L’IRD main dans la main avec le Vietnam pour aller plus loin

Valérie Verdier, présidente - directrice générale de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) s’est rendue récemment au Vietnam. Elle a souligné les résultats importants de la coopération entre l’institut et le Vietnam. Interview.

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L’IRD est présent au Vietnam depuis 28 ans. Pourriez-vous passer en revue les travaux scientifiques que l’institut a menés au Vietnam ces derniers temps ?

La présidente - directrice générale de l’IRD, Valérie Verdier. Photo : IRD/CVN 

Nous avons établi de nombreuses collaborations de grande qualité avec nos partenaires vietnamiens, en particulier dans les domaines de l'agriculture et de l'agroécologie. Nous avons réalisé des avancées significatives, par exemple, dans la compréhension des mécanismes d'adaptation du riz aux changements climatiques et de sa résistance face aux maladies. Nous avons également réalisé d'importantes recherches sur les sols, en particulier sur les populations de vers de terre et leur contribution à la qualité du sol. Nous continuons à travailler sur les ressources en eau, les zones côtières (l'évolution du littoral face aux changements climatiques) ainsi que sur les questions de pollution, telles que le black carbon et la pollution plastique.

Tous ces travaux sont réalisés de manière co-construite, c'est-à-dire qu'ils résultent des priorités définies par le Vietnam à la France et l'IRD, et se concrétisent par des échanges entre les deux pays. Des chercheurs de l'IRD se rendent au Vietnam, tandis que des collègues, chercheurs et étudiants vietnamiens viennent travailler dans nos laboratoires en France. De plus, l'IRD investit dans la création de laboratoires mixtes internationaux, ce qui implique un engagement sur plusieurs années avec de jeunes équipes associées à l'IRD. Enfin, nous accordons une grande importance à la formation des étudiants en soutenant leur parcours académique.

Votre visite au Vietnam s’inscrit dans le cadre du 50e anniversaire de la coopération diplomatique entre la France et le Vietnam. Pourriez-vous nous faire part un peu du résultat de vos séances de travail avec les ministères, les instituts et universités vietnamiens lors de cette occasion ?

Le ministre des Sciences et des Technologies, Huynh Thành Dat, offre un cadeau à la présidente - directrice générale de l'IRD, Valérie Verdier, le 13 juillet à Hanoï. 
Photo : IRD/CVN 

Effectivement, j'ai eu des rencontres importantes et de haut niveau avec le ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement (MONRE) ainsi qu'avec le ministère des Sciences et des Technologies (MOST). L'objectif était non seulement de présenter les contributions scientifiques de l'IRD, mais également de mettre en avant l'équipe "France" qui comprend d'autres institutions telles que le CIRAD, le Musée national d'histoire naturelle (MNHN), l'Agence française de développement et l'ambassade, qui coordonne cette équipe.

Avec le MONRE, nous avons travaillé sur les enjeux environnementaux afin d'apporter un soutien aux collègues vietnamiens et aux instituts du MONRE pour aider le Vietnam à atteindre son engagement de neutralité carbone d'ici 2050, en mettant l'accent sur une transition énergétique équitable. L'IRD a déjà développé plusieurs projets dans ce domaine, donc il y a beaucoup de travail à faire. Il est important de continuer ces collaborations avec le MONRE.

Valérie Verdier se rend visite au laboratoire CARE à Hô Chi Minh-Ville, le 15 juillet. 
Photo : IRD/CVN 

Avec le ministère des Sciences et des Technologies (MOST), nous avons discuté des travaux en cours au Vietnam concernant son littoral. Le ministre était préoccupé par les problématiques d'érosion côtière et souhaitait savoir comment nous pouvions les accompagner. Il s'est montré très intéressé par la campagne océanographique côtière PLUME, organisée par l'IRD en 2024.

Nous avons également renforcé notre coopération avec l'Académie vietnamienne des sciences et des technologies (VAST), l'Université des sciences sociales et humaines (USSH), l'Institut national de nutrition (NIN) et l'Université Thuy loi. J'ai également eu l'occasion de visiter le Musée de la nature du Vietnam et le Musée d'ethnographie du Vietnam. Le programme de ma visite était très riche et fructueux.

Le monde évolue. Quels sont les secteurs scientifiques prioritaires de l’IRD à l’avenir dans le cadre de sa coopération avec le Vietnam ?

Cérémonie de signature de l’accord-cadre entre l'IRD et l’Académie des sciences et des technologies du Vietnam, le 12 juillet à Hanoï. 
Photo : IRD/CVN 

Nous accordons une grande importance aux approches interactives et collaboratives. Par exemple, le concept de "One Health" (Une Santé) est une priorité. Nous avons établi un laboratoire mixte international dans la région, la DRISA, grâce à l'appui de l'ambassade de France à travers le Fonds scientifique prioritaire et d'innovation (FSPI). Cette approche "One Health" est essentielle dans le contexte de la pandémie de COVID-19, des impacts du changement climatique et de l'intensification des phénomènes météorologiques, ainsi que de la transformation des systèmes alimentaires.

Dans le domaine des systèmes alimentaires, nous mettons l'accent sur les approches interactives qui intègrent la santé, la météorologie et la compréhension du climat. Nous ne négligeons pas non plus les sciences humaines et sociales, car nous évoluons dans un contexte de changements sociaux. Nous avons besoin d'anthropologues, de sociologues et nous nous intéressons également à l'urbanisation. La priorité est donc de privilégier des approches différentes, car l'IRD est un institut interdisciplinaire. Nous aborderons chaque thématique, telle que la ville, le littoral et la santé, en combinant différentes expertises disciplinaires, afin de favoriser une approche intégrative et holistique. Nous impliquons tous les acteurs de la société, non seulement la recherche, mais aussi les ONG, les associations et les consommateurs, afin d'analyser ensemble les problèmes et de choisir la direction à suivre avec nos partenaires vietnamiens.

Les changements climatiques sont une des préoccupations majeures du Vietnam. Que pensez-vous des efforts du pays face à ces défis ?

Une sortie sur terrain de la présidente - directrice générale Valérie Verdier avec l’équipe de recherche PLUME à l’estuaire Van Uc, le 11 juillet. 
Photo : IRD/CVN 

Le Vietnam s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, en tant que signataire de l'Accord de Paris. Cette politique ambitieuse témoigne de la détermination du Vietnam à mener une transition énergétique juste et à réduire sa dépendance au charbon. Nous saluons cette position et l'IRD est là pour collaborer avec les chercheurs vietnamiens afin de relever ces défis. Notre objectif est d'apporter les connaissances nécessaires pour soutenir le Vietnam dans la réalisation de ses engagements en matière de développement durable, de la meilleure façon et le plus rapidement possible.

Je suis convaincu que le Vietnam dispose de tous les atouts nécessaires. Comme on dit, "seul on va vite, mais ensemble on va plus loin". C'est précisément l'idée de la collaboration entre l'IRD et le Vietnam. Le Vietnam compte d'excellents scientifiques et l'IRD dispose également de chercheurs de haut niveau. En rassemblant nos expertises, nous pourrons aller plus loin dans la résolution des problèmes.

La dernière question porte sur le projet de mutualisation entre l’IRD et le Musée national d’histoire naturelle au Vietnam. Pourriez-vous nous en parler un peu ?

(De gauche à droite) : la présidente - directrice générale de l'IRD, Valérie Verdier, le vice-ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, Lê Công Thành, et le président du Musée national d'histoire naturelle, Bruno David. 
Photo : IRD/CVN 

Effectivement, le Musée national d'histoire naturelle (MNHN) est un partenaire clé de l'IRD. Nous avions déjà des représentations mutualisées dans d'autres pays, notamment à Madagascar et au Chili. Lors de cette mission, j'ai eu l'opportunité de discuter avec le président du musée et de présenter les avantages de cette collaboration historique entre l'IRD et le MNHN, ainsi que les connaissances et l'expertise que nous pouvons apporter à ce partenariat. L'idée est de parler d'une seule voix, en permettant au représentant actuel de l'IRD, Edmond Dounias, de représenter également le MNHN. Cette proposition a été très bien accueillie par les deux ministres concernés et par les académies, notamment la VAST et l'USSH.

Ainsi, nous travaillerons en étroite collaboration entre le MNHN et l'IRD. Le MNHN apporte une expertise précieuse aux chercheurs grâce à sa connaissance muséale. Les musées constituent également un atout majeur pour le Vietnam. Nous sommes donc ravis que le Vietnam ait accepté cette proposition. Nous bénéficions également du soutien de l'ambassade de France, qui souhaite que nous agissions au nom de l'équipe "France".

L’IRD est présent depuis 1995 au Vietnam.

Les chercheurs de l'IRD collaborent activement avec leurs homologues vietnamiens dans divers domaines tels que les sciences sociales, les sciences exactes, la santé et les sciences de l'environnement. L'objectif de ces collaborations est de co-construire et de partager des connaissances scientifiques originales qui peuvent être appliquées au développement durable du pays.

Parallèlement, l'IRD joue un rôle important dans l'enseignement et l'encadrement des étudiants et jeunes chercheurs vietnamiens. L'institut soutient la création d'équipes de recherche innovantes en fournissant une assistance financière ou humaine à leurs programmes. De plus, il favorise l'établissement de réseaux de scientifiques pluridisciplinaires et internationaux, contribuant ainsi à renforcer la collaboration et l'échange de connaissances au niveau mondial.

Propos recueillis par Vân Anh/CVN

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