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Le traitement par les ARV permet d’aider les personnes atteintes du VIH à continuer de vivre en bonne santé. |
Aujourd’hui, le budget destiné à la prévention et à la lutte contre le VIH/sida est principalement composé des fonds d’aides internationales (environ 60%), d’une partie du budget central (32%) et du budget local (8%). Dans les temps à venir, pour prendre en charge les personnes contaminées par le VIH, les autorités devront utiliser les fonds de l’assurance-santé pour financer les frais de consultation médicale et les traitements par médicaments antirétroviraux (ARV).
Le Vietnam étant désormais classé parmi les pays à revenu intermédiaire, les organisations internationales ont commencé à baisser le montant des aides financières, qui devraient cesser complètement à terme. Afin de financer les campagnes de prévention contre le VIH, le Vietnam doit chercher de nouvelles sources de financement (dans le but d’être autonome financièrement).
La lutte contre le VIH face aux difficultés
Dans les années à venir, les programmes internationaux qui soutenaient l’action préventive du Vietnam contre le VIH/sida réduiront leur contribution. Par exemple, le soutien de la Banque asiatique de développement (BAD) prendra fin en décembre 2017 alors même que plusieurs projets visant à lutter contre le sida sont en train d’être mis en œuvre.
«Le Vietnam a mis en place un grand nombre de projets. Cependant, ces projets sont largement remis en cause pour les temps à venir. Essayer de maintenir ces projets est un immense défi à relever pour la lutte contre le sida au Vietnam», a souligné le Docteur Dô Huu Thuy, chef du bureau de communication du Département de prévention et de lutte contre le VIH (ministère de la Santé).
La plus grande difficulté du programme mondial de prévention et de lutte contre le VIH provient de la baisse des aides financière apportées par les États-Unis, qui fournissent près des deux tiers du budget mondial destiné à cette cause.
En 2016, les États-Unis ont contribué à hauteur de 5 milliards de dollars à la mise en application du programme Pepfar, qui a permis de prendre en charge 12 millions de personnes atteint par le virus. Toutefois, le président Donald Trump a récemment demandé la réduction de ces dépenses dans le projet de loi budgétaire 2018 des États-Unis. Cette décision est problématique aux yeux des acteurs impliqués dans la prévention du VIH.
Au Vietnam, le budget du programme Pepfar a été progressivement réduit depuis 2012. À partir de 2018, ce programme passera d’un soutien financier direct à une simple assistance technique.
Un lieu de sensibilisation sur la prévention et la lutte contre le VIH/sida |
Un lieu de sensibilisation sur la prévention et la lutte contre le VIH/sida. |
Le nombre de patients ayant besoin du traitement ARV continuera d’augmenter. Selon les estimations, d’ici 2020, environ 200.000 patients auront besoin de traitements. De ce fait, la demande en médicaments ARV risque fortement de croître. On sait déjà qu’il sera très difficile d’atteindre l’objectif initial qui était de fournir les médicaments ARV à 90% des personnes diagnostiquées positives.
En outre, chaque année, des millions de tests biologiques ont besoin d’être effectués pour analyser le VIH et faire avancer la science sur la maladie. Or, la majeure partie du budget consacré à la recherche scientifi-que est pris en charge aujourd’hui par des fonds internationaux. Si ces derniers continuent de diminuer, ce sera au patient ou à l’État vietnamien de payer.
Prendre les mesures qui s’imposent
Face à cette situation, de 2013 à 2014, le ministère de la Santé a consulté le gouvernement à propos de la promulgation du projet d’assurance du financement pour la prévention et la lutte contre le VIH. Dans le cadre de ce projet, des solutions ont été prises en vue de mieux mobiliser les ressources dans l’ensemble du pays.
Concrètement, la part du budget central destinée à la lutte contre le sida sera augmentée, et d’autres financements internationaux seront mobilisés dans la mesure du possible. En outre, il sera nécessaire d’utiliser plus efficacement les ressources mobilisées pour la prévention et la lutte contre cette maladie.
Le gouvernement a demandé aux provinces d’élaborer un projet de garantie financière. Aujourd’hui, les projets de plus de 50 provinces ont déjà été approuvés par les autorités.
«Dans les années à venir, on doit mettre l’accent sur l’importance de coordonner l’ensemble de ces projets afin d’utiliser plus efficacement les fonds. Il est nécessaire de mettre en place un budget commun, qui risque de devenir la principale source de financement des politiques de lutte contre le sida», a souligné le Docteur Hoàng Dinh Canh, vice-directeur du Département de prévention et de lutte contre le VIH.
Le sida en quelques chiffres
Le pays a enregistré le premier cas de VIH en 1990 et le premier décès à cause du sida en 1993. L’ONU et les épidémiologistes ont prévu alors que le Vietnam compterait 570.000 personnes atteintes du VIH. Dans ce contexte, par le biais de ses organisations membres, l’ONUSIDA a donné un coup de main au Vietnam.
Selon l’objectif 90-90-90 de l’ONU en 2020, 90% des séropositifs seront informés de leur contamination, 90% des séropositifs dépistés seront traités par les antiviraux et 90% des séropositifs traités par les antiviraux parviendront à contrôler la quantité de virus. Et en 2030, la pandémie VIH/sida serait éliminée.