>>Marine Le Pen lance une campagne contre le Pacte sur la migration
>>Immigration : Philippe prône de "réviser" les "logiciels" lors d'un débat sensible
Un canot de sauvetage de la RNLI sur une plage de Dungeness, sur la côte Sud-Est de l'Angleterre, le 24 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le chef de l'État, Emmanuel Macron, avait dans un premier temps annoncé un bilan de 31 morts, mais celui-ci a été revu à la baisse par le ministère de l'Intérieur.
Parmi les victimes figurent 17 hommes, dont deux décédés à l'hôpital, sept femmes et "trois jeunes", dont on ignore encore l'âge exact, a précisé la procureure de Lille, Carole Étienne.
Deux rescapés "apparemment Somalien et Irakien" étaient aussi hospitalisés et devraient pouvoir être entendus sous peu, a-t-elle indiqué.
"La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière", a réagi Emmanuel Macron, réclamant "une réunion d'urgence des ministres européens".
Il a promis que tout serait "mis en œuvre pour retrouver et condamner les responsables" de ce naufrage au large de Calais, qualifié de "tragédie" par le Premier ministre Jean Castex.
"Choqué, révolté et profondément attristé", le Premier ministre britannique Boris Johnson a assuré sur Sky News vouloir "faire plus" avec la France pour décourager les traversées illégales, pointant les désaccords franco-britanniques.
Lors d'un entretien dans la soirée, M. Johnson et M. Macron "ont convenu de l'urgence d'intensifier les efforts conjoints pour empêcher ces traversées mortelles", selon un porte-parole de Downing Street.
Autopsies
Ils ont aussi insisté sur "l'importance d'une collaboration étroite avec les voisins belges et néerlandais ainsi qu'avec les partenaires du continent".
Londres et Paris étaient déjà convenus récemment de renforcer leurs efforts pour tarir les départs, après l'arrivée le 11 novembre de 1.185 migrants en Angleterre, un record.
Le drame, redouté par les autorités et les associations, est de loin le plus meurtrier depuis l'envolée en 2018 des traversées migratoires de la Manche, face au verrouillage croissant du port de Calais et d'Eurotunnel, empruntés jusque-là par les migrants tentant de rallier l'Angleterre.
Des migrants débarqués d'un canot de sauvetage de la RNLI sur une plage de Dungeness, sur la côte Sud-Est de l'Angleterre, le 24 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les navires de sauvetage ramenant les victimes ont accosté dans la soirée dans le port de Calais. Les dépouilles étaient dans la nuit en cours de transfert à l'institut médico-légal de Lille pour autopsie.
La Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille a été saisie de l'enquête, ouverte pour "aide à l'entrée et au séjour irréguliers en bande organisée", "homicide et blessures involontaires" et "association de malfaiteurs".
L'épave a été saisie et sera examinée pour éclaircir les causes du naufrage, a indiqué la procureure.
Avant ce naufrage, le bilan humain depuis janvier s'élevait à trois morts et quatre disparus, après six morts et trois disparus en 2020.
Selon M. Darmanin, quatre passeurs soupçonnés d'être en lien avec la tragédie ont été arrêtés, mais la procureure n'a pas "confirmé cet élément dans le cadre de sa saisine".
"Corps à la dérive"
Le drame s'est déroulé sur un "long boat", un bateau gonflable fragile au fond souple dont l'utilisation par les passeurs s'est accrue depuis l'été. Le bateau était parti de Dunkerque selon une source proche du dossier.
"Nous avons récupéré six corps à la dérive", a raconté Charles Devos, le patron de la vedette Notre-Dame du Risban de la SNSM de Calais, décrivant "une embarcation pneumatique carrément dégonflée".
D’importants moyens ont été dépêchés lors du sauvetage, notamment deux hélicoptères et trois bateaux.
Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées dans la soirée près du port, munis de bougies. "Darmanin assassin t’as du sang sur les mains", ont-ils notamment scandé.
La Manche "est en train de se transformer en cimetière à ciel ouvert", s'est alarmé Pierre Roques, de l'Auberge des Migrants, une association locale.
L'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), "choquée et bouleversée", a estimé que "seuls les efforts coordonnés et solidaires (...) permettront de prévenir de nouvelles tragédies".
Les tentatives de traversées de la Manche à bord de petites embarcations ont doublé ces trois derniers mois, avait récemment mis en garde le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Philippe Dutrieux.
Au 20 novembre, 31.500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l'année et 7.800 migrants avaient été sauvés. Une tendance qui n'a pas baissé malgré les températures hivernales.
Selon Londres 22.000 migrants ont réussi la traversée sur les dix premiers mois de l'année.
AFP/VNA/CVN