>>Resserrer le contrôle des cliniques employant des médecins étrangers
>>La sécurité alimentaire, priorité du Têt du Serpent
>>La surcharge des hôpitaux au cœur des préoccupations
Les personnes âgées sont bien prises en charge à la Maison de retraite Binh My, à Hô Chi Minh-Ville. |
Placer les personnes âgées en maison de retraite a longtemps été considéré comme une solution raisonnable aux États-Unis, en France ou même au Japon. À Hô Chi Minh-Ville, il est actuellement très difficile de trouver une maison de retraite digne de ce nom.
Mme Thanh Tâm habite dans le 10e arrondissement de la mégalopole. Très vite, elle s’est trouvée confrontée à divers problèmes de soins pour son père. En effet, sa santé s’est lentement dégradée et elle n’a pas pu le soigner minutieusement comme auparavant. Dans un premier temps, elle a employé des sortes d’«auxiliaires de vie» mais ces dernières ont cessé leur travail après seulement quelques mois. Sur recommandations de proches, Mme Tâm s’est mise en quête de trouver une maison de retraite pour son père.
Mme Minh Duong est dans la même situation que Mme Thanh Tam. Habitante du 3e arrondissement, elle cherche également une maison de retraite pour sa tante. Elle a confié : “Ma tante avait un fils unique mais il est décédé dans un accident de la route. Elle a dû vivre ainsi dans une grande solitude pendant de nombreuses années. Sa santé s’est dégradée à cause de la dépression. À sa demande, je suis à la recherche d’une maison de retraite où elle pourra être soignée quotidiennement et faire des connaissances”.
La population vieillit à un rythme soutenu
Trouver une maison de retraite confortable est une solution envisagée par de nombreuses familles. Si auparavant, cette solution paraissait «immorale» en raison des conceptions orientales où les enfants doivent s’occuper de leurs parents, aujourd’hui, c’est une mesure «acceptable» parce que les personnes âgées sont soignées au quotidien et que l’environnement est quasi un service hospitalier. De plus, les familles de nos jours sont éclatées et cette solution permet d’avoir plus de temps pour travailler ou chercher un emploi au lieu de soigner ses parents sans compétences médicales la plupart du temps.
La chercheuse Trinh Thi Hiên (Institut de recherche et de développement de Hô Chi Minh-Ville) confirme que la tendance est en marche d’autant plus que la population vieillit à un rythme soutenu. Le taux de personnes de plus de 60 ans dans notre pays représente 10% de la population, soit 9 millions de personnes. Selon les prévisions d’ici à 2030, ce taux passera à 17%, soit 16,5 millions. Ceci est un important défi pour le système de protection sociale.
Depuis un an, le père de Mme Thanh Tam vit dans une maison de retraite à Cu Chi. La santé de son père s’est d’ailleurs stabilisée. Deux fois par mois, elle lui rend visite avec le reste de la famille. Elle a confié : «En optant pour la maison de retraite, j’ai dû surmonter de nombreuses critiques de mes voisins. Cependant, je suis contente parce que mon père est bien soigné par le personnel. Sa santé est quelque peu meilleure. Il est gai parce que l’environnement de vie est confortable et convivial''.
Des proches visitent un pensionnaire à Binh My. |
«Les enfants paient cher pour que leurs parents bénéficient des services des maisons de retraite, ainsi à aucun moment on ne peut dire qu’ils se débarrassent de leurs parents. On doit avoir un regard neuf sur cette question», a conclu Trinh Thi Hiên.
Une offre à améliorer
Selon le Service municipal du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales, la ville compte 5.000 personnes âgées de 60 ans et plus, ce qui représente 5,4% de la population. Toutefois, selon Châu Minh Ty, chef de l’Association municipale des personnes âgées, la ville a trop peu d’établissements d’accueil des personnes âgées.
Il existe 3 types de maisons de retraite.
Primo, les centres publics de soins aux personnes âgées dont l’établissement Thanh Lôc dans le 12e arrondissement qui peut soigner plus de 300 retraités (handicapés, sans famille) ou celui de Thi Nghe avec 150 personnes (Mères héroïnes, personnes méritantes)… Actuellement, ce dernier a mis en œuvre expérimentalement des services de soins aux personnes âgées à but lucratif, mais avec un effectif limité.
Secundo, les établissements de soins aux personnes âgées sans appui familial fondés et gérés par des organismes de charité et/ou religieux. La plupart sont de petite superficie et disposent de capacités d’accueil modestes.
Tertio, les établissements privés comme le village de repos Ba Thuong (nom actuel : village de repos Thôn Kinh Dông) et la Maison de retraite Binh My (district Cu Chi). Cependant, le coût de ces centres est encore élevé, aussi seules les personnes âgées fortunées peuvent y résider à long terme.
Châu Minh Ty a informé que les établissements publics se destinent principalement aux objectifs fixés. Ceux fondés par les organismes de bienfaisance, n’ont pas de budget stable, aussi la qualité n’est-elle pas toujours là. Enfin, les établissements privés sont de bonne qualité mais chers et pas encore accessibles à la majorité des personnes âgées.
Il a ajouté que ces établissements sont précieux, qu’il faut en augmenter le nombre et diversifier leurs services face au vieillissement de la population et surtout à la solitude dont souffrent beaucoup de personnes âgées.
Texte et photos : Quang Châu/CVN