L’offensive du Têt 1968 et l’aspiration à la paix des Vietnamiens

Il y a 55 ans, dans la nuit du 29 au 30 janvier 1968, le Front national de libération du Sud-Vietnam et l’Armée populaire vietnamienne ont lancé une série d’opérations militaires simultanées dans de nombreuses villes du Sud.

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Lors d'une réunion du Politburo du Parti communiste vietnamien au sujet de l'offensive du Têt 1968.
Photo : Archive/DCS/CVN

L’offensive du Têt 1968, nom d’après sa date de lancement au moment du Nouvel An lunaire, constituait un tournant majeur dans la guerre américaine au Vietnam. Elle a porté un coup dur à l’administration américaine : le président Lyndon Johnson a annoncé l’arrêt des bombardements dans le Nord et le démarrage des négociations des Accords de paix de Paris en 1973.

Un tournant majeur contre les Américains

Alors que les Américains et autorités sud-vietnamiennes dominaient sur le front, le Bureau politique du Parti communiste vietnamien a décidé de lancer une immense offensive militaire contre les centres urbains dans le Sud afin d’obliger les États-Unis à la désescalade et à accepter les négociations à Paris. Nguyên Van Bao, directeur de l’Académie de la politique relevant du ministère de la Défense, a précisé :

"Le Parti communiste vietnamien a profité des festivités du Têt pour lancer cette offensive générale. Les Américains ont été complètement surpris: du timing, des cibles, qui étaient des centres urbains, et notamment de l’ampleur de l’opération. On a ciblé non seulement quelques dizaines de positions comme l’a affirmé le renseignement américain, mais tout le Sud."

L’offensive du Têt a conduit à un tournant majeur. D’une envergure extraordinaire, elle a permis de mettre à néant la stratégie militaire des États-Unis et de mettre en avant l’art de la guerre des Vietnamiens. En effet, le Parti communiste vietnamien a créé une méthode d’attaque audacieuse et nouvelle pour porter un coup dur aux ennemis à un moment totalement surprenant.

Dans ses Mémoires intitulées Le point avantageux, publiées en 1972, le président américain Lyndon Johnson devait reconnaître : "Nous savions qu’il y aurait une démonstration de force de la part de notre adversaire, mais en réalité, cette offensive a été beaucoup plus intense que prévu… Nous ne pouvions pas imaginer qu’ils pouvaient attaquer simultanément autant de cibles et coordonner efficacement les actions dans tout le Sud… Et personne ne croyait qu’ils pouvaient lancer cette offensive au moment du Têt…"

La campagne du Têt 1968 a suscité un mouvement pacifiste contre la guerre du Vietnam aux États-Unis.
Photo : Archive/Arthur Rothstein/CVN

Pour sa part, Michael Mclear, auteur du livre La guerre de 10.000 jours a déclaré : "Il y avait beaucoup de surprises au cours de la guerre au Vietnam, mais rien n’était aussi stupéfiant que l’offensive du Têt."

Une signification stratégique

Cette campagne du Têt 1968 a suscité un mouvement pacifiste contre la guerre du Vietnam aux États-Unis. Nathaniel James, un militant pour la paix, a affirmé : "Le mouvement anti-guerre n’a vraiment explosé qu’après l’offensive du Têt. Cet événement a prouvé que la guerre du Vietnam n’était pas pour la population américaine et que les États-Unis pouvaient échouer pour rien."

Le colonel Charles Krohn, ancien officier du renseignement américain et auteur du livre Le bataillon perdu du Têt (The lost battalion of Têt), a indiqué : "L’offensive du Têt revêt une signification stratégique, car elle a affaibli le soutien des Américains à l’égard de la guerre du Vietnam. Il s’agit d’une grande défaite pour les États-Unis. À mon avis, cette offensive fait partie des événements clefs de la guerre du Vietnam."

Même s’il fallait attendre cinq ans pour le retrait total des Américains du Vietnam et sept ans pour la chute du régime de Saïgon, sur le plan stratégique, les États-Unis ont perdu la guerre du Vietnam dès le printemps de 1968. Cette offensive a témoigné de l’aspiration et de la détermination de l’armée et du peuple vietnamiens à la réunification nationale.

Au cours de l’offensive du Têt 1968, l’armée du Nord Vietnam a attaqué simultanément contre quatre des six grandes villes du Sud, 37 sur 44 cités et de centaines de localités, dont des positions militaires stratégiques du régime de Saïgon. Cette offensive a libéré 100 communes avec ses 1,6 million d’habitants, détruit 600 hameaux stratégiques et dispersé 150.000 soldats ennemis, a précisé le colonel Nguyên Van Sau, directeur adjoint de l’Institut de l’histoire militaire.

VOV/VNA/CVN



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