Lutte contre la COVID-19, le Vietnam un cas exceptionnel

Que l’on se trouve à Yaoundé, Kharkiv, Toulon, ou encore à Hanoï, le constat semble être le même, la COVID-19 impose sa loi et pour y faire face, chaque pays adopte des mesures qu’il pense être efficaces pour faire barrière à cette pandémie qui ne cesse de causer tristesse et désolation dans les familles à travers le monde.

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Les cas exceptionnels de guérison de la COVID-19.
Photo : TN/CVN

L’épineux problème face à ce genre de crise pandémique ne se situe pas que sur la qualité du système de santé, mais beaucoup plus sur les décisions stratégiques par rapport aux méthodes adéquates pour endiguer le mal. C’est pourquoi le cas du Vietnam face à la lutte contre la COVID-19 est exceptionnel. Prenons l’exemple de la guérison au COVID-19 du pilote britannique appelé "patient 91" qui est devenu le symbole de la réussite du Vietnam dans la lutte contre la pandémie. Il s’agit d’un patient dont l’état était grave, désespéré, et proche de la mort, dont la capacité pulmonaire était réduite à 10%. Mais après d’intenses soins et 115 jours de traitement, il est sorti de l’hôpital le 11 juillet, tiré d’affaire et confirmant ainsi ce que disait déjà le journal Globe and mail du Canada dans un article le 27 mai dernier qualifiant le succès du Vietnam d’unique et exemplaire dans le combat contre la COVID-19.

L’expérience du passé avec le virus SRAS

Avec une population de 97 millions d’habitants, le Vietnam est l’un des pays les moins touchés d’Asie du Sud-Est et du monde en général. Partageant une frontière de 1000 kilomètres avec la Chine, pays où est apparu le virus et le premier cas de contamination, la performance exemplaire du Vietnam face à cette pandémie réside plus dans sa stratégie de lutte que ses infrastructures. D’ailleurs selon L’AFD (agence française de développement) le ratio du nombre de lits d’hôpital pour 1000 habitants est plus bas que dans les pays européens comme la France soit 3,2 en 2018 contre 6 en France. La clé du succès se trouve aussi dans l’expérience de la crise du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) de 2003, une maladie similaire au coronavirus dont une simple toux, un simple éternuement suffisaient à en propager le virus qui se manifestait par une grippe et des problèmes respiratoires.

C’est grâce à la même détermination et la mise en place de solutions adéquates que le Vietnam va vaincre le virus et deviendra ainsi le premier pays à être rayé de la liste des pays à transmission locale du SRAS, le 28 avril 2003.

Promptitude dans la réaction, dès les premiers signaux

À peine une semaine après le premier cas du coronavirus, le 23 janvier, la frontière avec la Chine est fermée et les écoles également n’ont pas rouvert après les vacances du têt. Le Vietnam ferme même la ville de Son Lôi située au nord de Hanoi, à proximité de l’aéroport international Nôi Bài, où vivent plus d’une dizaine de milliers de personnes. Dès le début du mois de mars, toute personne entrant au Vietnam est placée en quatorzaine jusqu’à la fermeture totale des frontières quelques jours après. Pendant ce temps, d’autres pays dans le monde notamment la France, le Cameroun et même l’Ukraine sont à la traine et se préparent à mettre en place quelques jours ou mois plus tard des mesures strictes tardives tout en constatant une vitesse exponentielle de contamination et les premiers cas de décès.

"Repoussons le virus corona, corona!", tel est le nom de la chanson qui compte aujourd’hui plus de 5 millions de vues sur Youtube. Ce spot de sensibilisation, mis en ligne par le ministre de la santé vietnamienne explique les mesures à adopter pour faire barrière à la covid-19. La vidéo montre clairement comment utiliser du savon et bien se frotter les mains… Un autre titre, Jaloux coronavirus dont le but est toujours de diffuser un message sur les attitudes que doit adopter la population, afin de faire barrage au virus, a fait un véritable tabac. Si ces méthodes semblaient au départ sans effets, ces vidéo et musiques ont finalement été d’une importance majeure pour la sensibilisation des populations.

Une méthode efficace

Le Vietnam a mis en place un système de dénomination des différents niveaux de liens avec les cas infectés du coronavirus. Ainsi, nous avions des F0 pour les personnes testées positives, ensuite une liste des personnes ayant été en contact avec F0 était établie, appelées F1. Celles-ci étaient mises immédiatement en quatorzaine dans des centres prévus à cet effet et devaient systématiquement elles aussi prévenir les personnes avec lesquelles elles avaient été en contact. Ces dernières quant-à-elles, étaient appelées F2 et devaient respecter des mesures strictes de distanciation sociale. Elles étaient également tenue de se confiner chez elles pour une durée de quatorze jours. Le processus est tel que si F1 est testé positif, il devient F0 et ainsi de suite. Cette méthode a permis de faire le moins de tests possibles et de ne cibler que les personnes revenant des zones de pandémie.

Remise des dons pour étudiants internationaux pendant le confinement.
Photo : IFI/CVN

Il faut aussi ajouter à cela les roulements du personnel de santé dans les dortoirs universitaires pour effectuer des tests. Quelques mesures de base s’y additionnent comme: la distanciation sociale de 3m, le port obligatoire du masque, la fermeture de tous les espaces publiques (boites de nuit, bar, snack, les zones touristiques à forte attractivité). Seuls certains supermarchés sont resté ouverts pour le ravitaillement en produits de premières nécessités. Certains pays comme le Cameroun ont décidé de laisser ouverts les bars, snacks, boîtes de nuit et autres.. Et à ce jour, le Vietnam compte au total 37 décès dû à la covid-19, tous issus de la deuxième vague.

Mesures sur le plan socio-politique et économique

La réussite sur la gestion de la crise COVID au Vietnam a aussi un aspect politique, car lors du prochain congrès prévu en janvier 2021, il faudra démontrer qu’en plus de la crise sanitaire maitrisée, l’impact de la pandémie est aussi maitrisable sur le plan économique et social car les différentes mesures prises ne sont pas sans conséquences. Le Vietnam qui enregistre une progression spectaculaire ces 30 dernières années, notamment sur la réduction de la pauvreté : 58,1% de la population vivant sous le seuil de pauvreté en 1993 contre 9.8% en 2016, un chiffre encore en nette progression en 2019, a su trouver des solutions en optant entre autres pour des mesures de report de taxes et de charges, en apportant des aides financières et une protection sociale aux plus démunis, et en proposant des accords pour des crédits à taux référentiels.

Pour Fabrice Richy, directeur de l’Agence française de développement (AFD) au Vietnam, "il est essentiel que le pays conserve ses acquis en matière de réduction de la pauvreté et de lutte contre le changement climatique. Le Vietnam est l’un des seuls pays à avoir atteint les objectifs du millénaire définis par les Nations unies et est en bonne voie dans l’atteinte des objectifs de développement durable. Afin de soutenir ces efforts, nous sommes actuellement en discussions avec le gouvernement vietnamien pour mettre au point un appui budgétaire exceptionnel".

À tout cela s’ajoutent les distributions de produits alimentaires de première nécessité, de vitamines et de masques ainsi que la gratuité de certains produits. L’IFI (Institut Francophone International) offre également un grand soutien sous forme de dons et diverses aides aux étudiants internationaux qui éprouvent presque tous des difficultés en cette période de crise sanitaire, loin de leur famille.

Quelques questions très importantes s’imposent à la réflexion: quel est exactement le traitement officiel ou encore "la potion magique" du Vietnam nonobstant toutes les mesures strictes et méthodes mises sur pied pour guérir tous ses malades ? Que deviendra le monde après la crise de la COVID-19 ? Ces questions feront l’objet d’autres recherches.


Yannick Stephane Nganou Kwefeu/CVN

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