L’industrie textile a su profiter des avantages des accords commerciaux

Le secteur textile du Vietnam pourrait réaliser cette année un chiffre d’affaires à l’exportation de 30,5 milliards de dollars, a déclaré Vu Duc Giang, président de l’Association du textile et de la confection du Vietnam (VITAS).

>>Les États-Unis deviennent le premier marché d’exportation du Vietnam

Lors des huit premiers mois de l’année, les exportations nationales de textile-habillement ont atteint 19,8 milliards de dollars, soit une hausse de 9,9% en glissement annuel. Les États-Unis sont restés le premier débouché avec environ 51% du total des exportations vietnamiennes, devant l’Union européenne (UE) et le Japon.

Le secteur textile vietnamien vise 30,5 milliards de dollars d’exportation cette année.

Le pays a réalisé 6,92 milliards de dollars d’exportations vers les États-Unis, 2,8 milliards vers l’UE et 1,65 milliard vers le Japon. Le Vietnam a dépassé ses concurrents dans la croissance de ses exportations textiles au cours des six premiers mois de l’année. «Ceci résulte en partie de la baisse des exportations de ses concurrents comme l’Indonésie, le Bangladesh et la Chine», a estimé Pham Xuân Hông, président de l’Association des entreprises de textile, de confection et de broderie de Hô Chi Minh-Ville.

Vietnam, une nouvelle destination de sourcing

Selon la Carte commerciale (Trade Map), la Chine a observé une baisse de plus de 5% en glissement annuel, le Bangladesh de 3,5% et l’Indonésie, de 5%. L’ouverture au commerce international a été un facteur clé du développement de l’industrie textile, mais le Vietnam bénéficiait déjà à l’origine de nombreux atouts : une main d’œuvre qualifiée et à bas coût, un environnement sociopolitique stable, des usines qui ont de l’expérience en matière de sous-traitance et un artisanat développé.

Il faut souligner que l’industrie textile vietnamienne fait bien plus qu’attirer les acheteurs des grandes marques occidentales, elle les détourne de la Chine…

Bien que cette dernière reste le premier producteur de textile, son rôle «d’atelier du monde» est de plus en plus contesté, ce qui bénéficie aux pays d’Asie du Sud Est, plus particulièrement au Vietnam. Autre atout : en plus de bénéficier d’une main-d’œuvre abondante et à bas coût, au même titre que ses voisins, le Vietnam cherche à se différencier en mettant en place un vrai dialogue social.

Le gouvernement a compris qu’un coût du travail faible ne suffisait pas pour attirer les acheteurs en recherche de nouvelles destinations de sourcing. Les marques occidentales étant désormais très attentives aux conditions de travail de leur fournisseur, les entreprises vietnamiennes font en sorte de créer un bon environnement du travail pour attirer les acheteurs internationaux et être plus compétitives que leurs concurrents. Jusqu’ici, les entreprises textiles du Vietnam font principalement de la «CMT» (coupe, couture et finition), c’est-à-dire pas de textiles techniques ni de tissus ou d’accessoires. Mais elles se modernisent peu à peu et intègrent des procédés permettant la confection de vêtements plus complexes et techniques.

Les faiblesses auxquelles il faut remédier

L’industrie auxiliaire peu développée, le manque de ressources humaines de qualité, les coûts de production élevés… sont aussi des faiblesses. L’industrie textile du Vietnam est en concurrence féroce avec d’autres pays, non seulement sur la qualité, les prix, les délais de livraison, mais aussi sur les conditions de protection de l’environnement demandées par les clients. Afin de renforcer leur compétitivité, les entreprises nationales seront obligées de se concentrer sur les quatre valeurs fondamentales que sont productivité, qualité, économie d’énergie et protection de l’environnement.

À présent, seules quelques-unes participent à la chaîne d’approvisionnement mondiale, avec des parts de marché modestes. Devant la tendance à l’intégration mondiale, les entreprises vietnamiennes doivent la rejoindre avec des exigences de qualité, de prix et de délai de livraison. D’autres difficultés s’expliquent par les mauvaises orientations du secteur, qui entravent un développement à long terme des entreprises locales. La pénurie de ressources humaines de haute qualité, l’accès difficile aux capitaux, les faiblesses dans le marketing, les technologies arriérées, les coûts élevés des matières premières… pèsent également sur le secteur.

Malgré un contexte économique mondial difficile ces dernières années, le Vietnam n’a cessé de s’étendre sur les plus grands marchés mondiaux et ce phénomène devrait encore s’accentuer. En effet, derrière la récente popularité du Vietnam en tant que destination de sourcing, se cache un intérêt croissant pour l’accord de libre-échange Vietnam – Union européenne (EVFTA) qui va être conclu en 2018. Cet accord bénéficiera à la fois aux pays importateurs qui pourront importer leurs produits du Vietnam sans qu’ils ne soient taxés, et au Vietnam qui verra donc ses exportations progresser notablement en volume comme en valeur.

Le Vietnam se cache un intérêt croissant pour l’accord de libre-échange Vietnam – UE qui devrait être conclu en 2018.

Pour mieux profiter des accords de libre-échange

Les experts jugent que c’est le secteur du textile-habillement qui bénéficiera le plus des accords de libre-échange. La majorité des produits textiles vietnamiens seront exemptés de droits de douane, ce qui n’est pas négligeable lorsqu’on sait qu’ils subissent aujourd’hui une taxe douanière de 12% en UE. Cela donne des raisons supplémentaires aux pays importateurs de produits textiles de se tourner vers le Vietnam pour leur sourcing. De plus, avec une main-d’œuvre moins coûteuse qu’en Chine et des tarifs douaniers avantageux, les transferts de la Chine vers le Vietnam devraient se poursuivre, et même s’accentuer.

L’accord de libre-échange entre l’UE et le Vietnam encouragera fortement les marques européennes à se mettre au «Made in Vietnam». Toutefois, cet accord ne se fera pas sans quelques sacrifices de la part du Vietnam.

En effet, il est soumis à la règle d’origine. Ainsi, les entreprises exportatrices seront dispensées de toute taxe sous réserve de justifier que les matières premières proviennent du Vietnam ou de l’un des pays signataires de l’accord. Cela deviendra problématique pour le Vietnam s’il continue d’importer la plupart de ses matières premières de Chine.

Quoi qu’il en soit, avec la signature de cet accord, le Vietnam devient le seul pays en développement à faire à la fois partie de l’ASEAN et du Système de préférences généralisées de l’UE. Les accords ne font que renforcer les nombreux avantages du sourcing vietnamien pour les marques de prêt-à-porter des pays signataires.


Thê Linh/CVN

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