>>Quand le chant traditionnel rencontre la musique de chambre
Phó An My en scène de "Lửa" en 2014. |
Photo : Internet |
D’un doigté inouï au piano, Phó An My a toujours pour ambition tout au long de sa carrière d’interpréter la musique traditionnelle vietnamienne avec des instruments de musique occidentaux. Il y a dix ans, elle a rencontré le jeune arrangeur Dang Tuê Nguyên qui partageait justement la même idée. Le duo a pu avancer sur ce projet en commun, et ils ont monté ensemble les comédies musicales Bóng (Ombre, 2011) et Lửa (Feu, 2014), qui ont rencontré chacun un vif succès.
Les trois pièces sont toutes influencées par des genres théâtraux vietnamiens anciens. Si Bóng était une variation autour du chầu văn (chant religieux des médiums) et Lửa avec le tuồng (théâtre classique), Gió (Vent) est une comédie inspirée du chef-d’œuvre de chèo (théâtre populaire) intitulé Quan Âm Thi Kính. Le spectacle est divisé en cinq parties, Chạng vạng, Oan, Khát, Ru kệ, et Hóa (Crépuscule, Injustice, Souhait, Berceuse, et Nirvana), et c’est l’"Artiste du Peuple" Thanh Hoài qui est la chanteuse principale sur scène.
La pression monte pour la pianiste, qui n’hésite pas à partager ses angoisses et doutes. «Je suis stressée depuis le début de l’année. Je suis musicienne, mais aussi organisatrice du projet. Même si j’ai reçu l’aide de mes amis, je suis très fatiguée», avoue Phó An My. «Avec seulement deux soirées de concert, pour moi, c’est dommage. Mais en comparant avec mes collègues vietnamiens dans le domaine de la musique classique, je suis contente de pouvoir vendre des billets».
Mais Gió a de quoi largement tenir toutes ses promesses. À côté de l’arrangeur bien expérimenté Dang Tuê Nguyên, l’équipe rassemble également les musiciens les plus compétents de la musique traditionnelle du Vietnam. En plus, le directeur général du projet est le fameux compositeur Phó Duc Phuong, tandis que Vu Dinh Quân, l’ancien directeur du Théâtre national de chèo, a été engagé comme le conseiller artistique principal.
Internationaliser la musique traditionnelle
La pianiste Phó An My et l'arrangeur Dang Tuê Nguyên. |
Photo : NVCC |
«Nous allons nous intéresser plutôt à l’aspect romantique du chef-d’œuvre», insiste Phó An My. «L’histoire porte sur deux femmes, et je peux trouver une part de moi dans chacune d’elles. Je ne suis pas toujours une femme impétueuse et frénétique, je cherche également tous les jours la délicatesse», confie-t-elle.
Selon Phó Duc Phuong, le directeur général du projet, Gió sera la dernière comédie musicale pour Phó My An avant de retourner à la musique académique occidentale. «J’arrête seulement ce genre, autrement dit, la communication directe avec le public», partage-t-elle. «Je vais en revanche continuer à internationaliser la musique traditionnelle du Vietnam. À vrai dire, mes futurs projets seront plutôt des concerts», conclut-elle.
La comédie musicale Gió sera mise en scène le 29 octobre au Théâtre Công Nhân (Ouvrier), au 42, rue Tràng Tiên, à Hanoï ; et le 3 décembre à GEM Center, au 8, rue Nguyên Binh Khiêm, à Hô Chi Minh-Ville.