"L'orque à sa maman" : comment les mères orques âgées défendent leurs fils

Le meilleur ami d'un orque mâle ? Sa mère, surtout une fois celle-ci ayant atteint un âge vénérable. Chez les animaux, la ménopause est extrêmement rare, et c'est précisément ce qui a suscité l'intérêt de l'autrice principale de cette étude, Charli Grimes. "Comment et pourquoi la ménopause est-elle apparue est une grande question dans l'histoire de l'évolution", a-t-elle dit à l'AFP.

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Une image non datée d'un orque fournie par le Centre pour la recherche sur les baleines, basé dans l'État américain de Washington (Nord-Ouest).
Photo : AFP/VNA/CVN

"Dans les sociétés humaines, les femmes âgées jouent souvent un rôle de médiatrices dans les conflits, et cette étude montre maintenant que cela pourrait aussi être le cas chez les orques", a souligné la chercheuse en éthologie à l'Université d'Exeter, en Angleterre.

Ces travaux se sont intéressés à une population d'orques vivant dans l'océan Pacifique, au large des côtes d'Amérique du Nord -- une espèce menacée.

Ces orques vivent dans des cellules familiales centrées autour de la femelle: généralement, une grand-mère avec ses enfants mâles et femelles, et les petits de ces dernières.

Les mâles se reproduisent avec des femelles d'autres groupes, mais reviennent ensuite dans leur propre cellule familiale, restant ainsi proches de leur mère toute leur vie.

Les orques peuvent vivre jusqu'à 90 ans, dont plus de 20 après la ménopause.

Morsures 

Pour cette étude, Charli Grimes et ses collègues ont examiné l'accumulation de marques de dents sur les animaux -- des blessures laissées lorsqu'un orque en mord un autre, en jouant trop fort ou en se battant.

"Ces marques sont vraiment géniales pour quantifier les interactions sociales, qui sont autrement très difficiles à observer puisque la plupart de ces comportements se passent sous la surface" de l'eau, a expliqué la chercheuse à l'AFP.

Le Centre pour la recherche sur les baleines, dans l'État américain de Washington, a réalisé des recensements photographiques de ces orques depuis 1976, en identifiant les différents individus grâce à leurs ailerons et leurs tâches uniques.

Les orques, surnommés les "baleines tueuses", n'ont pas de prédateur naturel, et cette population là se nourrit uniquement de saumon, non de proies pouvant mordre. Les morsures ne peuvent donc qu'avoir été infligées par des congénères.

En analysant des milliers de photos à l'aide d'un programme informatique, les chercheurs ont observé que les mâles vivant avec une mère n'étant plus en capacité de se reproduire avaient 35% de marques de dents en moins que ceux vivant avec une mère n'ayant pas encore atteint la ménopause, et 45% de moins de ceux vivant sans leur mère.

Les chercheurs pensent que ne plus se reproduire permet aux mères d'avoir davantage de temps et d'énergie pour protéger leurs fils.

Comment exactement ? Il n'est encore possible que de faire des hypothèses, explique Charli Grimes. Peut-être utilisent-elles leurs connaissances sur les autres groupes d'orques pour éloigner leurs fils des fauteurs de troubles.

Ou peut-être interviennent-elles plus directement, en utilisant leurs vocalises pour retenir leur progéniture. Mais elles ne s'impliquent a priori pas physiquement, puisqu'elles ne présentent que peu de blessures elles-mêmes.

Filles moins protégées

Les filles, elles, n'avaient apparemment pas moins de marques de morsures que leur mère soit présente ou non.

Les femelles sont pour commencer probablement moins impliquées dans les affrontements, souligne la chercheuse.

Les mères pourraient aussi se montrer plus protectrices envers leurs fils car ceux-ci se reproduisent davantage (avec plusieurs femelles de plusieurs groupes), augmentant les chances de transmission des gènes.

L'idée que l'évolution ait fait en sorte que les mères puissent aider leurs enfants après l'étape de la reproduction est très établie chez les humains, a déclaré l'AFP, Ruth Mace, biologiste et anthropologue à l'University College de Londres.

"Donc c'est très intéressant de voir que cela est aussi le cas chez les orques", a commenté la chercheuse, qui n'a pas participé à ces travaux.

"C'est une étude remarquable, qui utilise des données sur le long terme extrêmement précieuses", a abondé Stephanie King, également extérieure à ces travaux, et dont la spécialité est l'étude des dauphins à l'université de Bristol.

De précédentes études ont montré que les orques âgées partagent leur poisson, transmettent leurs connaissances concernant les lieux et moments où trouver de la nourriture, et augmentent le taux de survie de leurs petits-enfants.

Une question importante reste de savoir comment exactement elles procèdent, ce que Charli Grimes espère clarifier en faisant voler des drones au-dessus des orques, afin de mieux observer leur comportement sous les vagues.

AFP/VNA/CVN

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