le montrant portant un masque dans une mosquée sur son lieu de résidence.
En Afghanistan et au Pakistan, les autorités ont fait état d'une baisse des nouveaux cas mais la sécurité demeure leur première priorité, l'Achoura ayant été à plusieurs reprises ensanglantée par des attentats visant les chiites.
Si de nombreux fidèles ont décidé de célébrer en famille, des milliers d'autres ont participé à des processions.
"Il n'est pas possible d'être infecté par le virus", dit Israr Hussain Shah, un chiite à Islamabad. "Les gens viennent plutôt pour guérir et se protéger."
"Un enfer "
Au Liban, pays qui s'enfonce dans une crise profonde, le Hezbollah a appelé à éviter les grands rassemblements à l'occasion de l'Achoura. Les fidèles sont invités à suivre les sermons en ligne sur les médias liés au mouvement chiite.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté la semaine dernière sur une hausse des cas de Covid-19 à un "rythme alarmant" en Irak, pays doté d'un système de santé à la peine depuis des années et qui a enregistré plus de 6.200 morts.
L'OMS a appelé à agir pour stopper l'épidémie en Irak "à tout prix". "Il ne doit pas y avoir de rassemblement à ce stade".
Toutes les provinces du pays ont connu une hausse de cas, Kerbala atteignant un record de 336 infections le 21 août au premier des dix jours du mois de Mouharram qui culminent avec Achoura.
La province a été fermée aux non-résidents pendant des mois mais deux jours avant l'Achoura, les autorités ont levé ces restrictions pour ouvrir l'accès à leurs compatriotes.
Mais certains ont préféré célébrer chez eux, comme Abou Ali, à Bagdad.
"Mes enfants, petits-enfants et moi nous rendons à Kerbala tous les ans, mais cette année nous avons peur du coronavirus", affirme-t-il. "L'imam Hussein ne voudrait pas que l'on se jette dans un enfer."
AFP/VNA/CVN