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Graphique montrant l'évolution de la dette publique en France depuis 2000, selon l'INSEE. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après son envol en 2020 du fait de la crise sanitaire, le ratio de dette publique avait amorcé un léger recul en 2021 grâce à un rebond de la croissance, atteignant 112,8% du produit intérieur brut (PIB).
Pour 2022, le gouvernement table sur un nouveau reflux, à 111,6%, tandis que le déficit public se résorberait à 5% du PIB, contre 6,5% en 2021, sur fond de ralentissement de la croissance à 2,6% l'an dernier.
Selon le journal Les Echos, le déficit public devrait finalement atteindre 4,8% du PIB, "voire moins", mieux que l'objectif officiel, tandis que la dette publique ne dépasserait pas le seuil inédit de 3.000 milliards d'euros. Le ministère de l'Economie et des Finances n'a pas confirmé ces chiffres.
Dans tous les cas, ces niveaux restent bien supérieurs à ceux qui prévalaient avant les crises sanitaires puis énergétique, quand l'endettement atteignait moins de 100% du PIB et le déficit public s'affichait à 3% du PIB en 2019.
Chômage partiel, prêts garantis aux entreprises, chèques exceptionnels, ristourne à la pompe... Avec le "quoi qu'il en coûte", l'État a en effet dépensé sans compter afin de protéger ménages et entreprises du choc de la pandémie puis des conséquences de la tension en Ukraine, dont une inflation galopante.
Record ou pas, cette envolée de l'endettement pèse sur les finances publiques en alourdissant considérablement la charge de la dette. "Le coût annuel des intérêts de l'emprunt est le deuxième poste budgétaire de l'État" derrière l'Éducation nationale, alerte Lisa Thomas-Darbois, responsable du pôle économie et action de l'État à l'Institut Montaigne.
"Plusieurs milliards d'économies"
L'addition est d'autant plus salée que les taux d'intérêt auxquels l'État emprunte sur les marchés sont fortement remontés avec l'inflation. Et pour ne rien arranger, un dixième de la dette française est indexé sur l'inflation, ce qui alourdit d'autant son coût.
La charge des emprunts publics s'est accrue de 13 milliards d'euros en un an, à plus de 51 milliards en 2022, alors que les taux des obligations françaises à 10 ans ont brutalement rebondi autour de 3% après des années de taux très bas voire négatifs. Plus qu'un chiffre absolu, c'est surtout l'évolution du ratio d'endettement par rapport au PIB qui est particulièrement scruté sur les marchés.
A ce stade, les investisseurs ne se montrent pas inquiets. La dette française est considérée comme un actif sûr et la différence ("spread") avec les taux d'intérêt de l'Allemagne, qui fait référence dans l'UE, ne s'est pas significativement élargie.
Pour rétablir les finances publiques, le gouvernement mise principalement sur une hausse du PIB plus rapide que celle des dépenses, qui feraient l'objet de "plusieurs milliards d'euros d'économies" dans le projet de finances (PLF) 2024, selon le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.
La croissance est anticipée par l'exécutif à 1% en 2023, une prévision supérieure à celle de la Banque de France, de l'OCDE ou du Fonds monétaire international (FMI). La Cour des comptes a toutefois sonné l'alarme début mars, s'inquiétant de la lenteur du gouvernement à rétablir les finances publiques.
Elle a estimé que le déficit se résorberait trop tardivement, ne passant sous la limite européenne des 3% du PIB qu'en 2027, tandis que la dette resterait peu ou prou à son niveau actuel, à 110,9%. Les magistrats financiers avaient même pointé le risque que celle-ci se creuse.
"On assume qu'il faut rétablir nos finances publiques et on assume de ne pas le faire de manière brutale", avait rétorqué le ministre chargé des Comptes publics, Gabriel Attal, ce qui donnerait "plus de chômage, plus d'impôts et plus de dette". Le gouvernement prévoit de présenter vers la mi-avril son nouveau programme de stabilité fixant la trajectoire des finances publiques pour les prochaines années.
AFP/VNA/CVN