>>La fusion des banques va s’accélérer en 2015
Avec son taux de croissance à tout le moins «positif», le Vietnam est une destination de choix. En cette conjoncture qui reste encore délicate, les investisseurs portent une attention soutenue aux politiques de développement, au taux de croissance et autres facteurs qui prévalent à une opération de M & A. Le Vietnam satisfait ces facteurs.
Les institutions financières d’Asie, notamment les fonds d’investissement et les grandes banques, ont tous planifié leur conquête du marché des M & A dans cette région, dont le Vietnam en premier lieu. Les M & A promettent d’être animées : le pays s’attend à l’arrivée d’entreprises chinoises, japonaises, sud-coréennes, singapouriennes, hongkongaises, taïwanaises, malaisiennes, indonésiennes, philippines et australiennes.
Les M & A interviennent pour l’essentiel dans les secteurs de l’immobilier. |
La hausse du nombre de ces opérations ne répond pas seulement au développement des partenariats stratégiques, mais aussi à une volonté de constituer des groupes multisectoriels et/ou internationaux plus aptes à faire face aux aléas de l’économie mondiale. Et selon plusieurs économistes, les fusions et acquisitions sont considérées comme la voie la plus courte pour créer de tels groupes. Or, «le Vietnam offre de larges opportunités dans des secteurs comme la pharmacie, la banque, la finance, les télécommunications, les loisirs, l’immobilier, les biens de consommation...», estime Stephen Gaskill, vice-directeur général chargé du conseil aux entreprises de PricewaterhouseCoopers Vietnam.
La grande distribution au premier rang
Ces dernières années, les investisseurs étrangers se sont focalisés sur la finance, la banque, le commerce de détail et l’immobilier, qui représentaient plus de 60% du montant total des fusions et acquisitions, indique Pham Van Thinh, directeur général de Deloitte Vietnam, ajoutant que ces secteurs restent toujours attractifs pour les investisseurs. Parmi les affaires de 2014, la grande distribution occupe le premier rang avec 36% du montant total de 2,5 milliards de dollars. La deuxième place revient à la production d’articles de consommation de première nécessité, avec 21%, puis le secteur de l’énergie, avec 18%.
Dans la grande distribution, plusieurs noms géants du monde sont arrivés au Vietnam. Il s’agit de Lotte (R. de Corée), AEON (Japon) ou encore, prochainement, Auchan (France), E-Mart (R. de Corée), Takashimaya (Japon)... Le groupe thaïlandais Berli Jucker (BJC) a décidé en août 2014 d’acquérir pour 655 millions d’euros – soit 875 millions de dollars – l’entier capital de la société Metro Cash & Carry Vietnam. Cette transaction porte sur les 19 hypermarchés Metro Cash & Carry du groupe au Vietnam, ainsi que les biens immobiliers détenus par la filiale vietnamienne. Selon les prévisions, cette affaire de M&A devrait être achevée avant juin 2015. Berli Jucker (BJC) est l’un des premiers groupes thaïlandais spécialisé dans la grande distribution et le marketing. Les investisseurs sont optimistes sur un marché de 90 millions de consommateurs et d’une population de 600 millions d’habitants en Asie du Sud-Est une fois la Communauté économique de l’ASEAN créée en décembre 2015.
La dynamique est également observée dans la grande distribution. |
L’intérêt pour l’immobilier s’accentue encore cette année avec les nouvelles politiques pour ce secteur. L’assouplissement des conditions d’acquisition d’un logement par les étrangers est une grande nouveauté de la loi amendée sur le logement. Selon ce texte qui entrera en vigueur le 1er juillet 2015, il y a trois groupes d’étrangers qui sont autorisés à être propriétaires d’un logement au Vietnam : les organisations et les individus investissant dans un projet de construction de logements au Vietnam ; les entreprises à capitaux étrangers, les filiales et les bureaux de représentation des sociétés étrangères y compris de banques. Les modalités d’acquisition autorisées comprennent l’achat, la location à long terme, la donation et l’héritage. Les conditions pour devenir propriétaire au Vietnam sont maintenant favorables aux étrangers. Désormais, tout étranger séjournant au Vietnam pourra acheter des villas, des appartements et des logements de projets de construction dans les zones non-interdites par le gouvernement. Les étrangers pourront acquérir jusqu’à 30% des appartements d’un même immeuble et dans la limite de 250 maisons ou villas dans un même quartier.
Objectif : 20 milliards de dollars à l’horizon 2018
La deuxième vague de fusions et acquisitions prévue pour la période 2014-2018 devrait être plus importante que la précédente avec un volume de
20 milliards de dollars de capitaux. La première vague a eu lieu de 2003 à 2013 avec un apogée entre 2008 et 2013 et des transactions totalisant 15 milliards de dollars.
La participation des investisseurs étrangers sera un facteur important pour la réussite du projet national de restructuration des entreprises publiques, approuvé par le Premier ministre, qui prévoit l’actionnarisation de 432 entreprises publiques d’ici 2015. Pham Van Thinh, directeur général de Deloitte Vietnam, s’est déclaré persuadé que les fusions et acquisitions qui impliquent des investisseurs étrangers non seulement génèrent des ressources financières, mais aident aussi les partenaires vietnamiens à améliorer leurs capacités en administration d’entreprise et en stratégie de développement.
Les experts ont estimé que les investisseurs étrangers pourraient viser de grandes entreprises publiques dans des secteurs comme l’aviation, les ports maritimes et la production de biens de consommation. Ils ont cependant pointé un certain nombre d’obstacles qui empêchent les investisseurs de participer aux opérations de fusions et acquisitions, notamment le fait que l’État détient encore une grande proportion des capitaux dans nombre de secteurs, des prix inconsistants et de longues procédures pour la conclusion des opérations. Afin de saisir efficacement les opportunités de cette vague, les entreprises vietnamiennes doivent suivre les règles d’administration internationales et accélérer la fourniture d’informations plus transparentes aux investisseurs étrangers.
La fusion de deux entreprises n’est pas un calcul purement financier. Elle présente plusieurs avantages en termes de stratégie de croissance, d’externalisation, de développement de marchés, ou encore de transfert ou de renouvellement de technologies. L’Asie du Sud-Est est actuellement un «point chaud» des opérations de M & A. Les investissements étrangers directs ou indirects continueront d’augmenter à Singapour, en Indonésie, au Laos, au Cambodge et au Vietnam... Les fusions et acquisitions sont une bonne option pour le Vietnam car ce marché est encore jeune et la gestion de nombreuses entreprises de moyenne envergure laisse à désirer, selon un rapport de Grant Thornton International.