Royaume-Uni
Londres subventionnera à grands frais les factures d'énergie cet hiver

Après le gel des factures énergétiques déjà promis aux ménages, le gouvernement britannique de la nouvelle Première ministre Liz Truss paiera aussi, à grands frais, la moitié des coûts de l'énergie des entreprises cet hiver pour amortir l'envolée des prix.

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La Première ministre britannique Liz Truss au siège des Nations unies à New York, le 20 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Le gouvernement a fixé un prix de gros subventionné" pour six mois, qui devrait représenter "moins de la moitié des prix de gros prévus cet hiver" pour les entreprises, ONG et établissements publics visés par la mesure, selon un communiqué mercredi 21 septembre du ministère de l'Énergie et des Entreprises.

Le soutien "sera équivalent" à celui déjà annoncé pour les particuliers - qui plafonne pour deux ans les prix de l'énergie pour un ménage moyen à 2.500 livres par an, soit une ristourne de quelque 1.000 livres - et il comprend la suppression de certains prélèvements écologiques, précise l'exécutif. Le mécanisme pourrait être prolongé et davantage ciblé.

La flambée des prix de l'énergie est l'un des principaux facteurs dopant une inflation au plus haut depuis 40 ans outre-Manche, à 9,9% sur un an en août.

Ce plan de soutien "devrait réduire l'inflation de jusqu'à 5% et augmenter la croissance de jusqu'à 1%", a affirmé Liz Truss mercredi 21 septembre depuis New York.

Le monde des affaires applaudit. "Cela permettra à de nombreuses entreprises qui risquaient de fermer, licencier du personnel ou réduire leur production, de passer l'hiver", commente Shevaun Haviland, directrice générale des Chambres de Commerce britanniques.

Mais certaines "auront tout de même du mal à honorer leurs factures" et à se projeter au-delà de six mois, prévient-elle.

"Ça n'a jamais fonctionné" 

Mme Truss a défendu mercredi aux États-Unis, où elle participe à l'Assemblée générale de l'ONU, son plan pour "une économie forte, en croissance, dynamique", lors d'une table ronde avec les dirigeants de multinationales.

"Nous voulons des impôts plus bas et plus simples au Royaume-Uni pour stimuler les investissements, attirer davantage d'entreprises", mais aussi "introduire des zones d'investissement à faible taux d'imposition dans tout le pays", en particulier dans les régions défavorisées, a-t-elle dit.

Une approche critiquée indirectement par le président américain Joe Biden, qui s'est lui dit "fatigué de (cette théorie de) l'économie du ruissellement" (la richesse redescendant jusqu'aux plus modestes). "Ça n'a jamais fonctionné", a-t-il lâché dans un tweet.

Face aux craintes de récession, le gouvernement britannique compte en effet doper la croissance grâce à des réductions de taxes tous azimuts, qui ont tendance à favoriser les plus aisés comparé aux plus défavorisés, ce qu'a elle-même admis Mme Truss.

Une raffinerie à Southampton, en Angleterre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le quotidien The Times évoque une baisse de la taxe sur les transactions immobilières, en plus de celles déjà annoncées des contributions sociales, et de l'impôt sur les sociétés.

Le gouvernement doit présenter vendredi 23 septembre un "mini-budget" pour détailler le financement de ces mesures, qui devrait dépasser 100 milliards de livres, voire même 200 milliards selon une estimation de Barclays.

Ce plan doit être financé par l'emprunt, faisant craindre un dérapage des finances publiques.

Les réductions d'impôts annoncées mettront la dette britannique "sur une trajectoire insoutenable" critique le centre de réflexion Institute for Fiscal Studies (IFS) dans un communiqué publié mercredi 21 septembre.

Si l'emprunt public a baissé sur un an en août, après les sommets atteints avec les aides liées à la pandémie, il reste très élevé à 11,8 milliards de livres, selon des données publiées mercredi 21 septembre. La dette publique s'élève 96,6% du PIB.

L'IFS juge "décevant" que le gouvernement n'aie pas demandé, à l'occasion de la présentation fiscale de vendredi, de nouvelles projections économiques officielles à l'organisme public de prévision budgétaire OBR.

L'exécutif "choisit d'augmenter les emprunts au moment même où cela devient plus coûteux, en pariant sur une croissance qui pourrait ne pas porter ses fruits", estime Carl Emmerson, directeur adjoint de l'IFS.

Encore plus négatif, l'économiste de gauche David Blanchflower, ancien membre du comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre, qualifie dans une série de tweets de "désastre total" la politique économique "anti-pauvres" de Liz Truss, et affirmant que la dépréciation de la livre en est le baromètre.

Pour autant, juge de son côté Martin Beck, économiste de EY Item Club, "la baisse significative des prix de gros de l'énergie récemment indique que le gel des factures pourrait s'avérer moins coûteux que ne le laissaient présager les premières estimations".

AFP/VNA/CVN

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