Londres annonce des baisses d'impôts malgré ses finances publiques serrées

Les finances publiques sont serrées, l'économie à la peine, mais à quelques mois des élections législatives, le gouvernement conservateur britannique annonce mercredi 6 mars de nouvelles baisses d'impôts pour tenter de redorer son image abîmée par 14 années de pouvoir.

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Le Premier ministre britannique Rishi Sunak (gauche) et le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt, lors d'un déplacement dans le Yorkshire de l'Est, le 26 février.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt, détaillera peu après midi au Parlement les contours d'un budget qui, il l'a déjà dit, baissera les impôts. Il dévoilera aussi les dernières prévisions économiques de l'organisme gouvernemental de prévision budgétaire (OBR).

Selon la presse britannique, le gouvernement proclamera notamment une réduction des contributions sociales (National Insurance) de deux points de pourcentage, après une première baisse de ces cotisations dans son budget d'automne présenté en novembre.

"Ces derniers temps, l'économie britannique a été confrontée à une crise financière, une pandémie et un choc énergétique provoqué par une guerre sur le continent européen", énumère M. Hunt, dans des extraits de son discours transmis en amont à la presse.

Mais l'économie britannique va mieux, assure le chancelier de l'Echiquier (autre titre du ministre des Finances). "Grâce aux progrès réalisés (...) nous pouvons désormais aider les familles avec des réductions d'impôt permanentes", dit-il.

"Les conservateurs savent qu'une baisse des impôts signifie une croissance plus élevée", ajoute-t-il.

L'inflation, à 4% en janvier, a certes reflué depuis son pic de 11% fin 2022, mais elle reste au double de l'objectif de la Banque d'Angleterre (BoE). En outre, le Royaume-Uni est entré en récession fin 2023.

Et malgré un excédent budgétaire record en janvier, les finances publiques étaient en moins bonne forme que prévu en début d'année. La dette du secteur public, à environ 96,5% du produit intérieur brut (PIB), est à des niveaux plus vus depuis le début des années 1960.

Mais le gouvernement était pressé par ses rangs conservateurs d'annoncer des réductions d'impôts, alors que la pression fiscale culmine à des sommets et que des élections législatives sont prévues cette année - le parti est loin derrière l'opposition travailliste dans les sondages.

"Ce budget devrait être le dernier chapitre de quatorze années d’échec économique sous les conservateurs", a taclé la principale responsable économique du parti d'opposition travailliste, Rachel Reeves, en amont de la présentation du budget.

Craintes pour les services publics

"Alors que les taxes engloutissent une part aussi massive du PIB, toute réduction d'impôt est la bienvenue", estime Sarah Coles, analyste chez Hargreaves Lansdown, pour qui une nouvelle baisse des cotisations sociales permettrait aux Britanniques d'économiser en moyenne 450 livres par an, mais privera les caisses de l'État de 10 milliards de livres.

Pour autant, la première baisse de ces cotisations à l'automne "n'avait pas fait une différence majeure dans les sondages", et sa capacité à faire bouger les lignes électorales reste donc incertaine, poursuit l'analyste.

Mesure qui devrait faire bondir les écologistes, le Chancelier s'apprêterait aussi à prolonger une réduction de 5 pence des taxes sur les carburants, selon la presse locale.

Ces annonces de baisses d'impôts nourrissent les craintes de voir le gouvernement couper dans les budgets de services publics déjà éprouvés - comme la justice, la police ou encore le service public de santé, le NHS.

Mais ses marges sont limitées, car même sans coupes supplémentaires, les plans de dépenses déjà actés dans le NHS en Angleterre se traduisent dans les faits par des réductions de budget, pointe notamment le centre de réflexion Institute for Fiscal Studies (IFS).

Façade ensoleillée de la Banque d'Angleterre à Londres, le 12 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le gouvernement dit miser notamment sur une augmentation de la productivité des services publics.

Il a ainsi déjà annoncé que le budget comprendrait "un investissement total de 800 millions de livres d'ici 2029 pour générer des gains de productivité de 1,8 milliard de livres", en réduisant par exemple les tâches administratives de la police ou en luttant contre la fraude grâce à l'intelligence artificielle.

D'autres pistes du gouvernement pour équilibrer les comptes consisteraient, selon la presse britannique, à augmenter certains impôts pour en baisser d'autres.

Le gouvernement réfléchirait ainsi à supprimer ou réviser le statut fiscal avantageux des résidents étrangers - mesure empruntée aux travaillistes -, à augmenter les taxes sur les vapoteuses ou les propriétaires de résidences secondaires qui louent aux touristes.

AFP/VNA/CVN

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