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Le pays compte actuellement quelque 40.000 voitures de service réservées aux officiels gouvernementaux. |
Photo : CTV/CVN |
Le ministère des Finances (MF) est le porte-drapeau du pays dans l’application du régime de «l’usage de véhicules de service pour les déplacements des officiels». Désormais, tout officiel de rang vice-ministériel ou de chef de département du ou relevant du MF, bénéficie d’une prime de déplacement (trajets domicile-bureau) lors des jours ouvrés, au lieu de posséder, comme auparavant, un véhicule avec chauffeur permettant des déplacements libres.
Une lourde charge budgétaire
Cette décision du MF répond à la décision gouvernementale N°32 de fin 2015 qui l’enjoignait à examiner les pratiques d’emploi des véhicules de service pour le déplacement des officiels des ministères et organismes publics de rang équivalent, ainsi que des autorités locales des 63 provinces et villes du pays, en vue de prendre des mesures dont l’objectif est de réaliser des économies et, à tout le moins, d’éviter les gaspillages financiers, conformément à la Résolution du 3e plénum du Comité central du Parti communiste du Vietnam.
Selon le rapport du MF, le pays compte actuellement quelque 40.000 voitures de service au service des cadres de haut niveau. Un chiffre non négligeable qui recouvre une triste réalité : chaque année, l’État dépense la somme colossale de 13.000 milliards de dôngs en frais de carburant, d’entretien, de réparation, de chauffeur, de péage et de parking...
«Si l’on améliore la situation, le nombre de ces véhicules devrait diminuer de plusieurs milliers d’unités», affirme Trân Duc Thang, chef du Département de gestion des biens publics du MF. Les dépenses devraient baisser de 1.000 milliards de dôngs par an, selon les estimations des spécialistes. Pour Trân Duc Thang, son département est chargé d’établir un plan général sur le «régime forfaitaire d’usage de véhicule de service pour les déplacements des officiels», ainsi qu’un itinéraire pour son application dans l’ensemble du pays.
Le MF, unité chargée de gérer les véhicules de service, compte bien montrer l’exemple en appliquant le premier ce régime forfaitaire. Une décision N°1997 dispose que ce régime concerne les officiels du rang de vice-ministre et de chef de département du ou relevant du MF. Ceux-ci, qui auparavant avaient le droit d’utiliser gratuitement un véhicule de fonction avec chauffeur, bénéficient désormais d’une prime de déplacement quotidien pour le trajet domicile-bureau, indexée sur le tarif actualisé du même trajet en taxi, et ce pour 22 jours ouvrés par mois.
Cette décision est soutenue, notamment, par les économistes. Selon Mme le Docteur Pham Chi Lan, le «régime financier forfaitaire» lancé par le MF permettra d’une part d’économiser les dépenses, et d’autre part de permettre aux cadres de haut niveau d’être davantage conscients de leurs responsabilités, notamment de s’abstenir d’abuser des biens publics. «En effet, il y a des abus d’usage des véhicules de service. Un certain nombre d’officiels les considèrent comme les leurs, les utilisant même en dehors de leurs fonctions, même pour leur famille», explique l’économiste Pham Chi Lan. Et de citer des exemples à l’étranger où des officiels de haut niveau vont au travail par leur propre moyen, ou utilisent des véhicules que le gouvernement loue à une entreprise.
Et les avis des spécialistes
À Hanoï, c'est facile de prendre le taxi pour aller au bureau. |
Photo : CTV/CVN |
Le vice-Professeur et Docteur Dinh Trong Thinh, de l’Institut des finances, voit dans la décision du MF «une action courageuse». Car «elle marque le premier pas dans l’exécution d’une tâche importante qui est de réduire les dépenses courantes de l’État qui, jusqu’ici, prend en charge un parc colossal de véhicules de service». Toutefois, selon lui, la méthode de calcul de la prime de déplacement précitée du MF s’avérait «trop compliquée, et non-applicable dans tous les cas». À son avis, il est mieux de «fixer une prime forfaitaire de déplacement, commune à tous ses bénéficiaires». Ainsi, les officiels auront à choisir le moyen de déplacement le plus approprié.
La décision du MF préoccupe le milieu des officiels bénéficiant d’un véhicule de service. Selon l’analyse de l’économiste Nguyên Thanh Binh, de l’Institut de stratégies et de développement du ministère du Plan et de l’Investissement, «psychologiquement, leurs bénéficiaires ne veulent pas se priver de leur véhicule de fonction. Dans la rue, comme devant la police même, une voiture à la plaque d’immatriculation verte (plaque de l’État-NDLR) semble imposer, posséder un privilège particulier», explique-t-il. Un privilège particulier dont certains cherchent à profiter dans leur intérêt individuel, y compris pour la seule «image enviable de VIP» dans les yeux des autres. À côté des attitudes équivoques et temporisatrices, il y a ceux qui se sont montrés favorables à cette décision du MF. C’est le cas de Bùi Van Nam, chef du Département de l’imposition de ce ministère, qui a qualifié la décision de «raisonnable». «Je trouve normal de prendre le taxi pour aller au bureau, et, quoi qu’il en soit, on aura, comme toujours, un véhicule de service pour les déplacements officiels».
L’application de la décision du MF a été préparée. «Les débuts sont toujours difficiles», comme le dit un adage. De toute façon, «nous ne pouvons qu’attendre de bons résultats de cette réforme administrative», selon des spécialistes.